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Iran-AIEA : Téhéran commence la restriction des inspections nucléaires
Publié dans L'opinion le 25 - 02 - 2021

L'Iran a commencé mardi à limiter les inspections de son programme nucléaire par l'AIEA faute d'avoir obtenu la levée des sanctions américaines.
La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ont appelé, dans un communiqué commun, Téhéran «à revenir en arrière sur toutes les mesures qui réduisent la transparence et à coopérer pleinement avec l'AIEA».
«L'objectif reste de préserver l'accord et de soutenir les efforts diplomatiques en cours pour une solution négociée, qui permette le retour de l'Iran et des Etats-Unis au plein respect de leurs engagements», ont-ils insisté. C'est aussi notre but, a souligné le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, disant son «inquiétude» face à une puissance iranienne «qui va dans la mauvaise direction».
En riposte au retrait américain de l'accord de 2015, la République islamique s'est affranchie progressivement depuis 2019 de nombreuses limitations qu'elle avait accepté d'imposer à son programme nucléaire en échange d'un allègement des rétorsions à son encontre.
Contre les sanctions US, une batterie de mesures iraniennes
En décembre, le Parlement iranien est allé plus loin en ordonnant une série de mesures à mettre à œuvre en cas de maintien des sanctions rétablies en 2018 par l'ex-administration de Donald Trump.
Dans la foulée, l'Iran a annoncé avoir repris l'enrichissement à hauteur de 20%, dans ce qui a constitué le plus spectaculaire de ses désengagements. Puis, il a dit entamer la production d'uranium métal pour alimenter son réacteur de recherche à Téhéran, une matière qui peut être utilisée dans la fabrication d'armes nucléaires. Dernière étape de cette escalade, la limitation de certaines inspections de l'AIEA sur des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspects, est entrée en vigueur ce mardi.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, cité par l'agence officielle Irna, a néanmoins souligné que la coopération de Téhéran avec le gendarme onusien du nucléaire se poursuivrait. A l'issue d'une visite à Téhéran, le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, avait annoncé dimanche un accord technique «temporaire» pour maintenir une surveillance, bien que réduite, le temps que les pays parties de l'accord international engagent des pourparlers.
«Les bandes enregistrées sur notre programme nucléaire (...) seront conservées et ne seront pas fournies à l'Agence», a détaillé M. Zarif.
Selon l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), ces données seront «supprimées à jamais» si les sanctions ne sont pas «complètement levées d'ici trois mois».
En revanche, si les grandes puissances parviennent à s'entendre, «nous pourrons récupérer toutes les informations» portant sur cette période, a précisé Grossi, à l'occasion d'un séminaire en ligne organisé par le groupe de réflexion américain Nuclear Threat Initiative (NTI).
«En d'autres termes, nous saurons exactement ce qui s'est passé, combien de composants ont été fabriqués, combien de matières ont été fabriquées, traitées ou enrichies et ainsi de suite».
«Naturellement, c'est loin d'être une situation idéale (...) mais cela offre du temps pour que les indispensables efforts diplomatiques se déploient dans les prochains jours», a commenté le responsable de l'AIEA.
Vives préoccupations de l'AIEA
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) s'est déclarée « vivement préoccupée » par la possible présence de matière nucléaire sur un site iranien non déclaré, selon un rapport consulté mardi 23 février par l'Agence France-Presse à Vienne
Ces propos interviennent dans un contexte tendu, alors que l'Iran a commencé à limiter les inspections de l'agence onusienne, après l'expiration d'une échéance fixée par Téhéran pour la levée des sanctions américaines.
L'AIEA avait déjà pointé ce site dans son rapport de novembre, jugeant les explications de la République islamique « non crédibles ». Il s'agit d'un entrepôt du district de Turquzabad, dans la capitale. « La présence de particules d'uranium anthropogénique (résultant d'activités humaines), non déclarées par l'Iran, traduit clairement la présence de matériel nucléaire et/ou d'un équipement contaminé par du matériel nucléaire à cet endroit », écrit l'agence. «Au bout de 18 mois, l'Iran n'a toujours pas fourni les explications nécessaires, entières et techniquement crédibles », poursuit-elle, précisant que son directeur général Rafael Grossi, qui s'est rendu ce week-end à Téhéran, a redit « son inquiétude face au manque de progrès » sur la question. Téhéran continue par ailleurs à accumuler de l'uranium faiblement enrichi, dont la quantité dépasse désormais de 14 fois la limite autorisée par l'accord de 2015, d'après ce document qui sera examiné lors d'un Conseil des gouverneurs la semaine prochaine.
Les USA «manqueraient-ils de courage et de convictions» pour revenir à l'accord nucléaire ?

L'administration du président américain Joe Biden hésite à revenir aux dispositions initiales de l'accord nucléaire iranien de 2015 car elle est «captive de luttes intestines politiques» à Washington, déclare Dennis Etler, un analyste politique américain qui s'intéresse depuis des décennies aux questions internationales.
Dans une interview accordée à Press TV, Etler, a déclaré que si l'administration Biden cherchait vraiment à revenir à l'accord avec l'Iran comme elle le prétend, elle devrait immédiatement lever toutes les sanctions imposées sur l'Iran par l'administration de l'ancien président américain Donald Trump.
«Le régime Biden n'a pas le courage de ses convictions. Il dit vouloir retourner au JCPOA, mais il est prisonnier de conflits politiques à Washington. Par conséquent, il place les considérations politiques nationales avant ses obligations internationales et cherche à modifier le cadre du JCPOA pour apaiser les objections de ses opposants politiques au Congrès », a déclaré Etler.
«Il y a aussi des faucons dans sa propre administration qui veulent voir le JCPOA amendé pour mieux répondre aux objectifs hégémoniques américains au Moyen-Orient. Ainsi, l'équipe de politique étrangère de Biden hésite à faire ce qui est juste et à suspendre sans condition les sanctions et à revenir aux dispositions initiales de l'accord », at-il déclaré.


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