L'Espagne compte se tailler une part importante dans les projets d'infrastructures que le Maroc s'apprête à lancer pour organiser la Coupe du Monde 2030. Détails. En se rendant au Maroc, le ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, éprouve le charme de visiter un pays qu'il n'a pas vu depuis une trentaine d'années. Loin d'être protocolaire, cette visite est dédiée principalement à faire bouger le business entre Rabat et Madrid, ce qui a été à l'ordre du jour lors de sa première rencontre avec le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil. Une réunion très attendue tant les dossiers en stand-by sont d'une importance cruciale. Óscar Puente est venu au Maroc avec un objectif clair : faire de la diplomatie économique au vrai sens du terme, et jouer le rôle de l'Etat marchand.
La diplomatie économique bat son plein Ceci dit, le gouvernement de Pedro Sanchez s'empresse d'entamer la prospection du marché marocain en vue de récolter des contrats juteux que le Maroc s'apprête à lancer lors des prochaines années pour construire les infrastructures nécessaires à l'organisation de la Coupe du Monde 2030. C'est pour cette raison que le Chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a laissé entendre avec enthousiasme, lors de sa récente visite à Rabat où il a été reçu par SM le Roi, que l'Espagne est disposée à participer activement au développement des infrastructures au Maroc. Les entreprises espagnoles y voient une aubaine d'autant que le Royaume compte débourser environ 45 milliards de dollars d'investissements d'ici 2050, selon Pedro Sanchez. Sur ce point, il ne fait plus aucun doute que l'Espagne est invitée à jouer un rôle majeur dans les projets programmés. Oscar Puente a évoqué ce sujet avec le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, lors d'une réunion tenue le même jour. Ils se sont mis d'accord pour élaborer "une feuille de route pour la mise en œuvre de projets d'envergure relatifs aux infrastructures et à la Coupe du Monde de football 2030" Désormais, les deux pays ont un cadre juridique propice sur lequel ils veulent capitaliser. A l'issue de leurs discussions, Mohammed Abdeljalil et son homologue espagnol ont jugé nécessaire d'accélérer la mise en œuvre du Mémorandum d'Entente (MoU) de coopération dans les domaines du transport et de la logistique, signé en février 2023 à Rabat, lors de la 12ème session de la Réunion de Haut Niveau Maroc-Espagne.
Ferroviaire : Madrid fixe le cap Maintenant, Madrid a les yeux rivés sur le domaine ferroviaire où il espère obtenir pour ses entreprises une part importante du gâteau, surtout dans les projets d'expansion du réseau du train à grande vitesse. Oscar Puente a été clair quand il a affirmé devant les caméras que "l'Espagne aspire à contribuer à ce chantier, eu égard à son expérience en la matière». "Nous sommes un pays leader en matière ferroviaire, notre train à grande vitesse est très important car nous sommes le premier pays au monde en termes de connectivité à grande vitesse par population et le deuxième en termes de kilomètres couverts après la Chine», at-il déclaré, rappelant que le Maroc est le premier pays africain à lancer le TVG dont il compte étendre le réseau jusqu'à Agadir. L'Espagne, déterminée à jouer le rôle d'Etat marchand jusqu'au bout, convoite les marchés des rames de trains à grande vitesse dont le Maroc veut commander 120 unités dans les années à venir pour renforcer son parc et pouvoir accompagner l'expansion de la LGV jusqu'à Agadir. La société Talgo, rappelons-le, a d'ores et déjà manifesté son intérêt pour participer à l'appel d'offres. En plus de cela, selon des sources espagnoles, l'ONCF compte lancer un appel d'offres d'une valeur de 839 millions d'euros pour acquérir des trains suburbains et régionaux, capables d'atteindre 200 km par heure. Ces trains devraient en principe remplacer plus de 50 trains obsolètes. En gros, les contrats d'achat des TGV et des nouveaux trains régionaux peuvent atteindre, selon les estimations, 12,7 milliards de dhs. Pour sa part, le Maroc reste ouvert à un partenariat mutuellement bénéfique, c'est ce qu'a fait comprendre le ministre Mohammed Abdeljalil, à l'issue de son tête-àtête avec son homologue espagnol. Il a fait savoir que le champ reste ouvert aux sociétés désireuses de concourir aux appels d'offres, rappelant que l'Espagne compte des groupes de grande envergure dans ce secteur. Toutefois, le ministre a souligné qu'il n'y a pas encore de projet concret sur la table.
Ligne Tarfaya-Fuerteventura : Bientôt le redémarrage, selon Abdeljalil Cette réunion a été également l'occasion d'évoquer plusieurs sujets en stand-by tels que les liaisons maritimes, notamment la ligne directe reliant Tarfaya et Fuerteventura. Cette ligne, rappelons-le, est censée redémarrer bientôt comme convenu lors de la dernière visite de l'ex-président des Îles Canaries, Angel Victor Torres, au Maroc. Interrogé sur ce point, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil, a précisé, dans une déclaration à "L'Opinion", que la reprise de cette ligne maritime est toujours à l'ordre du jour. «C'est un investisseur espagnol qui est aujourd'hui à l'initiative sur ce projet», a précisé le ministre, ajoutant que les autorités marocaines et espagnoles compétentes sont en cours d'accompagnement de ce projet afin que la ligne redevienne opérationnelle le plus tôt possible. Jusqu'à présent, la date exacte n'est pas encore fixée et devrait être décidée d'un commun accord entre les deux parties. Ce qui est certain pour l'instant, c'est que la ligne maritime est censée redémarrer en 2024. Ce dossier a été au cœur des discussions lors de cette réunion. Les deux ministres se sont félicités des mesures prises pour assurer une réouverture fluide de la ligne maritime qui devrait contribuer à promouvoir les échanges commerciaux et les flux touristiques entre l'archipel et les provinces du Sud du Maroc. Les discussions de coordination se poursuivent entre les autorités des deux pays. Ceci a fait l'objet d'une récente réunion, tenue au mois de janvier, entre le Secrétaire général du ministère de l'Equipement, Khalid Cherkaoui, et l'actuel président des Îles Canaries, Fernando Clavijo. À noter que cette ligne, qui s'étend sur 95 kilomètres, est fermée depuis 2008. Le gouvernement régional des Îles Canaries revendique son redémarrage depuis des années étant son importance stratégique et logistique pour le dynamisme commercial de l'Archipel et la promotion du tourisme. La reprise est redevenue envisageable après la réconciliation entre le Maroc et l'Espagne en 2022 et la mise en place de la feuille de route relative à la reprise de la coopération à tous les niveaux. Par ailleurs, l'ensemble des projets de coopération susmentionnés devraient faire l'objet d'un suivi et d'une coordination plus étroite entre les autorités des deux pays dans les mois à venir avant de prendre des décisions définitives. Pour rappel, Óscar Puente a invité son homologue marocain à effectuer une visite en Espagne afin de poursuivre le dialogue et la coordination.