« Nous sommes peut-être sur le point de réussir la bataille contre le coronavirus, mais la lutte contre les maladies et les épidémies se poursuit et le seul moyen d'y faire face est un secteur de la santé publique solide et robuste ». C'est là les premiers mots de la commission nationale des étudiants en médecine du Maroc (CNEM), après un silence qui a duré des mois, depuis la fin de leur mouvement de boycott en août 2019. À travers leur coordination, les futurs médecins, (médecine générale et dentaire), reviennent ainsi à la charge pour réclamer une refonte du système de santé, qui a révélé au grand jour ses failles pendant la crise sanitaire du Covid-19, ainsi que le paiement par le ministère la santé des arriérés des médecins internes dans les hôpitaux régionaux et provinciaux qui « mènent une bataille de dignité » pour faire valoir leur droit. Alors que les étudiants en médecine générale et dentaire avaient suspendu leur mouvement de boycott des cours et travaux pratiques au sein des différents centres hospitaliers universités (CHU) en 2019, qui a duré près de 8 mois et qui a pris fin suite à un accord avec le ministère de la santé et celui de l'enseignement supérieur, ils reviennent aujourd'hui demander à l'Etat, de « faire de la période d'après-corona, une occasion d'évaluer la situation sanitaire dans le pays et de répondre sérieusement aux demandes des acteurs du secteur de la santé, notamment les médecins, étudiants(es) et des infirmiers(es), qui ont tout donné pour leur patrie et qui étaient au front face à la pandémie, loin de leurs familles et proches ». Les étudiants en médecine insistent pareillement que si le combat contre le virus fantôme, se termine avec une victoire, « ce n'est pas grâce à l'état détérioré de nos hôpitaux publics, qui ne préservent la dignité ni du citoyen ni des employés du secteur, mais grâce aux femmes et hommes du secteur de la santé qui ont couvert le double de la capacité, et ont travaillé jour et nuit pour protéger leur pays ». À cet effet, la CNEM demande à l'Etat marocain, après la crise du Covid-19, d'organiser un débat national sur la santé et la formation médicale dans le but de sortir avec une charte nationale qui sera appliquée sur le terrain, « de réhabiliter, aux niveaux matériel et moral les cadres médicaux et de faire progresser le secteur de la formation médicale publique pour s'adapter aux changements futurs ». De même, la CNEM a réclame une augmentation du budget alloué aux hôpitaux et aux facultés de médecine publiques, afin de pouvoir suivre les progrès mondiaux de la formation médicale et de la préparer de manière à placer le citoyen marocain au centre de ses intérêts. D'autre part, la CNEM demande au chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, de reprendre les travaux du comité mixte de réforme de la formation médicale au Maroc, tout en respectant la composition de ses membres de base, exprimant ainsi sa « surprise » devant l'ampleur du retard dans ses travaux et les changements suspects de ses membres, ce qui interroge sérieusement sur son devenir et ses finalités. Toujours NON pour la privatisation de la formation médicale Parmi les revendications phares qui constituaient le dossier revendicatif des étudiants en médecine lors de leur mouvement de boycott, il y avait le refus total de la privatisation de l'enseignement public. Une doléance qui revient en force dans la note de la CNEM, vu « l'absence d'un cahier de charge ou d'une loi encadrant les universités de médecine privées et le manque de contrôle, de cadres et de ressources pédagogiques, qui peuvent engendrer un déséquilibre dans les deux secteurs et un vide pour les universités publiques et les hôpitaux universitaires publics ». L'autre doléance qui surgissait également dans le dossier revendicatif des futurs médecins et qui refait surface, concerne « le retard de paiement des cotisations des médecins internes et des étudiants en 7e année, pour une période qui atteignait parfois plus de 8 mois, dans une période où ils étaient tous impliqués dans les premiers rangs face à la pandémie, ce qui dénote une congestion des conditions à nouveau, surtout avec la non-publication d'un décret indiquant l'augmentation de la valeur des cotisations jusqu'à 2.000 dirhams à partir de janvier 2020, comme le prévoit l'accord signé entre la CNEM d'une part et les ministères de l'enseignement supérieur et de la santé d'autre part le 28 août 2019, d'autre part ». Reprise du mouvement de militantisme de la CNEM Malgré un accord signé en août 2019, entre la CNEM et leurs deux ministères de tutelles pour calmer ces étudiants qui se comptent par milliers, la coordination des futurs médecins annonce une reprise de ces activités militantes et scientifiques à partir de la date de levée du confinement, tout en respectant les mesures de précaution recommandées par les autorités publiques du Royaume. Ainsi, la coordination demande au ministère de la Santé « le décaissement urgent et immédiat des droits des élèves de la 7e année de médecine et d'acter la hausse de ces droits comme convenu dans l'accord signé le 28 août 2019 ». Afin d'exprimer leur « frustration et leur colère face à la négligence dans le paiement de leurs droits » et « réhabiliter les étudiants de la 7e année », qui étaient d'ailleurs présents dans les différents CHU du Royaume lors de cette crise sanitaire, la CNEM a indiqué que les étudiants porteront le brassard noir a compter du lundi 8 juin lors de l'exercice de leurs fonctions. L'organisation des activités de lutte aux niveaux local et régional, fait également partie du programme de la CNEM, « selon la particularité de chaque comité pour les médecins internes de chaque hôpital tout en respectant les procédures de précaution en place, et en demandant au ministère de l'enseignement supérieur de programmer des RDV pour le suivi des points consignés dans le PV de l'accord du 28 août 2019, notamment la partie relative au nouveau système d'enseignement de la médecine générale et dentaire, qui a dépassé les délais promis par le ministère ». Les futurs médecins demandent pareillement au ministère de l'Enseignement supérieur de mettre à jour la valeur de la bourse «Min7ati» pour les étudiants éligibles à partir de la troisième année, conformément au contenu de l'accord du 28 août 2019. In fine, la CNEM demande au ministère de la Santé le « paiement immédiat de l'indemnisation des étudiants externes et l'adoption d'un mécanisme mensuel de décaissement au lieu d'un retard permanent, qui affecte directement la vie quotidienne des étudiants, ainsi que la reprise du dialogue avec les différents organes politiques, syndicaux et collectifs afin de trouver une voie commune pour l'application des points du procès-verbal de l'accord en raison de ses effets positifs sur le niveau de la formation médicale au Maroc ».