Construction des barrages, interconnexion des bassins, dessalement de l'eau de mer..., les premiers résultats de la Politique de l'eau menée par la tutelle en vue d'approvisionner adéquatement les besoins en eau potable s'annoncent prometteurs. Détails. La Politique de l'eau menée par le Maroc va bon train malgré les aléas climatiques, et ses fruits seront bientôt récoltés suite à l'achèvement de plusieurs projets en cours. C'est ce que révèlent les dernières données relatives aux projets de l'eau, annoncées par le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, devant les Conseillers.
Tout en reconnaissant la baisse structurelle des ressources en eau qui ont atteint 14 milliards de mètres cubes, ces dernières années, le ministre a relevé que «les réserves des barrages du Royaume, jusqu'au 25 juillet, s'élèvent à 4 milliards et 78 millions de mètres cubes, soit environ 30% du taux de remplissage, contre 29% lors de la même période l'année dernière ».
Partant de ces chiffres, force est de constater qu'« il y a eu effectivement une amélioration, mais ce taux reste très maigre par rapport aux besoins de notre pays », souligne Baraka qui reste optimisme quant à la satisfaction des besoins de la population rurale et urbaine en eau, suite à l'achèvement de plusieurs projets d'envergure.
Accélération des travaux
La tutelle mise sur les barrages pour faire face au stress hydrique. Raison pour laquelle elle a lancé un méga programme pour construire de nouveaux barrages dans l'optique de porter la capacité de stockage en eau à 25 milliards de m3 à l'horizon de 2030. Nizar Baraka a rassuré, mardi 25 juillet à la Chambre des Conseillers, que son Département « travaille, en étroite collaboration avec les autorités locales et régionales, pour faire le stockage d'un maximum d'eau chaque fois que possible afin de s'adapter à l'accélération des changements climatiques ».
A cet égard, a-t-il affirmé : « Nous travaillons pour accélérer l'achèvement des grands barrages programmés pour un coût global de 29 milliards de dirhams », ajoutant que 18 barrages sont en cours d'achèvement dans plusieurs régions du Royaume. Il a de même indiqué qu'un travail de longue haleine a été fait avec les sociétés concernées par les travaux, pour réduire le délai de réalisation des barrages à 6 mois ou à 14 mois pour assurer l'approvisionnement de la population en eau potable et d'irrigation.
Par ailleurs, précise le ministre, «la construction de 8 grands barrages est programmée sur la période 2023-2027, et ce, dans le cadre du Programme de l'eau 2020-2027 ». Il s'agit notamment du barrage de Bouaidel (Bassin du Tensift) et celui de Boukhmis (Bassin du Bouregreg).
Interconnexion entre le Sebou et le Bouregreg
Lancés en décembre dernier pour une enveloppe budgétaire de 6 milliards de dirhams, les travaux d'interconnexion entre le Sebou et le Bouregreg sont achevés à 99% jusqu'au 25 juillet. C'est ce qu'a annoncé le ministre Baraka devant les Conseillers, relevant que les travaux seront achevés avant la fin de l'été de 2023.
Ce premier tronçon de l'autoroute de l'eau, devant relier le barrage de garde du Sebou au barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah, est en passe de «jouer un rôle majeur dans la résolution des problèmes d'approvisionnement en eau à Casablanca et à Rabat».
Le projet est conçu, notons-le, pour répondre aux besoins en eau potable de 12 millions de citoyens, pour un volume estimé à 400 millions de mètres cubes par an. Ainsi, la tutelle ne compte pas s'arrêter là, car une liaison entre le Nord et le Sud de Casablanca est prévue cette fois-ci pour acheminer 4 mètres cubes par seconde d'eau dès le mois de novembre prochain.
Acheminer 15 mètres cubes par seconde, fruit d'un investissement estimé à 6 milliards de dirhams, financé dans sa quasi-totalité par l'Etat et les régions, cette première autoroute de l'eau a pour maître d'ouvrage le ministère de l'Equipement et de l'Eau, qui accompagne le projet dans ses diverses étapes. Il est à noter que ce monumental ouvrage prend son départ à l'Oued Sebou, au Nord-Est de la localité rurale de Sidi Yahia El Gharb, à 80 km au Nord de Rabat.
