Le spectre de la sécheresse plane depuis le début de la saison hivernale sur le pays. Les données de la Direction Générale de la Météorologie évoquent un déficit pluviométrique s'élevant à 53% par rapport à l'année antécédente. Un important manque de précipitations qui a compromis la campagne agricole et qui a poussé le Maroc à faire appel au programme Al Ghait, comme l'a affirmé Nizar Baraka, Ministre de l'équipement et de l'eau, la semaine dernière, au parlement. Lancée au Maroc dans les années 80 en collaboration avec des chercheurs américains et l'USAID (l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International), la technique de l'ensemencement des nuages sert à provoquer artificiellement les précipitations. Pratiquée entre novembre et avril, cette technique se fait à l'aide de produits chimiques non nocifs, comme le soutient Nizar Baraka. Ce changement artificiel du temps consiste à déverser dans le nuage des sels d'iodure d'argent ou de sodium. Un déversement qui s'opère par des avions militaires ou par des générateurs à partir du sol via les courants ascendants. Rappelons que le Maroc est doté d'une vingtaine de générateurs sur trois sites d'insémination à El Hajeb, Beni Mellal et Azilal. Lorsqu'il s'agit de l'intervention par avion, l'opération se fait selon deux modes : Par le sommet du nuage, dans le cas de cellules nuageuses cumuliformes isolées. On injecte alors les sels d'iodure d'argent grâce à un avion de chasse (Alpha-Jet). Pour le deuxième mode, un avion laboratoire (King-Air 200) muni de cartouches intervient à l'intérieur même du nuage. Une méthode utilisée dans le cas des nuages froids à grande étendue via activation de l'iodure d'argent. Après une expérience pilote réussie à Azilal, la technique a été généralisée à l'ensemble du territoire national. D'après les estimations de la météorologie nationale, l'apport additionnel en eau de l'ensemencement atteint jusqu'à 14%. Selon l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM), plus de 40 pays dont le Maroc, font appel à l'ensemencement des nuages pour augmenter le volume des précipitations. Une pratique assez répandue et qui joue un rôle important dans la lutte anti-sécheresse. Mais qui a toutefois ses « petits » défauts comme le notent certains spécialistes. Le côté incontrôlable du résultat de l'ensemencement lié à l'influence des conditions atmosphériques et la dégradation limitée de l'iodure d'argent dans le sol sont autant de « défauts » évoqués par les scientifiques. Rappelons que l'expertise marocaine en la matière est très sollicitée en Afrique subsaharienne, spécialement dans les pays touchés par la sécheresse tels le Sénégal, la Mauritanie ou le Burkina Faso.