L'AIEA a salué, samedi, "un pas dans la bonne direction" de l'Iran qui a accepté de rebrancher les caméras de surveillance sur plusieurs sites nucléaires et d'augmenter le rythme des inspections. "Nous avons trouvé un accord pour que les caméras et les systèmes de surveillance opèrent de nouveau", a déclaré le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique Rafael Grossi, devant les journalistes à l'aéroport de Vienne, après une visite à Téhéran. En outre, le nombre de visites à l'usine souterraine de Fordo, où ont été récemment détectées des particules d'uranium enrichies à un niveau proche du seuil de la bombe atomique, va être relevé de 50%. De retour en Autriche, où siège l'Agence, après deux jours de réunions en Iran et un entretien notamment avec le président Ebrahim Raïssi, Grossi a insisté sur l'importance de ces avancées "très concrètes". Car la République islamique avait fortement limité les inspections et débranché des caméras de surveillance l'an dernier, plongeant l'AIEA dans le flou, dans un contexte de détérioration des relations entre l'Iran et les puissances occidentales. "Nous avons stoppé l'hémorragie d'informations" dont dispose l'AIEA, a estimé M. Grossi. Ces derniers mois, faute de surveillance suffisante, l'Agence avait dit ne plus être en mesure de garantir le caractère pacifique du programme nucléaire iranien. "C'est très, très important", "en particulier dans la perspective de ranimer l'accord" de 2015 qui limitait les activités atomiques de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales. Les négociations entre Téhéran et les Etats parties (Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne), avec la participation indirecte des Etats-Unis, sont au point mort depuis août 2022. Ce pacte, connu sous l'acronyme de JCPOA, est moribond depuis le retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump, et l'Iran s'est dans la foulée progressivement affranchi de ses engagements.
D'abord les « intérêts nationaux » iraniens
A Téhéran, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Eslami, avait appelé les protagonistes des discussions à faire aussi un geste. "Les trois pays européens et d'autres pays ne se concentrent que sur les obligations iraniennes dans le cadre du JCPOA. Ils ont aussi des obligations qu'ils doivent assumer", a-t-il dit. "L'Iran ne sacrifiera jamais ses intérêts nationaux", a souligné M. Eslami, tandis que le président Raïssi a également insisté auprès de M. Grossi sur la défense des "droits de la nation iranienne". "Nous espérons que l'AIEA adoptera une approche totalement professionnelle [envers le dossier nucléaire iranien] et que les pouvoirs politiques (...) n'affecteront pas les activités de l'Agence", a ajouté M. Raïssi, selon le site de la présidence. Le chef de l'agence onusienne doit désormais présenter les résultats de sa visite lors d'un Conseil des gouverneurs de l'AIEA prévu la semaine prochaine à Vienne. Malgré les avancées obtenues, "l'annonce d'aujourd'hui n'est pas suffisante pour réduire le risque grandissant de prolifération posé par l'Iran", a réagi Kelsey Davenport, experte de l'Arms Control Association.
Grossi pas alarmiste
Les Etats-Unis et les Européens "devraient chercher à capitaliser sur cet élan en donnant une impulsion diplomatique qui réengagerait l'Iran dans les négociations", a-t-elle dit en référence à une possible résolution en réaction à la découverte de Fordo. L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, s'est justifié en faisant état "de fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement et en assurant "n'avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60%", comme l'a répété samedi Eslami. La France a néanmoins jugé jeudi qu'il s'agissait d'"un développement sans précédent et extrêmement grave". Samedi, Rafael Grossi n'a pas voulu être alarmiste sur ce point. "On a détecté un certain niveau et ensuite nous avons demandé des éclaircissements. Mais en observant continuellement l'installation, nous avons constaté qu'il n'y a pas eu de production ou d'accumulation d'uranium" à ce niveau, a-t-il précisé. Concernant la découverte l'an dernier de traces d'uranium enrichi sur trois sites non déclarés, l'Iran avait fait l'objet d'un rappel à l'ordre lors de la dernière réunion de l'AIEA, en novembre 2022, pour son manque de coopération.
L'Iran annonce la découverte d'un gisement de lithium L'Iran a annoncé la découverte d'un grand gisement de lithium, composant-clé des batteries de véhicules électriques et d'appareils électroniques, selon des médias officiels. "Pour la première fois en Iran, une réserve de lithium a été découverte à Hamadan", dans l'ouest du pays, a déclaré un responsable du ministère de l'Industrie, des mines et du commerce, Mohammad Hadi Ahmadi, cité samedi par la télévision d'Etat. Cette réserve a été évaluée à "8,5 millions de tonnes", selon le directeur-général du service de l'exploitation du ministère. Surnommé le "pétrole du 21e siècle", le lithium est essentiel pour la fabrication des batteries des véhicules électriques, et devrait permettre aux voitures de se sevrer du pétrole émetteur de CO2. Ce métal blanc est en outre un composant essentiel des batteries rechargeables utilisées dans les téléphones portables et autres appareils électroniques. Selon un rapport du Service géologique des Etats-Unis (USGS) publié en 2022, 89 millions de tonnes de lithium ont été identifiées dans le monde. L'Australie, le Chili, l'Argentine et la Chine en sont les principaux producteurs. En 2022, le lithium a vu ses prix s'envoler sous l'effet de la hausse des prix des composants et de l'inflation en général, alors que la demande en moyens de déplacement plus propres a explosé partout dans le monde. L'Iran, dont l'économie est touchée par de sévères sanctions internationales, en particulier américaines, possède de nombreuses richesses naturelles comme le gaz, pétrole, cuivre et fer.