Comme tout le reste de la production agricole nationale, les oasis sont frappées de plein fouet par la sécheresse. A l'approche du mois de Ramadan, la question de la disponibilité et du prix des dattes se pose. À l'approche du mois sacré de Ramadan, les consommateurs marocains se ruent pour acheter des dattes, car ce fruit est essentiel sur toutes les tables lors de la rupture du jeûne. Par conséquent, il devient l'un des produits les plus recherchés pendant cette période de l'année.
En effet, les Marocains se classent parmi les plus gros consommateurs de dattes au monde, avec une consommation annuelle d'environ 7 kilogrammes de dattes par habitant, contre 1 kilogramme en moyenne mondiale. Cependant, comme c'est le cas pour le reste du secteur agricole national, la production de dattes est fortement affectée par la sécheresse, ce qui soulève des questions concernant la disponibilité et surtout le prix des dattes.
Le palmier dattier est une des cultures les plus hydrovores, puisqu'en moyenne, il faut 2.000 litres d'eau pour produire un kilogramme de dattes, contre 400 litres d'eau pour un kilogramme d'avocats. Si cette culture peut résister à la sécheresse et au manque de précipitations, elle nécessite cependant une irrigation constante. Dans certaines oasis, le recul du niveau des nappes phréatiques a fortement impacté la production de dattes.
Le PMV à la rescousse
La production nationale de dattes a accusé un recul de 30% en 2022, soit environ 45.000 tonnes de baisse par rapport à l'année précédente. Mais grâce au Plan Maroc Vert (PVM) et à l'entrée en production des nouvelles plantations, notamment dans la région de l'Oriental, ce secteur connaît une légère reprise.
Selon les chiffres du ministère de l'Agriculture, la production prévisionnelle des dattes pour la campagne agricole 2023/24 est estimée à 115.000 tonnes, en hausse de 6,5% par rapport à la production de la campagne agricole 2022/23 (108.000 tonnes). Cette production est issue d'une superficie productive de 50.900 Hectares.
Malgré les conditions climatiques difficiles qui ont prévalu au cours des principales étapes de croissance des palmiers dattiers, l'augmentation de la production est attribuée au démarrage de la production dans de nouveaux champs, notamment dans la région de l'Est.
Au niveau régional, la région de Drâa-Tafilalet demeure la principale productrice de palmiers dattiers, contribuant à plus de 79% de la production nationale de dattes, soit 91.000 tonnes. Les autres régions, Souss-Massa, l'Oriental, et Laâyoune-Sakia El Hamra, contribuent ensemble à hauteur de 21% de la production, soit 24.000 tonnes.
Les performances enregistrées reflètent l'entrée de la chaîne des palmiers dattiers dans une nouvelle dynamique grâce à la signature d'un nouveau programme visant à renforcer sa position au sein du secteur agricole, en particulier dans les zones oasiennes où l'activité agricole est prépondérante.
En effet, dans le cadre de la mise en œuvre de l'axe stratégique du Green Generation, un nouveau programme a été signé le 4 mai 2023, définissant les engagements de la Fédération Marocaine des Dattes "Maroc Dattes" et de l'Etat en vue de mettre en œuvre un programme de développement de la chaîne des palmiers dattiers et de gouvernance de son organisation professionnelle d'ici 2030.
Compenser par l'import
Les objectifs à réaliser d'ici 2030 incluent principalement la plantation de 5 millions de plants dont 3 millions au niveau de la palmeraie traditionnelle, l'extension de la superficie en dehors de la palmeraie traditionnelle de 14.000 hectares pour atteindre 21.000 hectares à travers la plantation de 2 millions de vitro plants, ainsi que l'amélioration de la production pour atteindre 300.000 tonnes.
En attendant la réalisation de ces objectifs, le Maroc compte sur l'importation pour satisfaire sa demande intérieure et stabiliser les prix à des niveaux accessibles. "Je ne pense pas que les prix des dattes connaissent une augmentation pour la bonne raison que les importations compensent les diminutions de productions locales", prédit Kamal Bennouna, directeur de la Confédération de l'Agriculture et du Développement Rural (COMADER). En 2022, le Maroc était le troisième plus grand importateur de dattes au monde après l'Inde et l'Egypte.
3 questions à Kamal Bennouna : "Il faut développer de nouvelles variétés de palmiers dattiers résistantes à la sécheresse" * Comment la filière des dattes au Maroc s'adapte-t-elle pour faire face à la sécheresse persistante ?