Commentant le bilan de Baraka, le Conseiller istiqlalien Lahcen Haddad s'est réjoui des premiers résultats « positifs » de la Politique de l'Eau menée par le Royaume au cours de ces dernières années. « Nous avons, enfin, une approche qui prend en compte le caractère urgent et stratégique de la chose en même temps », a-t-il dit, soulignant la nécessité de consolider l'investissement dans le dessalement de l'eau de mer, la construction de barrages, les autoroutes de l'eau, la réutilisation des eaux souterrains mais aussi dans la sensibilisation des citoyens quant à la préservation de l'eau.
« Les barrages sont en mesure de produire de l'énergie hydroélectrique, les stations de dessalement fonctionnent à l'aide l'énergie solaire. Grâce à cette démarche, la population aura droit à de l'eau et à de l'électricité 100% verte », souligne le Conseiller, ajoutant que ceci va permettre de hisser le Royaume parmi les pays producteurs de l'hydrogène vert comme solution majeure vers la transition énergétique.
Envasement des barrages
L'envasement des barrages constitue une menace sérieuse pour les ressources hydriques du moment où il impacte directement la capacité de stockage des ouvrages. Selon les chiffres du ministère de l'Equipement et de l'Eau, 30% du stock d'eau retenue dans les 148 barrages du Royaume est inexploitable à cause de l'envasement. Le manque à gagner est estimé à plus de 1,6 milliard de m3.
Ce phénomène, rappelons-le, est le résultat du dépôt de la boue issue de l'érosion des sols dans les bassins versants. Pour prendre des décisions éclairées en vue de lutter contre l'envasement si coûteux, la tutelle s'est engagée à lancer des études. Lesquelles sont déjà achevées. Selon Baraka, elles ont permis de déterminer le taux d'évasement réel des barrages.
Le ministre a indiqué, dans ce sens, que des conventions ont été signées avec l'Agence Nationale des Eaux et des Forêts (ANEF) en vue de réaliser des opérations de forestation dans le but de lutter contre la prolifération de l'envasement.
Dessalement vs environnement
En réaction aux critiques selon lesquelles le dessalement de l'eau de mer impacte négativement l'environnement, le ministre a relevé qu'au contraire, « cette opération permettra d'assurer l'approvisionnement de la population en eau potable en vue de garantir la sécurité hydrique ». Ainsi, rassure Nizar Baraka, des études environnementales ont été effectuées avant le lancement des travaux de construction des stations de dessalement de l'eau mer. L'idée est de prévenir toutes les conséquences négatives sur l'environnement.
Rareté de l'eau à Taounate et Oujda : le ministère rassure
La crise de l'eau qui sévit dans les régions de Taounate et Oujda suscite l'inquiétude chez des citoyens qui ont fait entendre leur voix à travers une « marche de la soif », réclamant ainsi la fin des interruptions prolongées de l'approvisionnement en eau pendant la période estivale. Une situation qui ne passe pas inaperçue pour le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, qui se veut rassurant. Il a affirmé ainsi que l'Office National de l'Electricité et de l'Eau Potable (ONEE) travaille d'arrache-pied pour résoudre ces problèmes en procédant à des sondes exploratoires dans les deux villes, en plus d'une station d'épuration exploitée dans ce cadre. Cette situation découle non seulement de la diminution des précipitations, mais aussi de l'exploitation excessive des ressources en eau et de la détérioration des infrastructures, des problèmes qui sont devenus structurels en raison de la sécheresse. Concernant Oujda, le ministre a fait savoir que « l'ONEE travaille sur le renouvellement du réseau des canaux d'eau à Mechraa Hammadi pour résoudre le problème d'ici décembre ». Il est à noter que la ville de Guercif s'est dotée, pour sa part, d'un projet de renforcement et de sécurisation de l'approvisionnement en eau potable, à partir des forages sis à la commune de Ras Laksar. D'un coût de 14,2 millions de dirhams, le projet vise à augmenter la capacité de production en eau potable au profit de la population de la ville.