Questions à Saoud Bachir, président de l'Association du salon des dattes ALM : Le Maroc est confronté à un défi majeur, à savoir le stress hydrique. Quelle est votre stratégie pour y faire face au niveau de l'espace oasien ? Saoud Bachir : Le stress hydrique, l'espace oasien le vit de plein fouet, l'eau étant essentielle et la raison d'être même des oasis. Ce qui permet au palmier dans des conditions de chaleur extrême de pousser et de créer l'écosystème qui permet à l'homme de générer et de mettre en place toute cette culture. Dans tous les programmes d'intervention de l'Etat et du ministère de l'agriculture notamment intensifiés et mieux structurés dans le cadre du Plan Maroc Vert, l'eau est un dossier fondamental que ce soit au niveau de la sécurisation de la ressource, au niveau des forages et de la mobilisation de son amenée. Vous connaissez les systèmes traditionnels des «khettara», parfois c'est le détonnage, parfois c'est la couverture, parfois encore c'est l'entretien, soit au niveau de sa connexion avec les oasis, le fameux seuil d'irrigation, les barrages quand il y a des crues, on construit ses seuils d'irrigation, c'est-à-dire une digue avec une prise collatérale qui va vers l'oasis à côté. Ce système a été multiplié à travers tous les cours d'eau. Il y a tout un travail de gestion de la ressource en eau. Quelles sont les futures actions pour promouvoir la filière dattière ? Il y a une programmation qui a été inscrite dans le cadre du contrat programme concernant la filière dattière entre l'Etat et la profession comme le programme national de plantation de 1,8 million de palmiers. C'est un programme qui doit continuer à viser et renouveler les palmiers traditionnels. Parce qu'il y a des palmiers mâles ne produisant pas mais pompent de l'eau alors qu'on a besoin uniquement de 3% de palmiers mâles dans une plantation de palmiers. Donc il faut faire un système raisonné d'arrachage et de remplacement par des pieds femelles capables de produire. Ce programme est échelonné sur plusieurs années. Il y a également un travail de recherche fait pour améliorer la génétique variétale, démultiplier les variétés résistantes à la salinité. A côté de cela le Plan Maroc Vert s'occupe des acteurs, avec des programmes d'encadrement et de formations et surtout des programmes d'organisation professionnelle. Le secteur est mieux structuré. Avant il n'y avait pas une fédération interprofessionnelle du palmier dattier et surtout peu de coopératives et de groupements d'intérêt économique. Il y a actuellement 23 GIE qui couvrent l'espace de Figuig jusqu'à Tata. Qu'en est-il des unités frigofiques ? L'autre aspect du Plan Maroc Vert c'est la construction des unités frigorifiques pour structurer, sécuriser et pérenniser la valorisation de la datte. On doit être à une quarantaine qui sont lancées dans la première tranche dont la moitié est d'une capacité de 8.800 tonnes opérationnelles. Le but c'est d'arriver à la fin du PMV à une capacité de 30.000 tonnes de capacité frigorifique. C'est cette absence de capacité frigorifique qui explique un peu le décalage entre la production et la consommation pendant le Ramadan où on est obligé d'importer. Au niveau national, on a normalisé dix variétés nationales qui ont une qualité commerciale. Propos recueillis par Leila Ouchagour