Explosion de violences en Syrie où tout le monde se bat contre tout le monde. Les forces gouvernementales contre les djihadistes à Idlib, les milices pro-turques s'affrontent dans le nord aux Forces Démocratiques Syriennes à l'est de l'Euphrate. D'Alep à Idlib en passant par Raqqa et Deir ez-Zor, les violences se sont multipliées aux quatre coins de la Syrie entre factions djihadistes, forces gouvernementales, milices pro-turques et Kurdes soutenus par Washington. Malgré la relative accalmie sur le territoire syrien, certaines zones demeurent encore le théâtre d'affrontements entre groupes rivaux. Dans le nord-ouest du pays, dans la province d'Idlib, les djihadistes du front Hayat Tahrir el-Sham et les militants d'Ansar Al-Tawhid ont attaqué plusieurs positions dans la partie occidentale d'Alep, mais également vers Lattaquié. A l'aide de l'aviation russe, les forces de Damas tentent de reprendre les positions. Le quotidien libanais Al-Mayadeen fait état de la poursuite des combats, qui ont fait plusieurs morts des deux côtés. Toujours dans le nord du pays, dans la province d'Hassaké, des factions pro-Ankara se sont opposées aux forces kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington. L'Armée nationale syrienne, nom des milices pro-turques, a franchi une zone tampon dans la ville de Tal Tamr, provoquant de violents affrontements ce même dimanche.
Une vingtaine de morts de part et d'autre
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état d'au moins 23 morts dimanche dans des combats entre l'armée syrienne et des factions pro-turques dans le nord-est de la Syrie. Les combats ont éclaté après que des combattants pro-Ankara ont tenté de s'infiltrer dans la région. Les affrontements ont fait "dix-huit morts parmi les factions (pro-turques) et cinq parmi les forces du régime" dans la province de Hasakeh, a précisé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH basée au Royaume-Uni. Ils ont eu lieu dans la région de Tal Tamr, dans le nord-ouest de la province de Hasakeh, tenue par les Kurdes, selon l'OSDH. Dans l'est du pays, zone non contrôlée par le gouvernement de Damas, des violences ont lieu depuis une semaine entre les Forces démocratiques syriennes et les tribus locales arabes. Tout a commencé à Deir ez-Zor le 27 août dernier lorsque les factions kurdes ont arrêté Ahmad al-Khabil, également connu sous le nom d'Abu Khawla, le chef du Conseil militaire de la ville. Les forces kurdes l'accusent d'être à la solde du gouvernement syrien dans le but de reprendre le territoire contesté. Ses partisans ont lancé des attaques contre les FDS qui ont dégénéré en affrontements dans plusieurs villages et villes à l'est de l'Euphrate.
Face aux violences, les factions soutenues par la Maison Blanche ont annoncé un cessez-le-feu de 48 heures le 2 septembre. Les combats ont également fait plusieurs morts des deux côtés. Ces événements dans l'est de la Syrie ont fait réagir Washington. «Nous nous réservons le droit de nous défendre et prendrons les mesures appropriées pour sauvegarder et garantir la protection de nos forces», a martelé Patrick Ryder, porte-parole du Pentagone. Les Etats-Unis continuent de maintenir illégalement 900 soldats sur le territoire syrien. L'ambassade américaine à Damas a annoncé le 3 septembre qu'Ethan Goldrich et le major-général Joel Vowell, respectivement sous-secrétaire d'Etat adjoint aux affaires du Proche-Orient et commandant de la coalition internationale luttant contre Daech, avaient fait le déplacement à Deir ez-Zor. Les deux responsables américains y ont rencontré des chefs des FDS et des tribus locales syriennes afin de plaider, notamment, en faveur d'une «désescalade de la violence dès que possible».
Assad supprime les «tribunaux militaires de campagne» Le président syrien, Bachar el-Assad, a annoncé dimanche 3 septembre la suppression des « tribunaux militaires de campagne », où des milliers de personnes auraient été condamnées à mort et exécutées en dehors des procédures régulières. Une mesure prise pour apaiser la colère croissante au sein de la population. Un rapport d'Amnesty International souligne que les procès devant les tribunaux de campagne en Syrie ne duraient que quelques minutes, et les condamnés à mort étaient exécutés dès l'annonce des sentences qui ne pouvaient faire l'objet d'aucun appel. La compétence de ces tribunaux, où les avocats ne jouent presque aucun rôle, avait été étendue aux civils en réponse aux troubles des années 1980. Bachar el-Assad a décidé que « toutes les affaires qui étaient soumises aux tribunaux militaires de campagne devaient désormais être renvoyées devant la justice militaire » ordinaire. Cette mesure prise par le président syrien vise à apaiser une rue bouillonnante. Elle intervient alors que le mouvement de contestation politique et social dans la province méridionale de Soueida entre dans sa troisième semaine. Les autorités ont pris une autre mesure pour calmer une population à bout, en raison des difficultés de la vie quotidienne et de l'insécurité grandissante : les checkpoints de l'armée et des services de sécurité érigés entre les départements, où les automobilistes étaient souvent rackettés par les militaires, ont été levés. Il n'est cependant pas sûr que ces allègements suffiront pour satisfaire les Syriens, alors que 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté et ne parvient plus à joindre les deux bouts.