Co-fondateur du Wydad de Casablanca, père spirituel de son rival traditionnel le Raja, Père Jégo est l'une des figures qui a marqué la mémoire de la métropole. Voici 5 choses que vous à découvrir sur ce personnage haut en couleurs dont l'ouvrage « Autodidacte Soussi de Casablanca » de l'historien Omar Amrir lui consacre un chapitre. Il n'est pas né à Casablanca Contrairement à une idée répandue, Père Jégo n'est pas né à Casablanca. Son père d'origine soussie de la tribu d'Issafen avait voyagé vers la fin du 19e siècle à Tunis pour étudier puis commercer, et c'est là où Mohamed Ben Daoued El Ouaddani Tounssi alias Père Jégo a vu le jour en 1900. Après la mort de sa mère tunisienne, Père Jégo âgé alors de 5 ans quitte la Tunisie avec son père pour le Maroc. Il habiteront durant quelques années à Casablanca puis déménageront à Essaouira où le petit Jégo poursuivra ses études dans un établissement d'enseignement juif. Elève de Lyautey Père Jégo grandit et son père décide de revenir à Casablanca pour se lancer dans le commerce. Il inscrit son fils au Lycée Lyautey à Casablanca. En 1918, il est le premier élève d'origine marocaine à décrocher un baccalauréat dans un lycée français. Père Jégo poursuit ses études aux côtés de Régis Blachère grand penseur orientaliste français. L'origine de son surnom Père Jégo doit son surnom à un autre joueur français de l'époque du protectorat nommé « Jego », raconte Omar Amrir dans son ouvrage, et à qui il ressemblait aussi bien en terme de taille que de style jeu.
Père Jégo décoré vers la fin des années 50 par le roi Mohammed V. Crédit DR
« Le Wydad a agi et le Raja va réagir » Après avoir créé le Wydad de Casablanca en 1939 avec plusieurs figures nationalistes dont Mohamed Benjelloun, Père Jégo se sépare du club rouge pour des raisons inconnues à ce jour et décide de créer le Raja de Casablanca. « Il répétait toujours sa fameuse phrase: je veux guider un club qui partagera l'air de Casablanca avec le Wydad » écrit Omar Amrir, ajoutant: « il disait également que le Wydad a agi et le Raja va réagir », une référence aux motivations qui l'ont poussé à créer un rival au WAC. Le tarbouch à mille signes Père Jégo, alors coach du Raja de Casablanca, prend pour modèle le football sud-américain, qu'il a découvert lors de ses multiples voyages au Brésil. Il introduit chez les verts un football tourné vers le spectacle, faisant du tiki taka une identité du club surnommé alors « Raja l'fraja" (Raja le spectacle). « Les capacités physiologiques des Marocains se rapprochent davantage de celles des sud-américains que des Européens. Il est donc plus logique de s'en inspirer », justifie alors Père Jégo. Le grand-père des rajaouis avait également ses astuces propres en tant qu'entraineur. Omar Amrir raconte que Père Jégo se servait de son tarbouch pour commander ses joueurs sur la pelouse. S'il mettait son tarbouch penché vers la gauche, cela voulait dire que son équipe devrait accentuer les attaques sur le même côté de l'adversaire, et vice verca. Pour inciter ses joueurs à faire du pressing, Jégo descendait son tarbouch sur les sourcils, et le remontait pour qu'ils reviennent en défense, des signes que le coach apprenait à ses joueurs lors des entrainements.