Ils sont au tout premier rang dans la lutte contre le coronavirus (Covid-19), mettant leur santé en péril pour sauver celle des autres, à l'instar de tout le personnel soignant. Les étudiants médecins ont fait preuve d'une mobilisation sans faille. Toutefois, ils reviennent à la charge et annoncent désormais le début d'"une bataille pour la dignité jusqu'à l'amélioration de la situation financière des médecins internes des hôpitaux provinciaux et régionaux". Accueil des personnes suspectes, dépistage des symptômes de la maladie, mise en quarantaine pour les personnes contaminées tout en restant à leur chevet... les futurs médecins se sont mobilisés de leur plein gré dans cette bataille contre le coronavirus, notamment, aux niveaux des urgences, des équipes spécialisées "Allô SAMU 141", des services de réanimation… Maintenant que le Maroc a réussi à « éviter le pire », comme l'a souligné le Chef du Gouvernement, les étudiants en médecine générale et dentaire affichent leur mécontentement, dans un communiqué publié ces derniers jours, au nom de la Commission nationale des étudiants en médecine (CNEM), annonçant le début d'"une bataille pour la dignité jusqu'à l'amélioration de la situation financière des médecins internes des hôpitaux provinciaux et régionaux". Selon le coordinateur national de la CNEM, Oussama Bouayad, « Plusieurs points importants de l'accord conclu le 28 août 2019 avec le ministère de la Santé et le ministère de l'Education nationale n'ont pas encore vu le jour, 8 mois après la signature de cet accord», s'agissant du document sur la base duquel les étudiants en médecine, médecine dentaire et en pharmacie, avaient rompu le mouvement de boycott des cours théoriques et pratiques et des examens universitaires. Les futurs médecins demandent également que le post-covid-19 soit consacré à l'état des lieux du système de Santé au Maroc et à l'écoute des doléances du corps médical, à savoir, médecins, étudiants médecins et infirmiers, qui se sont éloignés de leurs familles et leurs proches tout au long de cette crise sanitaire, en se joignant à l'élan de solidarité nationale pour faire face à cette situation exceptionnelle. Pour le porte-parole des étudiants médecins, « cette pandémie devrait nous permettre d'ouvrir les yeux sur les vrais problèmes du secteur de la Santé et d'essayer de les résoudre. Pour ce faire, nous proposons quelques solutions ». Cette commission réclame ainsi « une augmentation du budget alloué aux hôpitaux et aux facultés de médecine publiques, afin qu'ils puissent être en phase avec les progrès mondiaux en matière de formation médicale et pour pouvoir accorder, ainsi, la priorité aux intérêts du citoyen marocain ». Dans ce contexte, la CNEM appelle le gouvernement à « prévoir des assises nationales autour du secteur de la Santé et la formation médicale, en intégrant toutes les parties concernées pour croiser les regards sur centaines questions touchant le secteur et établir une feuille de route constructive ». Un autre point qui fâche ces étudiants, celui de retard des bourses dédiées aux médecins internes, alors que le gouvernement s'était engagé à augmenter la valeur de ces indemnités versées aux étudiants en 7e année, jusqu'à 2.000 dirhams, à partir de janvier 2020. « Ces étudiants font partie du personnel soignant que le citoyen marocain retrouve au premier rang au niveau des urgences dans les hôpitaux de périphérie ou bien au niveau des circuits Covid-19 durant cette période de pandémie, aujourd'hui, ce sont ces mêmes personnes qui n'ont toujours pas reçu leurs bourses depuis 8 mois », explique le coordinateur national de la CNEM, rappelant que cette indemnité reste « déplorable » par rapport à l'ampleur de la mission qui leur a été confiée. Ainsi, la coordination demande au ministère de la Santé « le décaissement urgent et immédiat des droits des élèves de la 7e année de médecine comme convenu dans l'accord signé le 28 août 2019 ». Quant à la privatisation de la formation médicale, un des principaux points de discorde entre le gouvernement et les étudiants en médecine, ces derniers réitèrent leur « refus total » de cette question, en raison de « l'absence d'un cahier de charge ou d'une loi encadrant les universités de médecine privées et le manque de contrôle, de cadres et de ressources pédagogiques, qui peuvent engendrer un déséquilibre dans les deux secteurs et un vide pour les universités publiques et les hôpitaux universitaires publics ». Dans ce sens, la CNEM réclame la mise en œuvre des points consignés dans le PV de l'accord du 28 août 2019, notamment, en ce qui concerne l'application du nouveau système d'enseignement de la médecine générale et dentaire, ayant dépassé les délais promis par le ministère de tutelle. En outre, elle demande au ministère de l'Enseignement supérieur de mettre à jour le montant de la bourse «Min7ati» pour les étudiants éligibles à partir de la troisième année, comme convenu dans l'accord du 28 août 2019. Par ailleurs, les étudiants médecins annoncent ainsi la reprise de leur mouvement de contestation à partir de la date de levée du confinement, tout en respectant les mesures de précaution recommandées par les autorités publiques du Royaume. En attendant, ces futurs médecins ont choisi d'afficher leur mécontentement en portant un brassard noir lors de l'exercice de leurs fonctions au niveau des différents CHU. « C'est le moment opportun d'arrêter l'hémorragie que connaît notre système de Santé, qui ne cesse de se détériorer », indique le coordinateur de la CNEM.