Le virus H1N1 de la grippe A, s'il se reproduit plus rapidement que les autres virus grippaux, ne paraît pas avoir tendance à se recombiner avec ses homologues, selon les résultats d'une étude américaine effectuée sur des furets. Des résultats qui nécessitent confirmation mais qui pourraient signifier que ce virus n'a que peu de chances de muter, ce qui est rassurant alors que le nombre de cas continue à augmenter. Daniel Perez et son équipe, de l'Université du Maryland, ont étudié le devenir du virus H1N1 et d'autres virus grippaux (grippe saisonnière et virus H3N2) dans l'organisme de furets. Les chercheurs ont inoculé plusieurs virus, séparément ou en même temps à ces animaux, pour observer la vitesse de propagation de chaque virus et les éventuelles recombinaisons. Les résultats sont nets: le virus de la grippe A se propage plus vite que les autres dans les voies respiratoires, ce qui est cohérent avec la contagiosité très forte et très rapide observée dans les zones pandémiques (Nouvelle Calédonie en ce moment par exemple). La colonisation de ces zones respiratoires est également plus intense, ce qui pourrait expliquer la fréquence accrue des syndromes de détresse respiratoire aiguë avec ce virus. Cette fréquence, qui reste relativement faible, était estimée à 1 sur 10 000 (contre 1 sur 1 million avec la grippe saisonnière) par l'épidémiologiste Antoine Flahaut fin août. Par contre lorsque 2 virus sont inoculés simultanément, le virus H1N1 ne se recombine pas avec l'autre, ce qui atténue les craintes de mutation durant l'hiver, lorsque la grippe saisonnière côtoie la grippe A. Par contre, la présence de ces 2 virus en même temps semble majorer les symptômes respiratoires (signes de sévérité de l'atteinte). Ces résultats sont cependant à interpréter avec prudence, même si les symptômes observés et les analyses microbiologiques de l'hémisphère sud (en plein hiver austral) vont également dans ce sens: un virus très contagieux mais n'ayant pas muté et gardant une mortalité faible. Pendant ce temps, le laboratoire Novartis annonce des résultats encourageants sur l'efficacité de son vaccin, administrable en 2 doses. De son côté, la société chinoise Sinovac annonce aujourd'hui l'autorisation de commercialisation de son vaccin unidose. Novartis, un des 4 laboratoires auxquels la France a commandé plusieurs millions de doses vaccinales pour lutter contre le virus de la grippe A, annonce aujourd'hui dans un communiqué qu'un des vaccins à l'étude provoquerait une forte réponse immunitaire, et ce dès la première injection chez une majorité de patients. Ces résultats ont été obtenus lors d'un essai thérapeutique sur 100 patients : 80 % d'entre eux ont une réponse immunitaire forte (production d'anticorps dirigés contre le virus H1N1) après une injection, 90 % après la deuxième injection. Selon Novartis, ces résultats montrent qu'il serait possible d'induire une protection efficace dans les 15 jours suivant la première injection. La firme pharmaceutique suisse précise également que ces données ont été réalisées avec un vaccin produit par culture cellulaire (procédé de fabrication plus rapide qu'avec des oeufs, mais plus cher) et comportant un adjuvant, substance destinée à amplifier la réponse immunitaire. Ce vaccin, appelé Celtura, fait l'objet d'autres essais cliniques et pourra donc éventuellement être proposé en unidose. Novartis travaille également sur un vaccin sans adjuvant, qui pourrait être réservé aux personnes fragilisées (femmes enceintes, maladies chroniques, auto-immunes, etc.). De son côté Sinovac, un laboratoire chinois de biotechnologies, annonce sur son site que son vaccin, injectable en une seule fois et produit sur des oeufs, vient d'être approuvé par les autorités chinoises pour un usage de 3 à 60 ans. Cette approbation par le ministère chinois de la santé fait suite à des essais cliniques fructueux, selon Mr Weidong Chin, président de Sinovac. Le communiqué ne précise pas si ce vaccin comporte également un adjuvant. Ces communications vont donc dans le sens d'une protection efficace possible contre cette infection, même si davantage de données sont nécessaires pour conclure. Elles ne préjugent de toute façon pas de la stratégie vaccinale qui sera mise en oeuvre : faut-il vacciner un maximum de personnes, ou privilégier les personnes à risques et les professionnels de santé?