Le déroulement du concours d'accès des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie a soulevé une nouvelle polémique entre les parents des étudiants des trois branches et le département de tutelle au motif que le principe de l'égalité des chances n'a pas été pleinement respecté. Comme prévu, les étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie, de retour d'Ukraine, viennent de passer, samedi 24 septembre, le concours d'accès aux écoles de médecine privées du Maroc. Malgré les facilités fournies par les universités ukrainiennes notamment l'enseignement à distance, les étudiants en médecine souhaitent continuer leurs études dans la mère patrie. Cependant, ils sont loin d'être satisfaits des conditions dans lesquelles s'est passé le concours en question. C'est ainsi que l'association des parents des étudiants marocains en Ukraine (ANPEMU) a regretté que « la pédagogie d'enseignement suivie en Ukraine et la langue dans laquelle les étudiants ont été enseignés n'as pas été prise en compte ». Abdelkader El Yousfi, président de l'Association nationale des parents des étudiants marocains en Ukraine (ANPEMU) a indiqué que : « la durée du concours ne dépassait pas une heure et demie et il comportait 100 questions à choix multiples (QCM) » et a poursuivi « le concours comportait des termes médicaux abréviés en français ». La situation devient de plus en plus difficile, selon El Yousfi, car les étudiants marocains de retour d'Ukraine ont fait leur cursus en langues ukrainienne, russe et anglaise. Dans ce sens, El Yousfi a précisé: « Nous aurions préféré que les étudiants passent le concours dans la langue d'enseignement, mais le ministère de l'Enseignement supérieur a indiqué que ce concours fait partie du processus d'intégration dans le système universitaire marocain ». Quant aux étudiants ayant passé le concours, Abdelkader El Yousfi a noté que leur nombre reste inférieur au chiffre communiqué par le ministère de l'Enseignement supérieur. Ajoutants que cela est dû principalement au refus des concernés de la formule proposée par le ministère de tutelle pour des raisons financières et d'autres relatives à la volonté des étudiants d'accéder au circuit public. La contrainte de langue semble de taille, pour le président de l'association qui a expliqué que le problème lié à la langue restera posé même après l'intégration tout en appelant les différents intervenants à « suivre et soutenir les étudiants afin de surmonter cet obstacle ». « La solution prise contredit les engagements annoncés par le ministère », a regretté El Yousfi qui déplore que le Maroc connaît une pénurie des professionnels de santé d'où la nécessité de former plus de personnel. Pour cela, selon lui, le Maroc doit tirer profit des conditions actuelles pour renforcer son corps médical à travers la formation et le suivi des étudiants marocains de retour d'Ukraine. « S'ils sont bien formés et encadrés, ces étudiants peuvent répondre au besoin urgent du Maroc en matière de corps médical », a il expliqué. Pour rappel, le ministre Abdellatif Miraoui a expliqué que le nombre d'étudiants qui se sont inscrits sur la plateforme électronique allouée par le ministère à cet effet s'élevait à 800 étudiants. De leur part, les parents d'étudiants marocains revenant d'Ukraine en raison de la guerre russo-ukrainienne ont organisé un certain nombre de sit-in pour assurer l'intégration des étudiants dans les universités publiques mais sans succès. Pour rappel, à l'issue de plusieurs mois de pourparlers, le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé sa solution pour le dossier des étudiants marocains de retour d'Ukraine. Selon Abdellatif Miraoui, les étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie seront intégrés dans les universités privées marocaines sur concours. Une solution qui est loin d'être appréciée par les concernés qui revendiquent une intégration d'office dans les universités publiques du Royaume. Une demande qui est jusqu'à présent moins convaincante pour les responsables au sein du département de tutelle. Pour les représentants des étudiants marocains, c'est principalement l'encombrement des facultés publiques et des hôpitaux universitaires ainsi que les places limitées et très concurrentielles au diplôme de spécialité qui restent parmi les entraves pour leur pleine intégration dans les trois filières scientifiques concernées. Ce sont d'ailleurs les mêmes facteurs qui auraient poussé Miraoui à favoriser l'option de l'intégration des étudiants d'Ukraine dans le circuit privé, plutôt que dans le public. Une ambition irréalisable Si les étudiants marocains d'Ukraine ambitionnent, depuis leur arrivée au Maroc, d'intégrer les universités publiques du Royaume, les étudiants en médecine n'ont pas cessé d'exprimer leur rejet de cette alternative. Pour eux, il s'agit d'une solution qui affecte négativement la qualité de la formation. La Commission nationale des étudiants en médecine a indiqué dans ce contexte que «le principe constitutionnel d'égalité des chances, et la qualité de la formation médicale théorique et pratique représentée dans les formations hospitalières qui connaissent une surpopulation sans précédent, sont des lignes rouges qu'il ne faut enfreindre sous aucun prétexte». C'est ainsi que le chemin a mené vers l'intégration des étudiants en médecine de retour d'Ukraine dans les écoles privées et non dans les universités publiques comme l'espère encore les parents des concernés. Mina ELKHODARI