Dans l'espoir que la plainte déposée contre lui pour incitation à la haine raciale et religieuse soit classée sans suite, Michel Houellebecq est revenu sur certains des propos qu'il a tenus dans son entretien avec le sociologue Michel Onfray, publié dans le numéro de novembre 2022 du Front populaire. Aujourd'hui, l'Union des mosquées de France refuse de faire marche arrière. Dans son livre "Quelques mois dans ma vie", paru le 24 mai dernier, Michel Houellebecq est revenu sur certains de ses propos qu'il a tenus dans son entretien avec le sociologue français Michel Onfray publié dans le hors-série de Front populaire de novembre 2022. Il y a manifesté des remords et présenté des excuses aux musulmans de France. "Certes, notre foi nous enjoint d'être bienveillants avec celui qui reconnaît ses tords et exprime ses remords. Cependant, sans préjuger de l'appréciation par la justice des faits que nous lui reprochons, nous avons aussi le devoir de protéger notre collectivité par le recours à la justice pour dénoncer des propos que nous estimons dangereux. Nous ne rendrons pas service à la collectivité en abandonnant une procédure qui vise à faire condamner non pas les personnes mais les faits qui leur sont reprochés", lit-on sur un communiqué de l'Union des Mosquées de France dont L'Opinion détient copie. Le franc succès du numéro controversé M. Houellebecq dit avoir tenté d'obtenir le retrait du hors-série du Front populaire de la vente, sans toutefois, y parvenir. M. Onfray qu'il tient pour « le véritable patron de Front populaire » aurait jugé cette « demande parfaitement mal venue de (sa) part ». Il reconnaît par ailleurs que ce hors-série « a connu un succès inusité, dû pour l'essentiel à (sa) contribution (p.73) » ; et que s'il avait été rémunéré pour cette contribution, il aurait touché plus de 225.000 euros.» Dans ces conditions, l'UMF craint que les explications données par M. Houellebecq sur deux passages incriminés de son entretien ne soient pas suffisantes pour faire oublier leur contenu initial. En effet, continuent les auteurs du communiqué, autant pour le passage dans lequel il fait le lien entre islam et délinquance, il a fini par le juger « faux et stupide » avant de le rectifier et « de présenter ses excuses à tous les musulmans qu'il a pu offenser ». Pour le deuxième, celui désigné par les médias comme étant le passage du « Bataclan à l'envers », il n'est pas sûr que l'explication ainsi que la rectification qu'il en donne soient de nature à rassurer les musulmans de France. Des mots trop forts pour être oubliés Selon lui, ceux qui ont interprété ce passage comme « un appel à des attentats dirigés contre les musulmans » seraient « des individus particulièrement venimeux et des faux ». Sur ce point qui est au cœur de la plainte de l'UMF, nous pensons qu'il se trompe lourdement ou qu'il tente d'en minimiser la portée. Par ailleurs, l'UMF dit avoir compris que le livre serait consacré uniquement à son entretien avec M. Onfray afin de mieux s'expliquer sur les propos incriminés. Finalement, il y a consacré à peine une dizaine de pages noyées dans un amas de récits pornographiques. Il y a dans ce mélange de genres quelque chose qui dérange. Certains pourraient même y voir une forme de provocation. Tout en respectant totalement sa liberté d'auteur, les oulémas de l'UMF pensent qu'il répondait aux attentes des musulmans de France dans un livre consacré à ce que l'on peut considérer comme des provocations. Attentes dont il est d'ailleurs lui même à l'origine par sa promesse de janvier 2023. Par ailleurs, dans sa démarche d'explication, l'entité religieuse estime que de nombreuses questions graves ont été passées sous silence. Parmi elles, son soutien à la dangereuse et nauséabonde théorie du grand remplacement qui nous rappelle des périodes sombres de l'histoire de notre pays. Enfin, et cela reste secondaire à côté de tout le reste, Michel Houellebecq qui ne semble pas connaître, M. Mohammed Moussaoui, président de l'UMF, affirme qu'il lui a été décrit comme « peu recommandable et suspect d'extrémisme ». Bien entendu, sans préciser l'origine de ces calomnies. Non à l'extrémisme sous toutes ses formes En faisant une recherche rapide, M. Houellebecq aurait pu facilement constater par lui même, l'engagement perpétuel de M. Moussaoui maintes fois reconnu pour le dialogue, le respect mutuel et contre les formes de l'extrémisme d'où qu'elles viennent. En définitive, les auteurs du communiqué précisent que pour toutes ces raisons, et par ce que l'entité refuse de voir se reproduire un attentat similaire à celui de Christchurch en Nouvelle-Zélande, l'Assemblée Générale de l'UMF, réunie ce jour, a décidé à l'unanimité de maintenir sa plainte contre M. Houellebecq, M.Onfray et la direction de Front populaire. Il ne faut pas sous-estimer la dangerosité et la menace que représentent certaines déclarations. Ceux qui les tiennent ou continuent à les diffuser doivent prendre la mesure de la lourde responsabilité qui est la leur.