Des revendications se font jour pour un changement radical de la politique agricole au Maroc. Un arrêt immédiat de la culture et l'exportation des pastèques et des avocats est même demandé. Dans un contexte où le Royaume est en proie à la pire sécheresse depuis 30 ans, les appels à rationaliser la consommation en eau et à ne pas la gaspiller se multiplient. Pour faire face à un été plus chaud et plus sec que d'habitude, avec des vagues de chaleur successives qui ont provoqué des incendies dans différentes provinces, le gouvernement et les municipalités ont dû réduire le débit d'eau potable et interdire son utilisation pour le jardinage, le lavage des véhicules et le nettoyage des rues, ainsi que d'autres mesures. Un cri d'alarme
Cependant, les mouvements écologistes estiment que les mesures susmentionnées sont insuffisantes pour remédier à la pire sécheresse qui frappe le royaume depuis ces trois dernières décennies, avec des réserves d'eau à seulement 28 % de leurs capacités. Le mouvement « Maroc environnement 2050 » a appelé à un changement radical de la politique agricole au Maroc ainsi qu'un arrêt immédiat de la culture et l'exportation des pastèques et des avocats. Dans une publication sur sa page Facebook officielle, le mouvement a déclaré que le Maroc exporte sa ressource naturelle la plus précieuse, les eaux souterraines, à l'étranger. Dans le même sens, le mouvement a souligné qu'un kilogramme de pastèque planté dans le désert consomme 45 litres d'eau en cas de recours à la technologie de distillation, cela signifie qu'une pastèque pesant 10 kilogrammes peut consommer 450 litres d'eau douce. Selon la même source, chaque pastèque contient plus de 80 % de son poids en eau, cela signifie que pour 10 kg de pastèques exportées à l'étranger, une quantité équivalente à 8 kg d'eau souterraine non renouvelable est transférée. Outre la pastèque, le mouvement a signalé qu'un seul kilogramme d'avocat consomme jusqu'à 1000 litres d'eau, sans parler de centaines de milliers de tonnes cultivés et exportés chaque année, la chose qui représente un grand danger pour la continuité de la vie pour nous et pour les générations de demain. Selon « Maroc environnement 2050 », cela suscite plusieurs questions : « Avons-nous besoin de ces produits au Maroc pour vivre ? Avons-nous besoin d'exporter ces produits et est-il raisonnable d'exporter de l'eau alors que notre pays souffre d'une pénurie en cette denrée ? ». Le mouvement a indiqué que la seule réponse valable est la modification urgente de la politique des cultures intrusives. Il a expliqué que l'eau est périodiquement transférée des pays du Tiers-monde vers les pays riches par l'exportation de légumes et de fruits qui appauvrissent la couche d'eau, tels que les pastèques des pays d'Afrique du Nord vers les pays européens riches en eau, les avocats d'Amérique du Sud et du Maroc vers l'Europe et l'Amérique du Nord. Le mouvement a souligné, dans le même contexte, que ce commerce a provoqué un contrôle des sources de l'eau par certaines entreprises et particuliers spécialistes dans le domaine, et à la rareté de cette denrée ainsi que l'agriculture vivrière dans les pays du Tiers-monde pour le bien-être des pays du Premier monde en matière des fruits, au lieu d'allouer cette ressource précieuse à la culture de céréales et de légumes dans les pays pauvres. La tutelle met les bouchées doubles
Il convient de noter qu'un programme d'urgence a été mis en place en décembre dernier pour les bassins versants les plus touchés. Les mesures prises consistent en la construction de puits exploratoires pour acheminer l'eau vers de nombreuses localités, notamment à Guercif, Taourirt et Oujda, ainsi que le développement et l'amélioration de la gestion de l'eau, à travers la réduction du gaspillage d'eau dans les canaux d'irrigation. A cela s'ajoute plusieurs chantiers structurants visant à combler les pénuries d'eau, tels que la construction de stations de dessalement d'eau de mer. En effet, l'Exécutif a multiplié les efforts pour l'achèvement des projets de stations de dessalement d'eau de mer, en témoigne la station de dessalement d'eau de la ville de Casablanca, dont la capacité de traitement est estimée à 548.000 m3 par jour, soit 200 millions de m3 par an, extensible à 822.000 m3 par jour. Yassine ELALAMI