Il est crucial, d'une part, de sensibiliser les agriculteurs aux défis posés par la sécheresse et de les former aux pratiques agricoles adaptées. Cela peut inclure la diffusion de techniques de gestion de l'eau, de l'importance de la conservation des sols et d'autres bonnes pratiques agricoles, et, d'autre part, d'investir dans la recherche pour développer de nouvelles variétés de palmiers dattiers résistantes à la sécheresse, ainsi que dans des technologies agricoles innovantes. Cela s'avère essentiel pour assurer la durabilité de la filière des dattes face à des conditions climatiques changeantes.
* Face à l'augmentation de la demande pendant le Ramadan, quelles sont les mesures spécifiques prises pour répondre à cette demande croissante tout en gérant efficacement les ressources en eau ?
D'abord, il faut signaler que le Maroc n'est pas encore autosuffisant en cette denrée. Le Maroc a recours à l'importation de dattes et particulièrement à l'approche du mois de Ramadan. Les importateurs connaissent bien le niveau de consommation des dattes durant le mois de Ramadan et prennent les dispositions nécessaires pour que le marché soit bien approvisionné.
* Est-ce qu'une augmentation des prix de ce fruit est à prévoir à l'approche du mois de Ramadan ?
Je ne pense pas que les prix des dattes connaissent une augmentation pour la bonne raison que les importations compensent les diminutions de productions locales. Une autre raison est que le Maroc a des protocoles d'accords de libre-échange, donc pas de frais de douane, avec les pays de provenance des dattes (Egypte, Tunisie), dans le cadre des accords d'Agadir. Cela fait que le marché local est ouvert à une production étrangère conséquente et compétitive qui pousse les prix vers le bas.
Importations de dattes : La Tunisie championne Dans cette ère d'inflation, la demande pour les dattes importées augmente, séduisant les consommateurs avec des prix généralement plus abordables. Les marchés nationaux sont largement approvisionnés en dattes importées, une réponse efficace à une part significative de la demande. Provenant d'Algérie, d'Egypte et du Moyen-Orient mais surtout de Tunisie. Ce pays du Maghreb se positionne depuis plusieurs années comme principal fournisseur du Maroc en dattes, et le Royaume son premier client. Les importations des dattes tunisiennes ont atteint 130.300 tonnes en 2022, en hausse de 8,8% en volume.
Deglet Ennour demeure la principale variété importée. Elle a représenté 83% du volume importé, soit 108.100 tonnes, pour une valeur de 715,5 millions de dinars, l'équivalent de 94,2% de la valeur totale des exportations.
"Le Maroc a recours à l'importation de dattes et particulièrement à l'approche du mois de Ramadan. Les importateurs connaissent bien le niveau de consommation des dattes durant le mois de Ramadan et prennent les dispositions nécessaires pour que le marché soit bien approvisionné", estime Kamal Bennouna. Economie de l'eau : Une nouvelle approche Les oasis marocaines, baignées dans un climat aride aux précipitations rares et capricieuses, font face à un défi de taille. Dans ce contexte, la maîtrise de l'eau par le biais de l'irrigation émerge comme la clé pour renforcer la résilience de ces écosystèmes fragiles. La stratégie Génération Green se positionne au cœur de cette solution, ambitionnant de doubler l'efficacité hydrique et d'atténuer l'impact des pénuries d'eau.
Les piliers de cette stratégie incluent la sauvegarde des précieuses ressources en eau souterraine, le développement florissant de la filière phœnicicole dans les zones oasiennes, la valorisation des terres collectives, la préservation des périmètres de PMH (Périmètres Marrakech-Haouz), et la sauvegarde du patrimoine historique des Khettaras.
Les investissements prévus illustrent l'ampleur de cette entreprise. La valorisation des eaux mobilisées du barrage Kaddoussa se profile comme un levier essentiel pour développer et pérenniser l'irrigation sur 10.000 hectares. La réhabilitation de 245 Khettaras, s'étalant sur un linéaire total de 405 km, reflète l'engagement envers la préservation des techniques traditionnelles.
"D'autre part, investir dans la recherche pour développer de nouvelles variétés de palmiers dattiers résistantes à la sécheresse, ainsi que dans des technologies agricoles innovantes, peut être essentiel pour assurer la durabilité de la filière des dattes face à des conditions climatiques changeantes", explique Kamal Bennouna.
La création de seuils pour la recharge des nappes aquifères, le renforcement de la mobilisation des eaux de surface, et la continuité des efforts de reconversion des systèmes d'irrigation traditionnels vers l'irrigation localisée complètent ce tableau.