Le Maroc demeure la « première priorité» de la politique extérieure espagnole, attendu que les deux pays ont de multiples intérêts communs. Tel est le constat réitéré par le chef de la diplomatie espagnole, Pedro Sanchez, lors de son passage à la télévision espagnole, dimanche 25 juin. Ce partenariat, qui évolue bien jusqu'à présent, ne peut que traduire la solidité des relations « stratégiques », telles que qualifiées par Sanchez. Invité de la chaîne ''La Sexta'', le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a renouvelé « l'attitude positive » de son pays sur le dossier du Sahara, considérant l'initiative marocaine d'autonomie comme « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Il a de même rappelé que les Etats-Unis, la communauté internationale et les principaux pays européens soutiennent le plan d'autonomie présenté par le Maroc en 2007. Selon Sanchez, l'Espagne ne fera pas exception parmi ses partenaires européens et de nombreux autres pays. Ainsi, selon lui, « si la communauté internationale, les Etats-Unis et les principaux pays européens disent qu'il faut trouver d'autres moyens de résoudre ce conflit dans le cadre des Nations Unies, et des Résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU », l'Espagne ne peut qu'adopter une « attitude constructive ». D'autant plus que les intérêts de Madrid sont de maintenir des relations avec Rabat. Dans ce sillage, a-t-il expliqué, « le Maroc est important pour nous du point de vue commercial, en tant qu'accès économique dans un continent aussi important que l'Afrique, et en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et, sans aucun doute, de politique migratoire » Sanchez s'est félicité de la qualité de coopération et de collaboration entre les deux pays, la qualifiant de « très positive », en réitérant la position de son pays, en réponse aux partis de l'opposition.
À ce sujet, la position exprimée par le chef de la diplomatie espagnole n'a pas passé sans des critiques de l'opposition. Ainsi, Sanchez a été vivement interpellé pour avoir mis fin à la neutralité de l'Espagne sur le Sahara marocain.
À quelques semaines à peine du début des élections législatives anticipées en Espagne, le débat politique sur le Maroc revient en force, notamment sur la question du Sahara. Le déroulement des élections en Espagne ne peut pas se passer sans évoquer le Maroc et cette année ne fait pas exception. C'est désormais un fait établi.
Ainsi, dans une interview avec Europa Press, le représentant du Polisario en Espagne s'attend à ce que le leader du PP inversera le virage de Sánchez sur le Sahara et traduira son rejet en « actes » . Abdulah Arabi a assuré que le leader du PP, Alberto Núñez Feijóo, traduirait « dans les faits » le rejet exprimé à la décision du président du gouvernement Pedro Sánchez, de soutenir le Plan marocain d'autonomie pour le Sahara et inversera cette distorsion dans la politique étrangère espagnole, sitôt qu'il deviendra nouveau président après les élections du 23 juillet.
Le Polisario exerce sa pression sur le PP, exigeant l'annulation de ladite décision, «notre condition est que cette décision soit annulée», a avancé le représentant du Front.
Trois questions à Driss Lagrini « Ce qui rassemble le Maroc et l'Espagne est plus fort que ce qui les sépare » Pourquoi le Maroc se place-t-il au cœur du débat politique en Espagne ? Le Maroc se place au cœur des questions débattues lors des élections espagnoles pour maintes raisons. L'Espagne, de par sa proximité géographique et sa relation stratégique avec le Maroc, partage des problématiques communes avec le Royaume, notamment la migration. Le pays ibérique compte actuellement plusieurs immigrés marocains qui contribuent à son développement. À cela s'ajoute la question du Sahara marocain, sur laquelle l'Espagne a exprimé une position positive, en tant que pays et non pas comme parti politique, soutenant le plan d'autonomie marocain.
Le choix exprimé par l'Espagne pourrait-il être réversible ? Ce choix est irréversible. La position exprimée par l'Espagne, après la profonde crise diplomatique, a mis fin à une brouille diplomatique majeure entre les deux pays, et reflète sans aucun doute une prise de conscience de l'avenir des relations et de son importance. La décision a été rendue dans un cadre institutionnel et ne peut faire l'objet d'aucun renversement, pour la simple et unique raison qu'elle traduit les intérêts stratégiques de l'Espagne. Ainsi, ce choix officiel et conscient reflète les intérêts stratégiques de l'Espagne, malgré l'existence d'autres avis contraires à celui du gouvernement espagnol qui cherchent à revenir en force, en surfant sur la vague. La vie politique, de par sa nature, exige l'existence de plusieurs avis différents. Or, je ne pense pas que l'avis des partis soutenant le Polisario ait autant de poids en Espagne, de même pour leurs discours, qui sont loin de faire écho dans la société espagnole.
Comment qualifiez-vous les relations maroco-espagnoles ? L'Espagne a intérêt à maintenir des relations solides et étroites avec le Maroc. Les deux pays ont connu plusieurs phases, qui n'ont pas pu mettre fin à leurs relations, notamment la question de Sebta et Melillia, la délimitation des frontières maritimes, l'îlôt Leila, la problématique de la migration : tous ces chapitres n'ont pas abouti à la détérioration des relations entre les deux pays, parce que ce qui rassemble le Maroc et l'Espagne est plus fort que ce qui les sépare. M. E.