Le projet de loi-cadre relatif au système national de santé prévoit une nouvelle gouvernance avec une nouvelle architecture institutionnelle du système. L'ambition affichée est de traiter tous les aspects et toutes les problématiques dont souffre le système de santé. Le système de santé d'aujourd'hui est confronté à des défis majeurs auxquels les professionnels doivent être préparés. Le projet de loi-cadre pour le secteur de la Santé, présenté devant SM le Roi Mohammed VI par le ministre de la Santé, va révolutionner son fonctionnement à travers l'instauration et l'introduction de plusieurs réformes. Le projet de loi-cadre, validé par SM le Roi, permettra d'aborder tous les aspects et problèmes dont souffre le système de santé, a indiqué le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, samedi 16 juillet à Casablanca. Avec la conjoncture sanitaire actuelle, la nécessité de renforcer la qualité des soins de santé, ainsi que le capital humain, n'est plus à prouver. Dans cet esprit, le nouveau texte rendra le secteur plus attractif et donnera aux médecins un statut encourageant, selon l'intervention du ministre lors de la cérémonie de remise des diplômes aux lauréats de l'année académique 2020-2021 de l'Université Mohammed VI des Sciences de la Santé (UM6SS). Les dispositions de ce texte permettraient une «refonte du système de la santé» et une amélioration des conditions de travail des médecins, a-t-il relevé, faisant observer que la médecine évolue avec les nouvelles technologies et que le monde s'oriente de plus en plus vers la médecine prédictive plutôt que curative. Cette tendance favorisera, selon le ministre, l'émergence de nouvelles spécialités et la disparition d'autres, et à cet égard il salue «la contribution de l'UM6SS au renforcement de l'offre de santé» dans le pays et la promotion de formation de qualité en la matière. Les quatre piliers fondamentaux de la réforme Dans le détail, le projet de loi-cadre prévoit, en premier lieu, l'adoption d'une bonne gouvernance visant le renforcement des mécanismes de régulation de l'action des acteurs et la consolidation de la gouvernance hospitalière et la planification territoriale de l'offre sanitaire sur tous les niveaux : stratégique, à travers la création d'une Haute Autorité de la Santé, d'une Agence des médicaments et des produits de santé et d'une Agence du sang et produits dérivés du sang; central, à travers la révision des missions, fonctions et de l'organisation de l'administration centrale, et territorial à travers la création de groupements sanitaires territoriaux, chargés, entre autres, du renforcement des mécanismes de coopération et de partenariat entre les secteurs public et privé. Le deuxième pilier porte sur la valorisation des ressources humaines, notamment à travers l'élaboration de la loi sur la Fonction publique sanitaire, en vue de motiver le capital humain dans le secteur public, réduire le manque actuel en ressources humaines, réformer le système de formation, outre l'ouverture sur les compétences médicales étrangères et l'encouragement des cadres médicaux marocains résidant à l'étranger à retourner exercer dans leur pays. Le troisième pilier vise, quant à lui, la mise à niveau de l'offre sanitaire en vue de répondre aux attentes des Marocains en matière de facilitation de l'accès aux services médicaux, l'amélioration de leur qualité et la répartition équitable des services hospitaliers à travers le territoire national, via la réhabilitation des structures sanitaires primaires, la mise à niveau des hôpitaux, l'instauration de l'obligation de respect du parcours de soins, en plus de la création d'un système d'homologation des établissements de santé. Quatro, la digitalisation du système de santé, en mettant en place un système informatique intégré pour le regroupement, le traitement et l'exploitation des principales informations ayant trait au système de santé. Les étudiants en médecine et pharmacie entre grèves et griefs Depuis le début de l'année universitaire, la Commission nationale marocaine des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie milite pour l'amélioration de la vie estudiantine et la composition même des étudiants de ces filières dans les universités publiques. Comme annoncé il y a quelques semaines par la Commission nationale des étudiants en médecine (CNEM), les futurs médecins ont observé, début juillet, une grève nationale des stages, gardes et cours de TP et TD. Cette grève a été suivie d'un sit-in devant le Parlement. Les failles que ces étudiants ont évoqué sont la qualité de la formation dans leurs Facultés, la suppression d'une année du cursus en médecine, et l'insuffisance des opportunités de stages.. Par ailleurs, la CNEM a rappelé que les ministères de tutelle ont promis un programme contractuel entre le ministère de la Santé, de l'Enseignement supérieur et des Finances en présence du Chef du gouvernement, qui répondrait aux besoins des Facultés et des hôpitaux selon des pourcentages logiques, notant qu'elle attend la concrétisation de cet engagement. Pour ce qui est des bourses et indemnités, la CNEM indique que, selon le ministère de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur, le ministère des Finances a validé la requête d'augmentation du budget (après son épuisement) alloué au paiement des indemnités impayées (6000 dirhams) qui seront versées dès leur réception par le ministère des Finances pour les étudiants en médecine et pharmacie, avec le décaissement de la totalité des indemnités dues (2000 dirhams) pour les étudiants en médecine dentaire - 2015. Aussi, a-t-il été confirmé que cette dernière indemnité est dans les dernières étapes de son achèvement avant son décaissement appelant ainsi toute personne ayant changé de compte bancaire de fournir au ministère de la Santé le nouveau RIB pour recevoir l'argent. Minhaty, cette bourse de l'enseignement supérieur, demeure le Talon d'Achille de ce bras de fer avec le gouvernement. Toujours selon la Commission, les 24 et 25 juillet ont été fixés comme délai des trois versements au profit des étudiants de dernière année. Un point qui n'a été soulevé que furtivement, selon leur communiqué. Safaa KSAANI Le Maroc souffre d'un manque de 32.000 médecins
Le Maroc fait face depuis plusieurs années à une pénurie de professionnels de santé, mise en évidence par la pandémie de la Covid-19. Dans ce contexte, le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) a alerté sur ce phénomène, dans son rapport intitulé «Effectivité du droit à la santé : défis, enjeux et voies de renforcement», portant sur le manque flagrant des professionnels de la santé. S'appuyant sur les normes de l'Organisation Mondiale de la Santé, le Conseil National des Droits de l'Homme a signalé que le déficit en nombre de cadres de santé s'estime à plus de 32.000 médecins, 23.000 étant seulement en exercice. Le Maroc a également besoin de plus de 65.000 professionnels de la santé (infirmiers, techniciens...), estime le Conseil. «Malgré les efforts consentis, l'Etat n'est toujours pas en mesure de garantir la sécurité sanitaire aux citoyens, dans toutes ses dimensions économiques, sociales, environnementales et culturelles, que ce soit en termes d'accès aux services de santé ou d'élaboration d'une stratégie sanitaire qui réponde aux besoins nationaux». Telle est la principale conclusion dudit rapport.