Fait sans précédent, pour la première fois un chef d'Etat algérien présente, par téléphone, ses vœux du nouvel an à son homologue français. Abdelmadjid Tebboune savait que cela ne fait pas partie des mœurs diplomatiques algériennes ni françaises. C'est pourquoi il l'a enrobé dans un geste similaire à l'égard du président tunisien Kaes Saïd. En appelant Emanuel Macron pour lui présenter ses vœux pour le nouvel an 2024, le président algérien avait une idée derrière la tête. Relancer le projet de sa visite en France, comme l'a souligné le communiqué de la présidence de la République algérienne. Une visite que l'Elysée semble avoir classée une fois pour toutes après les cycliques crises provoquées par Alger et surtout l'annulation en dernière minute de la visite programmée pour le 2 mai dernier. Tebboune a bien besoin de rencontrer Macron à quelques mois de l'échéance de son mandat au palais d'El-Mouradia. Alors que l'Algérie vit très mal son isolement sur la scène diplomatique, ces derniers temps, il est vital pour le régime du duo Tebboune-Chengriha d'ouvrir une fenêtre sur Paris pour se repositionner sur l'échiquier international. Tebboune cherche à montrer aux décideurs de l'ombre, faiseurs de rois en Algérie, qu'il jouit de la sympathie du locataire du palais de l'Elysée et qu'il est le seul capable de relancer les relations algéro-françaises marquées par une fraîcheur qui n'arrange guère les affaires d'Alger. Tebboune entend bien s'imposer comme l'interlocuteur algérien le mieux écouté à Paris. C'est, du moins, ce qu'il croit. En ce temps de disettes, les dirigeants algériens ont bien besoin d'une bouée de sauvetage au moment où tout est bloqué avec la France. Même les ponts entre services secrets des deux pays sont coupés. « A force de tirer sur la corde, les Algériens l'ont cassée », laisse entendre un ancien pensionnaire de la piscine (le siège de la Direction de la Sécurité extérieure française). Et un observateur averti des relations algéro-françaises d'ajouter « Macron a, vaillamment, résisté face aux opposants à sa politique algérienne, mais n'ayant rien obtenu d'Alger, il a fini par laisser tomber ». Paris s'est carrément tourné vers Rabat et a clairement exprimé sa position favorable aux thèses marocaines sur « le dossier du Sahara Occidental » en confirmant adhésion totale au plan d'autonomie proposé par le royaume alaouite. Au grand dam d'Alger. Même la nomination au mois de juillet dernier de Stéphane Romatet, comme ambassadeur de France en Algérie, n'a pas réussi à réchauffer les relations entre les deux pays. Tebboune l'a reçu à deux reprises au siège de la présidence depuis son installation à Alger. Mais, il n'a rien vu venir pour relancer le projet de sa visite à Paris. Cette fois, les Français semblent décider à n'offrir aucun cadeau aux Algériens. Ils sont en possession de force et ils tiennent à en profiter.