Depuis le barrage de Sidi Mohammed Benabdallah, à 24 km de Rabat, débute le périple quotidien de 750 millions de litres d'eau, traitée au niveau de la station de Bouregreg, avant de parcourir des dizaines de kilomètres pour atteindre les robinets d'environ neuf millions de consommateurs répartis sur la région côtière centrale du Royaume. Détails. Le trajet de l'eau dure quelques heures pour atteindre le point de consommation le plus proche (la ville de Salé) alors qu' une partie peut être consommée au niveau de la station elle-même. Cependant, le voyage d'une partie de cette ressource vitale peut durer environ une journée avant d'atteindre le point le plus éloigné, c'est-à-dire Douar Zhiliga dans la province de Khémisset, à environ 107 km de la ville de Rabat. Le barrage, qui a été construit dans les années 70 du siècle dernier, pompe de l'eau potable jour et nuit en direction des villes de Salé, Rabat, Témara, Skhirat, Rommani, Ain Aouda, Tamesna, Sidi Allal El Bahraoui, Bouznika, Benslimane, Mohammedia et la zone nord-est de la ville de Casablanca. Le parcours de ces eaux est souvent à sens unique, c'est-à-dire de la source à la station terminale (les robinets), mais certaines d'entre elles peuvent vivre une seconde vie, dans le cadre du traitement des eaux usées, qui se développe dans un contexte national et mondial caractérisé par la pénurie des ressources en eau. A cet effet, Mostafa Nazih, directeur régional à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE)- Branche Eau, explique que le processus de production d'eau potable "passe par des étapes longues et délicates". Le traitement débute au niveau du barrage Sidi Mohammed Benabdallah, à travers l'utilisation du chlore gazeux, une substance importée à cet effet et ajoutée en quantités précises à l'eau "brute" dès son pompage dans les voies de transport, c'est-à-dire avant les phases de "coagulation" et de "floculation" au niveau d'installations aménagées à cet effet à la station d'épuration de Bouregreg, a expliqué M. Nazih à la MAP lors d'une visite à cette station d'épuration. La "coagulation", a-t-il poursuivi, aide à former des masses gélatineuses pour éliminer les particules, tandis que la "floculation" est un brassage supplémentaire de l'eau, précisant que le but de ces deux processus est de faire en sorte que ces particules prennent la forme de masses suffisamment grosses pour se sédimenter, en utilisant des produits chimiques tels que le sulfate d'aluminium et l'alginate de sodium. Bien qu'il s'agisse d'une technique qui permet d'éliminer environ 99% des particules, il faut isoler les matières pouvant rester en suspension dans l'eau à travers la "décantation" et la filtration sur sable, et ce comme mesure complémentaire et préventive, a-t-il fait savoir. Le chlore est utilisé encore une fois au niveau des réservoirs de réception d'eau traitée afin d'assurer qu'elle soit parfaitement désinfectée et rendue propre à la consommation, a poursuivi le responsable. Le secteur de traitement à la station est prêt à faire face à une éventuelle dégradation de la qualité de l'eau du barrage, qu'elle résulte de "l'eutrophisation" (c'est-à-dire la prolifération des algues et des plantes due au phosphore et aux nutriments azotés, etc.), ou des pollutions accidentelles. L'eau traitée est transportée d'un réservoir d'une capacité de 50.000 mètres cubes à un point de distribution, à partir duquel l'eau potable est envoyée aux différentes villes et centres de consommation concernés à travers un réseau de canalisations long de 350 km, que les employés de la station d'épuration décrivent comme une "autoroute" de l'eau potable. L'eau destinée à la consommation doit passer par des "tests de qualité multiples et réguliers", a précisé, pour sa part, le directeur du contrôle de la qualité des eaux à l'ONEE - Branche Eau, Abdelilah Belhaj, notant que l'office ne peut pas fournir aux consommateurs une eau de qualité douteuse, même si ce doute est de 0,1%. Les deux laboratoires qui assurent le contrôle de la qualité, sous la tutelle du laboratoire central de l'ONEE, sont équipés de matériels scientifiques de qualité, permettant d'effectuer toutes les analyses nécessaires. Dans ce sens, M. Belhaj a affirmé que les processus de contrôle stricts, qui sont conformes aux normes internationales en vigueur, comprennent les différentes étapes de production, à partir des installations de prise d'eau au barrage jusqu'aux points de distribution d'eau, en passant par toutes les étapes de traitement (coagulation, décantation, filtration...). Il a, ainsi, relevé que les opérations de contrôle comprennent les tests bactériens, physico-chimiques et parasitologiques, outre des tests d'absence de pesticides et de substances toxiques, ainsi que d'autres analyses effectuées par des équipes spécialisées et hautement qualifiées, ajoutant que chaque test est effectué séparément et n'annule pas les autres tests. Dans le cadre de l'amélioration de la qualité de l'eau avant l'étape de traitement, l'ONEE a mis en place trois niveaux supplémentaires pour le prélèvement d'eau du barrage, ce qui permet de prélever l'eau au niveau le plus adapté au traitement. Pour faire face au phénomène de fertilisation (prolifération des algues...) dû à la présence de nutriments comme le phosphore et l'azote, des centaines de milliers de carpes argentées sont élevées de façon périodique dans les eaux du barrage, pour se nourrir des algues et limiter ainsi leur propagation qui cause des goûts et des odeurs à l'eau quoiqu'ils n'ont aucun impact sur la santé, selon le responsable. Outre les différents contrôles réalisés par l'ONEE, les services du ministère de la Santé effectuent des opérations de contrôle de la qualité des eaux produites et destinées à la consommation. A l'heure où le Maroc et le monde entier connaissent une véritable crise de la rareté de l'eau due aux changements climatiques, la prise de conscience de la nécessité de conserver l'eau reste l'élément essentiel de toute stratégie visant à assurer l'approvisionnement en cette substance vitale, non seulement en raison des enjeux liés au manque de ressources, mais aussi parce que la production d'eau potable et son contrôle de qualité sont coûteux et complexes.