Le territoire national a été chamboulé par de fortes rafales qui risquent de durer jusqu'à aujourd'hui mardi. Un phénomène dû à une dépression atmosphérique majeure, dont certains experts attribuent la cause à la tempête dite Bernard. Explications. Dimanche, dès le début de la matinée, le ciel est d'une grisaille étrange et inhabituelle dans plusieurs régions du Royaume. Une grisaille suivie du soufflement brusque du vent qui s'est déclenché avec une brutalité inédite. Partout, de fortes rafales ont chamboulé le paysage. Les plus fortes tempêtes ont été enregistrées dans les plaines atlantiques au Nord et au centre du pays, selon les explications de la Direction Nationale de la Météorologie. Le vent a frappé dur à Casablanca où une rafale d'une vitesse de 100 km/h a été repérée à Nouaceur vers 11h. Il en est de même à Rabat et Tanger où les rafales ont culminé respectivement à 89 Km/h et 77 km/h.
Des dégâts collatéraux
Dans plusieurs villes du pays, les habitants ont senti l'ampleur de la tempête jusqu'à l'intérieur de leurs maisons. Nombreux sont ceux qui ont craint que les portes de leurs fenêtres s'arrachent tellement ils les voyaient trembler, au moment où le ciel s'assombrissait dans un paysage qui ressemble à une tempête de sable. Des scènes surréalistes ont circulé sur les réseaux sociaux, des vidéos montrant le vent qui s'abattait sur les marchés hebdomadaires à tel point qu'il a failli emporter les passants et les tentes.
Des vols déroutés et des atterrissages d'urgence
Dans un ciel si ombrageux et si poussiéreux, le trafic aérien a été fortement perturbé au point qu'il y a eu plusieurs vols déroutés. Contactée par nos soins, une source de l'Office national des Aéroports a souligné que les fortes rafales ont détraqué le trafic au niveau des aéroports Mohammed V de Casablanca, Tanger-Ibn Battouta et Marrakech-Ménara. "9 vols ont été déroutés de l'aéroport de Casablanca vers Marrakech et Fès et 15 vols ont été bloqués au départ de cet aéroport", affirme la même source, ajoutant que "la situation s'est calmée à partir de 15h et que les opérations aéroportuaires de cet aéroport ont pu reprendre dès lors".
Sur terre, la situation a été aussi délicate que dans le ciel. Sur les autoroutes, à cause des vents poussiéreux, la circulation routière est devenue quasi impossible. Les automobilistes imprudents qui n'ont pas eu le réflexe de s'arrêter sur le champ ont vu leurs voitures endommagées. Entre-temps, il y a eu également des décrochements de panneaux de signalisation et de poteaux d'éclairage, et des coupures de câbles électriques.
Sur les réseaux sociaux foisonnent des vidéos montrant des scènes d'accidents, dont trois à forts dégâts. Dans un communiqué publié dimanche, Autoroutes du Maroc (ADM) a fait état de trois accidents enregistrés sur l'axe autoroutier Benguerir - Chichaoua, notant que les équipes d'ADM et celles de la Gendarmerie Royale et de la Protection Civile sont intervenues pour assister les usagers et sécuriser le périmètre.
Pour fluidifier la circulation et pallier aux risques d'accidents, ADM, en coordination avec l'autorité locale et la Gendarmerie Royale, a opéré deux déviations : l'une vers le péage de Targa pour les usagers en provenance du sens d'Agadir, et l'autre vers celui de Benguerir pour les usagers en provenance du sens de Casablanca, ainsi que la fermeture des entrées de l'autoroute du côté de la Palmeraie et de Targa. "L'ensemble de ces déviations ont été levées sur l'axe Benguerir - Chichaoua, les perturbations matérielles évacuées et la circulation a été rétablie à 17h", relève la même source.
Une dépression atmosphérique
Ces rafales orageuses qui ont frappé les esprits par leur puissance seraient dues à la tempête dite Bernard, dont tout le monde parle actuellement et qui n'épargne pas d'autres pays voisins tels que la France, l'Espagne et le Portugal. Scientifiquement parlant, les intempéries qui ont sévi dans le Royaume sont dues à l'approche d'une dépression atmosphérique profonde, descendue jusqu'à 995 millibars, accompagnée d'une masse d'air froid en altitude, et d'un flux d'Ouest bien établi. C'est ce que nous explique Houssein Bouabed, responsable de la communication à la Direction de la Météorologie. "Cette situation a été accentuée car les sols sont secs en raison de l'absence de précipitations au cours des derniers mois", poursuit notre interlocuteur qui estime que le temps devrait se stabiliser ce mardi. De leu rcôté, les autorités compétentes, notamment le ministère de l'Equipement et de l'Eau, conseillent aux citoyens de faire preuve du maximum de vigilance quitte à reporter leurs déplacements.
Trois questions à Houssein Bouabed " Ce n'est pas la première fois que des vents forts se produisent dans les villes côtières" Comment peut-on expliquer cette dépression atmosphérique ?
Le creusement de cette dépression a intensifié le mouvement des masses d'air en direction de notre région, provoquant ainsi des vents d'Ouest très forts qui ont touché les plaines atlantiques Nord et centre du pays.
À titre d'exemple, des rafales de vent de Sud-Ouest à 105km/h ont été enregistrées à El Jadida à 10h03 min et de 100 km/h à Nouaceur à 11h, tandis qu'à Essaouira, des rafales de 77 km/h ont été observées à 5h00 du matin. À Rabat, des vents soufflant à 77 km/h ont été enregistrés à 11h et à Tanger le vent max a atteint 89 km/h à 15h19 et 92.5 km/h à Tétouan à 16h37.
S'agit-il d'une tempête inédite ou en avions-nous connu de semblables dans le passé ?
Ce n'est pas la première fois que des vents forts se produisent dans les villes côtières qui sont parfois exposées à des vents forts, en particulier pendant les saisons hivernales en raison de divers facteurs météorologiques, tels que les dépressions atmosphériques creuses, comme ce fut le cas dimanche. D'ailleurs, le 1er mars 2018, des vents forts ont provoqué de lourds dégâts à Casablanca, Rabat et plusieurs villes, et on rappelle que le record des vents enregistrés à Casablanca est de 154 km/h le 28 février 1965.
Quelles sont les prévisions pour les jours à venir ?
Cette perturbation atmosphérique a donné lieu, dès lundi, à des précipitations et des orages localisés dans le Nord-Ouest du pays, le Rif, le Souss et près des côtes Nord et centre. Ces pluies s'étendent également aux régions des Haut et Moyen Atlas, ainsi qu'au Nord des provinces du Sud.
Quelques rafales sont encore prévues dans le Sud de l'Oriental avec chasse-poussières. Mardi, le temps se stabilisera avec un temps assez froid sur les reliefs, l'Oriental et les versants Sud-Est malgré quelques passages nuageux avec gouttes ou faibles pluies résiduelles sur la région de Tanger et le Rif.