Nabil EL BOUSAADI Il semblerait que l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) ait fait un grand pas en direction de la paix avec la République islamique d'Iran après la rencontre qui a eu lieu, ce dimanche à Téhéran, entre son Directeur Général Rafael Grossi et Mohammad Eslami, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique puisqu'il ressort du communiqué conjoint publié à l'issue de cette entrevue, que « les inspecteurs de l'AIEA ont (désormais) l'autorisation d'intervenir pour entretenir l'équipement et remplacer les disques durs » qu'en leur qualité de gendarmes onusiens du nucléaire dans les installations iraniennes, ils avaient eux-mêmes placés. Insistant sur « la coopération et la confiance mutuelle des deux parties », le communiqué précise, par ailleurs, que M. Grossi reviendra à Téhéran « dans un futur proche pour des consultations de haut niveau » alors qu'après s'être félicité « des négociations bonnes et constructives » qu'il a eues avec ce dernier, le responsable iranien a signalé que « les experts de l'Agence viendraient en Iran pour remplacer les cartes-mémoires des caméras de surveillance technique ». L'arrangement afférent aux caméras de surveillance de l'AIEA conclu ce dimanche entre les deux parties, au titre de la continuité dans la surveillance du programme nucléaire iranien vise la réactivation du « Join Comprehensive Plan of Action » (JCPoA) encadrant les programmes nucléaire et balistique de l'Iran dit «Accord de Vienne » et signé en Juillet 2015 entre l'Iran, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité et l'Allemagne ; un accord qui avait été « mis en veilleuse » après que le retrait américain l'ait torpillé, en 2018, afin de pousser la République islamique à s'affranchir de toutes ses obligations et de permettre, ainsi, à Washington de saisir l'occasion pour rétablir les sanctions économiques qui lui étaient imposées. C'est à ce titre, d'ailleurs, qu'en Février dernier, le Parlement de Téhéran avait voté une loi restreignant l'accès des inspecteurs de l'AIEA à certaines des installations nucléaires de la République islamique et cette dernière avait commencé, dès lors, à ne point vouloir fournir, à l'agence onusienne et en temps réel, les enregistrements des caméras et des autres outils de surveillance qu'elle avait elle-même installées au sein des centrales nucléaires iraniennes. Mais par crainte de perdre des données en cas de saturation de la capacité d'enregistrement de ses outils, l'A.I.E.A était tout de même parvenue à signer avec Téhéran le compromis qui a expiré en Juin dernier. Aussi, avec le nouvel arrangement signé ce dimanche, Rafael Grossi, le Directeur Général de l'AIEA, qui en est à sa deuxième visite en Iran, s'assure d'une continuité dans la surveillance du programme nucléaire iranien et offre, par la même occasion, un sursis aux signataires de l'accord de Vienne pour qu'ils puissent le réactiver. Pour rappel, si les négociations entamées début-avril au titre de la réactivation du JCPoA en y intégrant Washington avaient été suspendues deux jours après l'accession d'Ebrahim Raïssi à la présidence de la République islamique, il y a lieu de signaler que ce dernier a tenu à préciser, mercredi, que son pays accepte de continuer à faire preuve de « transparence » si l'approche de l'AIEA reste « constructive » mais que, dans le cas contraire, il serait « déraisonnable d'attendre de l'Iran une réponse constructive ». Si donc du côté américain et après la publication du rapport de l'AIEA, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Antony Blinken, a affirmé que les Etats-Unis étaient « proches » d'abandonner leurs efforts pour relancer l'accord de Vienne, il faut signaler, aussi, que le premier ministre israélien Naftali Bennet, est allé dans le même sens lorsqu'il a déclaré que son pays « considère, avec une extrême gravité, l'image reflétée dans le rapport qui prouve que l'Iran continue de mentir au monde et de promouvoir un programme de développement d'armes nucléaires en contrevenant à ses obligations internationales ». Autant dire qu'au vu de leur comportement les Etats-Unis et Israël semblent n'avoir pour seul objectif que celui de torpiller l'accord de Vienne afin de maintenir l'Iran « sous sanctions » mais attendons pour voir...