Aujourd'hui, on évoque beaucoup la mémoire de feu Abderrazak Mekouar, l'ex-président du Wydad qui aura connu toutes les joies et toutes les déceptions de la vie d'un dirigeant sportif. Le 14 janvier dernier, en la douloureuse circonstance du décès de Ahmed Harrizi, on évoqua aussi la figure de cet homme pour qui le Wydad fut une école et un combat. Le hasard aura voulu que Mekouar et Harrizi aient eu en commun le Wydad mais avec des parcours et des caractères si différents que cela souleva, à l'époque, des polémiques violentes qui désormais n'existent plus que dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette époque. Avec Harrizi, le Wydad remporta titre de champion et une première Coupe du Trône après 5 finales perdues. Mais c'était en 1971 ; la rigueur et les principes de Si Ahmed, homme carré et nourri à l'école du sacrifice et du militantisme, ne plaisaient pas à tout le monde au Wydad. En particulier à Boubker Jdahim, alors jeune dirigeant aux idées modernes et qui était rentré au premier bureau fédéral de la FRMF de l'après Mondial 70, c'est-à-dire un B.F né d'une assemblée générale authentique, celle de l'après Ahmed Antifit qui jusqu'à présent imposait ses quatre volontés aux clubs. Jdahim ne se cachait pas pour dire que Harrizi était dépassé et ce dernier ne se laissait pas faire. En 1974, Abderrazak Mekouar arriva au Wydad (grâce à un gros travail en coulisses de Jdahim) après une assemblée générale où les partisans de l'un et de l'autre faillirent en venir aux mains. Harrizi calma le jeu en disant qu'il se retirait et Mekouar fut élu et un seul dirigeant manifesta vraiment de la solidarité envers Harrizi, ce fut Haj Lamfadel Benjelloun dont on ne parle plus guère aujourd'hui et qui a été trésorier du Wydad, président de la Fédération de natation et chef de cabinet au ministère de la Jeunesse et des Sports lorsque Tahiri Jotti, un autre wydadi, sera nommé ministre. Abderrazak Mekouar arriva donc au Wydad et très vite il le marqua de son empreinte. Quelques mois seulement après sa prise de fonction, le Wydad jouait un match international amical, au Stade d'Honneur (ancêtre du complexe sportif Mohammed V) et l'adversaire n'était autre que le F.C. Barcelone. Le Barça, version Johan Cruyff la vedette de l'Ajax d'Amsterdam et de l'équipe de Hollande. On était en 1974, et Cruyff avait quelques mois auparavant conduit le Barça au titre de champion et joué avec la Hollande, la finale de la Coupe du Monde contre l'Allemagne (match perdu 2-1). La venue du Barça à Casa, grâce à ce tout nouveau dirigeant, Abderrazak Mekouar, fut un événement considérable. Mais ce n'était que le départ d'une quantité d'actions que Mekouar allait lancer pour le sport et le football marocain. L'une de ses grandes œuvres, le complexe du Wydad, aujourd'hui complexe Mohamed Benjelloun, allait créer les plus grands tourments à Mekouar, allant jusqu'à altérer sa santé. Ahmed Harrizi qui trouvait la gestion de Mekouar dispendieuse ne cessait de dénoncer l'action de Mekouar et Boubker Jdahim résumait la situation ainsi «ce sont deux caractères différents qui ont chacun leur manière de voir le football». Les deux méthodes ont du bon, et il est dommage que ces deux hommes ne se soient jamais entendus de leur vivant. Mais il auront tous deux marqué l'Histoire du Wydad, une Histoire et une Mémoire qui aujourd'hui sont aujourd'hui sur les épaules de Boubker Jdahim, Wydadi pur et dur et qui a bien connu les deux présidents. Le Wydad qui, par la plume de son comité actuel a rendu un vibrant hommage à Ahmed Harrizi dans son message de condoléances. Le Wydad n'a pas oublié Harrizi, même si aujourd'hui les jeunes générations n'en ont aucun souvenir. Le Wydad a l'intention, il l'a déclaré à l'époque, d'organiser une soirée du souvenir et du recueillement où sera évoquée la mémoire des 2 regrettés présidents. Rivaux dans la vie, mais unis dans la mort… Ce sera là, encore une fois, une magnifique leçon comme quoi sur cette terre, il faut savoir dépasser les rivalités de toutes sortes pour aller à l'essentiel. Car comme l'écrivait Victor Hugo : «Tout passe, tout casse, tout lasse… sauf le souvenir».