Aux grands maux, les grands remèdes et aux grandes prévisions, les grandes solutions. Le sachant avec pertinence, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, mène tambour battant une lutte à bras le corps contre les aléas des conditions météorologiques extrêmes, surtout ceux qui peuvent être évités de justesse en y mettant le prix. Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau, a indiqué, lors d'une allocution prononcée au siège de la Direction Générale de la Météorologie (DGM), que le Maroc, de par sa situation géographique, est fortement exposé aux répercussions et aux risques des conditions météorologiques, affirmant que cela s'est intensifié avec les changements climatiques que connaît le monde, et qui constituent aujourd'hui des défis de taille, qui doivent être pris en charge à tous les niveaux. Sans vouloir être les oiseaux de mauvais augure, si l'on extrapole les données météorologiques pour l'été à venir, une tendance chaude se dessine déjà à l'horizon. C'est en tout cas ce qu'a récemment annoncé l'Organisation Mondiale de la Météorologie, et ce, en se référant aux relevés pour les mois de juin, juillet et août de cette année. De concert, la Direction Générale de la Météorologie de chez nous vient corroborer une tendance haussière des températures, qui, selon le directeur général de l'entité, Abdelfettah Sahibi, « seront supérieures à la normale ». «Compte tenu des enjeux liés au changement climatique, la DGM poursuit ses efforts pour mettre en œuvre sa stratégie visant à rendre le Maroc pleinement préparé à réduire les aléas climatiques et naturels et atteindre les objectifs du développement durable en offrant les services attendus par les usagers », a expliqué M. Baraka. M. Abdelfettah Sahibi a, quant à lui, argué que l'année 2022 a été l'année des extrêmes météorologiques au Maroc, une année chaude et sèche, relevant qu'il s'agit de l'année la plus caniculaire jamais enregistrée au Maroc depuis plus de 40 ans. L'anomalie de la température moyenne annuelle a atteint +1,63°C par rapport à la normale climatologique, calculée sur la période 1981-2010, a précisé M. Sahibi. Il a noté, dans ce sens, que l'année civile 2022 a été la quatrième année sèche consécutive au Maroc avec un déficit pluviométrique annuel frôlant les 27%, précisant que les 4 dernières années consécutives (2019-2022) sont les plus arides depuis au moins les 60 dernières années, ponctuées d'un écart pluviométrique de l'ordre de -32% par rapport à la normale climatologique. Le directeur général de la DMN a souligné d'ailleurs que le cas du Maroc se situe dans un contexte mondial caractérisé par une hausse permanente des émissions de gaz à effet de serre, qui se traduit par un accroissement du réchauffement climatique, car les 8 dernières années sont les plus chaudement recensées au niveau mondial. Cela met en évidence les désastres liés au temps, à l'eau et au climat, telles que les canicules, les sécheresses et les inondations dévastatrices qui ont affecté des millions de personnes et coûté plusieurs centaines de milliards de dollars cette année. Dans les cas de sinistre touchant le milieu tels les incendies, le Maroc dispose de dispositifs d'intervention appropriés à l'image d'avions Canadair pour circonscrire quelque scénario macabre que ce soit. Aussi, le Royaume dispose-t-il d'un programme d'ensemencement des nuages lancé en 1984 grâce à la mobilisation de chercheurs américains et de l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID). Ce projet de "modification artificielle du temps" a déjà fait son œuvre dans un contexte national marqué par une sécheresse exceptionnellement intense. Al-Ghait, c'est ainsi qu'il est communément appelé, est aujourd'hui plus que nécessaire, surtout en ces temps marqués par une baisse abyssale de la pluviométrie. De plus, ce programme est entre les mains d'une expertise 100% marocaine et fournit des résultats plutôt prometteurs. Son exécution, quant à elle, est supervisée par un comité national de pilotage de haut niveau, avec des données gérées par coordinateur, et le concours de la Gendarmerie Royale, de la Direction Générale de la Météorologie et de l'armée de l'air. La planche de salut Le programme Al-Ghait se matérialise, depuis 1984, par des opérations d'insémination des nuages à travers un vecteur terrestre (générateurs au sol) et un vecteur aérien (avions King Air 2000 et Alpha Jet), détaille la Direction Générale de la Météorologie, spécifiant que les campagnes se déroulent du 1er novembre au 30 avril. Ces opérations qui sont menées présentement consistent à "inséminer les nuages - qui présentent des conditions favorables - par des produits chimiques tels que l'iodure d'argent pour les nuages froids (-5°C) ou le sel de chlorure de sodium pour les nuages chauds", précise la même source. Lancé sous les Hautes Directives de feu SM Hassan II, le programme Al-Ghait a traversé plusieurs phases avant de devenir opérationnel. La période 1984-1989 a été marquée par une phase d'études et d'essais qui a permis de sélectionner les techniques, les zones cibles et les zones de contrôle. Cette étape a également été marquée par l'installation des premiers équipements et la réalisation d'une étude d'impact sur l'environnement et sur l'augmentation de la pluviométrie. Trois questions à Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau «La DGM tient un rôle clé dans la gestion proactive des risques météorologiques et climatiques »
Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau, et Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, a répondu à nos questions sur les aléas des conditions météorologiques extrêmes que connaît le Maroc et le monde, et ce, à la lumière des grands changements d'ordre climatique et environnemental. -La production céréalière est au point mort depuis l'année dernière, compte tenu de la rachitique pluviométrie enregistrée au terme de l'année agricole 2021-2022. Que pense la tutelle de cette conjoncture et qu'elles en seraient les perspectives ? En termes de pluviométrie, nous espérions cette année qu'il pleuve assez durant les mois de mars et avril étant les mois « booster » de l'année. Nous espérons toujours que ce soit le cas pour l'année à venir, surtout que la saison agricole 2021-2022, du 1er septembre au 31 août, a été extrêmement sèche. Un déficit de 46% y a été enregistré par rapport à sa norme climatique. Par conséquent, 2022 a été l'année la plus sèche durant au moins les 40 dernières années. Malgré les premières pluies significatives d'automne, le Royaume a connu une sécheresse prolongée du début décembre jusqu'à la troisième décade de février. De ce fait, la production céréalière nationale a connu une baisse de 67% en comparaison avec la campagne agricole précédente. -En termes de performance et de persévérance, que fait la DGM pour contrecarrer les scénarii météorologiques les plus sinistres ? La Direction Générale de la Météorologie s'est attelée à la tâche de faire évoluer le secteur grâce à la bonne mise en œuvre du plan stratégique du ministère dans le secteur de la météorologie. Concrètement, il s'agit de renforcer la capacité de connaissance et de prévision des risques météorologiques et climatiques, en mettant sur pied des services fondés sur l'innovation et la compétitivité pour la prise de décision. Il s'agit également d'augmenter le niveau de gouvernance et d'efficacité et de valoriser le capital humain et le positionnement au niveau international. Il faut aussi savoir que le Royaume s'est doté de centres régionaux les plus performants en la matière. -Que fait cette entité pour que les efforts qu'elle fournit aillent de concert avec ceux entrepris à l'échelle internationale ? La DGM, sous la houlette de la tutelle, mène à bien ses missions de préparation et de mise en œuvre de la politique météorologique et climatique du gouvernement en fonction des besoins des utilisateurs au niveau national et en accord avec les normes internationales. Cette Direction tient un rôle clé dans la gestion proactive des risques météorologiques et climatiques et contribue à la préservation des vies et des biens.