Quand un club est souffrant, on s'en rend compte vite fait, à travers une analyse de son effectif. Jeune, moins jeune, expérimenté, constitué de gens du terroir ou recrutés dans d'autres clubs, avec tout ce que cela impose comme problèmes d'identité, d'intégration et de sacrifices. L'âge, l'agent, l'argent et les gens Tout cela implique la vérité du stade et aussi du terrain, l'aire du jeu, le gazon, là où s'exprime la personnalité du club, Rajaouie en l'espèce. A travers la «Deka Deka», qu'on assimile au «tiki taka» cher à Johan Cruyff et au Barça, du temps de la soumission du club catalan à l'école hollandaise. Du Père Jego à Faouzi Benzerti, beaucoup d'eau à coulé sous le pont du Raja, emportant sur son passage, toute une longue histoire, faite de hauts et de bas, mais déterminante à partir de la dernière décennie du siècle écoulé. Avec un maximum d'exploits, hissant l'équipe au rang de la concurrence ambiante, du réalisme et du résultat obligatoire. Et qui a propulsé le club au rang de la mondialité. D'ailleurs c'est ce qu'on attend de Faouzi Benzerti, le doyen des entraîneurs maghrébins, arrivé au Raja, pour un deuxième mandat, à l'âge où Ba Lahcen Tounsi, Père Jego quittait les Verts et ce bas-monde. Benzerti, le doyen, sur les traces du Père Jego «Tounsi» Outre Benzerti II, le Raja a ouvert son coeur, à un président, sorti de nulle part, un «étranger» au Raja, qui se targue de vouloir décapiter l'ogre de la dette ou, au moins le dompter. Il s'agit de M. Aziz El Badraoui, né à Rabat le 12 décembre 1970, homme d'affaires, président du Raja Club Athletic depuis le 16 juin 2022. Une date à retenir au vu de la nature d'une alternance forcée et basée sur une légitimité issue des supporters. On ne vous en dira pas plus, car il a réussi l'exploit de taper à la bonne porte, là où niche un collège d'adhérents, grands connaisseurs et décideurs cautionnés et par les associations de supporters et par le Conseil des sages. C'est ce Conseil qui faisait la pluie et le beau temps, jusqu'à l'arrivée du jeune Mohamed Boudrika aux commandes, qui a imposé une gestion personnelle, avant de s'éclipser et léguer le passif qu'on sait. Il est revenu au sein du Bureau fédéral par la fenêtre, après en avoir démissionné et sorti par la grande porte. On constatera que le football constitue désormais un tremplin pour tous ceux qui sont tentés par une carrière politique. On ne sait pas si c'est le souci du président Badraoui, mais c'est le cas d'autres députés qui restent invisibles, à propos de la production législative et particulièrement d'une loi 30-09, frappée de caducité et qui a fait son temps. Aziz Badraoui, lui et lui seul, a glané le soutien inconditionnel des Ultras, et des milliers pour ne pas dire des millions de supporters, fatigués de voir les dettes tout le temps reconduites, par des dirigeants technocrates, mais sans portefeuille garni. Même si, au passage, ils ont réussi de bons résultats en coupes de la CAF et en Coupe Arabe. Badraoui seul avec ou contre tous ? Badraoui, lui, a profité de cette situation (où on a été peu regardant à l'égard des textes!), pour s'imposer comme président providentiel. Les supporters rajaouis, lassés, l'ont investi de tous les pouvoirs. Outre la gestion financière, des infrastructures, des problèmes liés à la formation, aux recrutements lors du mercato (surnommé chez nous Morocotto !), et il n'y a jusqu'à la billetterie qui ne préoccupe le nouveau président. Qui a constitué un nouveau comité, avec trois femmes, dont la fille de feu Abdelaziz Lemsioui, seul fil qui lie ce nouveau président au passé. Il se veut enfant inné, mais il a été l'auteur de recrutements, qui s'avèrent ratés et imposent de revoir les choix suivis, en faisant du passé table rase et en ramenant quelques joueurs qui sont loin de valoir Metoualli ou Benhalib. On n'oeuvre pas ainsi en football et beaucoup de Rajaouis prient pour que le Raja reste la propriété de tous les Rajaouis. Et peut-être faudrait-il s'adapter au désormais président, qui parle plus vite que son ombre, dans le langage rajaoui de la zone Magana, «je suis Jrada et j'en suis fier!», dit-il en attendant le printemps rajaoui.