Le Wydad est, de nouveau, traversé par une grave crise qui revêt plusieurs caractéristiques, dont celle (innovente?) de la manifestation collective, devant le siège du club portant le nom de Hadj Mohamed Benjelloun Touimy, son fondateur avec Ba Lahcen Tounsi alias Père Jego. 76 ans, l'âge de la déraison C'était le 8 mai 1937, c'est-à-dire il y a de celà 76 ans. On aurait aimé que cet anniversaire soit fêté en hommage aux fondateurs mais la compétition et le résultat ou le défection de réussite, semblent l'avoir remporté contre l'histoire! Bien sûr, la contestation n'est pas l'apanage du seul WAC puisque tous les clubs d'élite sont rongés par des crises financières latentes. Et on n'a pas besoin d'être un expert financier pour le deviner, avec un mercato de plus en plus cher et qui est soumis à une spéculation largement supérieure à la demande réelle. Au profit des agents et des joueurs stars, au détriment de la formation et de la production de godasses domestiques. Il serait intéréssant, à ce propos, de revenir sur les notions de club (Nadi), de couleur et d'identification à une entité collective pour comprendre la déliquescence du capital référentiel, à l'origine de dysfonctionnements portant sur les résultats notamment. Le WAC est,certes, isolé mais cela vient de sa stature de club d'avant-garde, qui a souvent occupé le leadership sous le Protectorat et à l'ère de la post-Indépendance avec l'ASFAR et, plus tard, le Raja, le MAS, le HUSA, etc. D'où cette exigeance manifestée aussi bien par ses supporters que ses adversaires. Le WAC de la contestation d'hier a aujourd'hui Ce phénomène de la contestation est d'ailleurs très ancien, dans l'histoire d'un club né de la contestation et dans la contestation, y compris lors de sa fondation. Avec grand tact et diplomatie de la part du duo Benjelloun Touimy-Père Jego, le glaive d'un côté et la plume de l'autre. Saïd Saddiki «Azizi» aimait à rappeler que le Père Jego appréciait la lecture de Mallarmé mais n'était pas désarmé en culture tactico-technique. En ces temps où les jeunes investissent l'espace public et les réseaux sociaux, savent-ils que les fondateurs ont souffert de «pronunciamentos», que ce soit dans le cas de Benjelloun Touimy, du Père Jego, de la Triplette et particulièrement Driss Joumad, le président Ahmed Harizi, Abderrazak Mekouar, le Dr Abdelmalek Sentissi, Boubker Jdahim, El Mandjra, Fechtali et, aujourd'hui, Abdelilah Akram. Pratiquement aucun n'a profité d'une véritable alternance, ce qui a participé à la division de la famille du WAC et Harizi n'a jamais accepté de se réconcilier avec ses «ennemis jurés» comme il aimait à le répéter et ce jusqu'à son décès! C'est que le football ne s'est jamais cantonné dans une vision sportivo-sportive, comme dans le cas du Wydad lié corps et âme au Mouvement Nationaliste. Beaucoup portaient le Tarbouch Watani, à l'image du Père Jego qui l'a gardé jusqu'à la fin. Lui non plus n'a pas échappé au limogeage, suite à un putsh de la Triplette et particulièrement de Driss Joumad qui avait émis le voeu de présider aux destinées du WAC aux lieu et place de...Abderrazak Mekouar. Père Jego réveille-toi ! On n'oubliera jamais cette (autre) soirée où Hadj Mohamed Benjelloun, à quelques années de sa disparition, était venu user de son charisme de vieux leader fondateur, pour inciter des supporters en colère, à s'unir autour du Président Mekouar avant de déchanter et de partir sans se retourner et ne plus jamis s'occuper de football! Il s'était eclipsé après s'être rendu compte que son discours ne connotait plus avec une nouvelle génération rompue à d'autres soucis et d'autres valeurs que celles qui ont présidé à la fondation. Est-ce le cas de Abdelilah Akram, soumis à un ballottage loin des urnes et victime de la pression de la rue? La rue contre le stade, puisque les contestataires ont réussi la désertion des tribunes et de la zone «Fraimija» avec en prime la privation du club de recette. Et cela a eu lieu à l'occasion du derby SVP, autrement dit «Père Jego, réveille-toi...»! La stratégie de la contestation semble avoir porté, malgré les manifestations organisées qui continuent, après l'intervention de quelques sages paraît-il forts de leur légitimité historique. -Le tarif des adhésions rétrogradera à 5000dh au lieu de 20.000 dh avec une grande souplesse au niveau de la cooptation -Les candidatures seront ouvertes à tous les adhérents, sous certaines conditions, y compris pour la présidence du club. Il n'y aura pas de candidature unique. Beaucoup parmi les connaisseurs des AG savent qu'il est difficile de déboulonner un président en comptant sur les seules urnes. Surtout que même dans le cas du plébiscite, on trouve rarement sinon jamais un successeur, un dauphin qui ne soit pas perçu comme adversaire. C'est quasi impossible, surtout que notre système est encore amateur, même si les joueurs et les entraîneurs ont changé de statut. Pas les dirigeants, toujours soumis à la vox populi et condamnés à subir la pression du public, tant que le club n'est pas premier et champion. On se rend compte que le concept de démocratie, transposé au monde du football, procède beaucoup plus de l'idéal que de la réalité et il est rare que la recette prenne, car il faut du temps en l'espèce pour garantir la continuité et permettre la réconciliation. C'est-à-dire tout le contraire de l'immédiat exigé, à propos du résultat tant souhaité et sollicité! On peut faire ce constat, à propos de la situation interne au WAC, mais qu'en est-il du fonctionnement institutionnel d'un football pris en otage par le système des adhérents, aujourd'hui dépassé. Quand on avait adopté ce système, on voulait se débarrasser des joueurs électeurs, pour en faire des salariés et plus tard des contractuels. La recette s'est montrée concluante, mais pas dans le cas des adhérents qui, après avoir animé les AG et les élections, semblent s'être transformés en groupes de pression, soucieux d'intérêts clanistes, plus portés sur la reproduction d'une caste et la préservation d'intérêts que de la dynamisation du système footballistique, tant au niveau légal, financier que sportif. La réflexion devrait être engagée à ce niveau, même s'il s'agit d'abandonner le système des adhérents pour celui des socios, à la marocaine!