En cette période de pré-reprise de la saison botoliste, tout le monde est prêt, ou presque, pour le jour «j». Celui de la joie de reprendre la route des stades. D'ailleurs, nos enfants sont capables de parler beaucoup plus foot avec force savoir, que culture générale. La Noukta de la saison nous vient du foot, avec ce père qui gronde sa progéniture, qui a échoué au bac en l'accusant de s'être préoccupé beaucoup plus de football que de cours et de leçons : «T'es fier de toi maintenant pour me faire souffrir, tu rates ton bac et même le Raja a tout perdu : le championnat, la Coupe et la champions league!». Le Raja, qui est en train de vivre une nouvelle expérience, inédite, avec un nouveau président, inconnu au bataillon et qui opte pour la table rase. Adieu la légitimité, bye bye la légalité, bonjour tristesse! Le prototype du Rajaoui d'en bas On aurai vu le côté vide du «vert» (couleur du Raja !), si le président n'avait mis la main à la poche, pour apaiser les humeurs et la colère d'un public désormais aux commandes et qui est aujourd'hui seul faiseur et défaiseur de comités. Le public a contraint l'ancien Bureau à s'éclipser, sans être venu à bout d'une seule misérable saison (8 mois), sur un long mandat. Il est vrai que tout au long de son Histoire, le Raja a vécu des chamboulements hors normes, avec deux comités, deux équipes, des grèves, abandon de terrain, des forfaits, des dérapages, des contestations, des conférences de presse, des AG marathoniennes avec des orateurs de talent, Me Maâti Bouabid, le Père Jego, Me Abdellatif Semlali, Me Abdelwahed Maâch, au point que cela constitue et réfère, in fine, à la personnalité intrinsèque du Raja. On vous répondra toujours, c'est le Raja et nul autre n'oserait pareille débandade. Qui peut se permettre de faire d'un illustre inconnu une star, en un temps record, rien qu'en se déclarant Rajaoui voire président du Raja. En répondant positivement au cahier des charges informel, qui impose deux critères aux yeux des affidés : - Un entraîneur de haut niveau ; - Et des recrutements à la hauteur d'un club qui ne se suffit pas de l'animation du championnat, mais qui multiplie les exploits en compétitions locales, arabes, africaines, afro-asiatiques et en Coupe du monde des clubs. Voilà les défis auxquels sera confronté le nouveau président du Raja, transfuge, self-made-man, issu du monde pré-rural, fils d'un militaire, c'est-à-dire le prototype du Rajaoui modèle, anonyme, un être normal. Criquet et fier de l'être Qu'il vienne d'ailleurs, on s'en préoccupe peu ou pas du tout, car il s'est converti aux couleurs d'un club qui se revendique des criquets, «Jrades». Et qui viennent de partout, dans un club «3alami», mondial. On peut ne pas être d'accord avec les méthodes du nouveau président, mais il a su, à force de bains de foules et de tournées dans les stades, approcher et caresser les supporters les plus intransigeants en se revendiquant, sans complexe, comme nouvelle recrue. Mais recrue qui a les moyens de ses promesses et n'hésite pas à sortir son chéquier personnel. Il rappelle Louis Nicolin de Montpellier qui, lors d'une visite à El Jadida, au DHJ, avait promis de sponsoriser la totalité du football marocain, en échange des «Poubelles ». Poubelle est le nom d'un préfet parisien, Eugène converti dans le nettoyage urbain, de ramassage et de retraitement des déchets et des vieilleries, un métier des plus nobles, n'en déplaise aux détracteurs du président Aziz El Badraoui ! Arrivé subrepticement au Raja, il devient populaire vite fait et est hissé au rang de premier vice-président de la Ligue professionnelle, (LNFP). Au moment où le député reconverti dans la politique, Mohamed Boudrika, rejoint la Fédération, en tant qu'assesseur, au nom du Raja. Tout autant que Saïd Naciri, démissionnaire de la présidence de la Ligue. Il a invoqué des raisons personnelles, mais comme pour Hicham Ait Menna, du Chabab de Mohammédia, on interdit désormais le cumul des postes, en portant plusieurs chapeaux et en étant au four et au moulin, juge et partie. Il est vrai qu'il y a à cela des contraintes objectives, car le football dit d'élite est confronté à une loi copiée sur le modèle français et qu'on a retouchée pour l'imposer au réel marocain. L'alternance entre principe juridique et réalisme Comme pour le scrutin de liste, l'assujettissement à deux mandats pour préserver l'alternance et l'adhésion préalable de deux années, avant de revendiquer l'intégration d'un comité. Tout cela a été ignoré, lors de l'élection de M. Abdeslam Belakchour, autre transfuge, à la tête de la LNFP. On se rend compte que la réalité du football impose beaucoup plus la légitimité que la légalité. On ne va tout de même pas se passer d'un Fouzi Lekjaâ, membre du Comité exécutif de la CAF et du Conseil de la FIFA, pour cause d'alternance !? Les choses sont plus complexes et finalement c'est le réel qui s'impose, contre le droit et les règles du football. Sans aucune possibilité de recours. La presse, qui devrait poser ces problèmes est elle-même gangrénée par des pratiques clientélistes, anachroniques et indignes de médiacrates, qui font la leçon de l'éthique, à longueur de journées et ignorent que la charité (bien ordonnée) commence par soi-même.