Cette finale de la Champion's League revêt plusieurs caractéristiques, dont certaines relèvent de l'extra-sportif. Et on s'y attendait, connaissant la puissance et l'impact des médias égyptiens, surtout sportifs, qui, relevant de l'économie ludique, ont pris le relais d'une presse autrefois indépendante… du temps du multipartisme. Aujourd'hui, le sport et particulièrement le football et les grands clubs, comme Al Ahly et Zamalek, et, épisodiquement Al Masry, Pyramids et Arab Contractors occupent le devant de la scène. Clubs historiques avec Al Hilal et Al Marrikh, du Soudan et le RAC chez nous, ils sont centenaires et passent pour être les doyens du football continental, au même titre, d'ailleurs, que l'Espérance de Tunis. Le Wydad n'est pas un intrus, au vu d'un long parcours, qualitativement impressionnant, quand on veut bien se rappeler que ce club est le produit du Mouvement national, avec des spécificités qui lui ont valu la dénomination de «Wydad Al Umma». Pour rappel, à chacune de ses participations en Coupe d'Afrique du Nord ou lors de ses prestations en Algérie ou en Tunisie, il suscitait enthousiasme et mobilisation parmi des publics totalement acquis aux causes nationales maghrébines. Le foot ne se suffisait pas de spectacles exclusivement sportifs, mais était une forme d'expression offrant, notamment, une tribune de choix aux nationalistes. Parmi ceux-ci, on peut citer Hadj Mohamed Touimy, alias Chocolat et Ba Lahcen Tounsi Al Affani, alias Père Jego, l'intellectuel du football. Outre les dirigeants du club, le WAC disposait de grands joueurs, dont la Triplette Abdeslam, Chtouky et Driss Joumad. Pour rappel, ces trois joueurs furent sollicités par le FC Barcelone, mais déclinèrent l'offre sur instruction du Prince Héritier de l'époque, Moulay Al Hassan, qui leur rappela que «le Maroc avait besoin d'eux». Ils s'exécuteront dans l'immédiat et s'expatrieront, plus tard, pour jouer en professionnels en France. Nous rappelons cette histoire de manière linéaire, sachant que les épopées du Wydad dépassent la synthèse, mais en vue de donner une légitimité, que nous espérons positive, aux ultras et supporters Wydadis, qui sont appelés à donner une image modèle à même de faire honneur au Rouges. Le but étant aussi de dépasser toute frustration, qui signifierait une démission face au palmarès impressionnant d'Al Ahly, en Champion's League et ses dix trophées. Zamalek vote pour le Complexe Mohammed V contre Al Ahly Quand on parle d'Al Ahly, on pense automatiquement à son rival et «frère ennemi Cairote», le Zamalek, et à son virevoltant président, Mortada Mansour. Ce dernier a, d'ailleurs, voté pour l'organisation de la finale de la Champions League au complexe sportif Mohammed V, au moment où Al Ahly réclamait un terrain «neutre», sauf que le choix a été fait, à la sortie des éliminatoires des groupes, avant que l'on ne connaisse les favoris de l'édition 2022 et qu'Al Ahly a oublié… de déposer sa candidature, remuant a posteriori ciel et terre, et engageant des recours devant la CAF et même le TAS, en appelant à jouer la finale en terrain «neutre». Tout cela relève de la légalité, des statuts et règlements de la CAF et on rappellera que le WAC avait fait de même, quand il avait été privé du trophée, face à l'Espérance de Tunis par ce qu'il est convenu de qualifier «le forfait de la VAR» ou encore «la VAR dans le fruit». Mais jouer à Casablanca, est-ce vraiment un avantage? Pas forcément, car la CAF est devenue plus exigeante en matière de contrôle et, aussi, de sanctions, sous le regard ett l'implication de la FIFA. Il est vrai que les Ultras du WAC réussissent des tifos spectaculaires et des chansons motivantes, en conviant le meilleur de l'histoire wydadie, d'hier à aujourd'hui. Mais rien ne prouve que cela impactera outre mesure le moral des joueurs d'Al Ahly, habitués de ces confrontations qui se jouent d'abord et surtout sur le terrain ! Pour un troisième sacre Tout le reste est affaire de coaching mental et à ce propos, Walid Regragui, le coach du WAC, a gagné suffisamment en expérience et en savoir, pour contrer le club cher au «Captain Mahmoud Al Khatib», l'ancienne vedette du foot égyptien et actuel président d'Al Ahly. Le WAC est à la recherche d'un troisième sacre, après en avoir raté plusieurs, surtout en demi-finale, face au même Ahly et au Kaiser Chief. Pourtant, le club sud-africain était largement prenable, face à des Casablancais supérieurs mais qui avaient manqué d'inspiration, ce jour-là. Al Ahly en a tiré profit, au même complexe Mohammed V, à Casablanca où il s'est imposé facilement. Il faut rappeler que les Cairotes ont eu droit au soutien des Casablancais, Wydadis et Rajaouis, car on a ses préférences, certes, mais en dernier lieu c'est le foot qui s'impose ! On n'oubliera pas que les relations clubistes entre Wydad- Raja et Ahly-Zamalek n'ont jamais été aussi solides, avec les transferts de nos meilleurs talents les Banoun, Bencherki, Azarou, El Karti, Onajem et Aheddad… On le voit, le football maroco-égyptien évolue vers des échanges fructueux pour les deux parties et permet des rapprochements entre les dirigeants, au plus haut niveau. Le public en embuscade Le Maroc et la Fédération royale m!arocaine de football vont certainement profiter de ces échanges, que ce soit au niveau des entraîneurs avec Hassan Chehata, l'entraîneur le plus titré en Coupe d'Afrique des Nations (et qui est passé par le Difaâ d'El Jadida), Tarek Mustapha, Mohamed Fathi… On peut multiplier les exemples et l'avenir évoluera certainement dans ce sens, avec le système spécifique égyptien, dans un pays où ont transité de grandes stars africaines, telles que Antoine Bell, Abedi Pelé à l'Arab Contractors ou Lamine Bout, Samba Fall au Masry Port saïd. Peu de gens savent qu'ils ont débuté dans le star-system égyptien. Le WAC devrait, d'ailleurs, voir du côté de ces joueurs qui ne sont pas des remplaçants éternels et des locataires des bancs de touche. Il n'en reste pas mois que le Wydad sera cependant favori, grâce à son public, incontestablement l'un des meilleurs du monde ! Belaid BOUIMID / Les Inspirations ECO