A quelques jours des examens, le gouvernement tente de convaincre les étudiants en médecine et pharmacie de reprendre les études. Lors d'une récente conférence de presse, le ministre de l'Education nationale, Saaïd Amzazi, et celui de la Santé, Anass Doukkali, ont lancé un appel aux étudiants en grève depuis plus de deux mois. Les deux responsables tentent de rassurer quant à la reprise du dialogue. A condition que le passage des examens qui débutent le 10 juin se déroule sans encombre. Une proposition sans impact auprès des concernés qui ont organisé, jeudi dernier, une marche du siège du ministère de la Santé vers le Parlement. Ils campent sur leur position, sans toutefois rejeter pas le dialogue. Pour peu que la confiance soit de mise. Pour rappel, le projet d'accord soumis par les deux départements le 14 mai, a été rejeté par vote auprès des étudiants des différentes facultés de médecine (Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger, Fès et Oujda), d'après la Commission nationale des étudiants en médecine au Maroc (CNEM). Pour cette dernière, « une année blanche vaut mieux qu'un avenir noir ». Le cahier revendicatif englobe 16 demandes qui visent l'amélioration de la qualité de la formation . Les deux ministres, relayés par la MAP, ont déclaré avoir « positivement interagi avec 14 points ». Il s'agit de maintenir le statut juridique actuel du concours des médecins, des pharmaciens et des médecins dentaires internes et de permettre à ces étudiants de bénéficier du système d'assurance maladie obligatoire. Le gouvernement se montre aussi disposé à donner une suite favorable à l'augmentation du nombre de postes de travail réservés aux titulaires d'un doctorat en pharmacie ou en médecine dentaire, et ne voit pas d'objection à accorder une indemnité de fonction aux étudiants en pharmacie en 5ème et 6ème année de formation ainsi qu'aux étudiants en médecine dentaire en 6ème année. Les questions qui bloquent et auxquels s'opposent les grévistes, elles ont trait, elles, à l'ouverture d'accès aux examens d'internat et de résidanat aux étudiants du privé, ainsi que l'ajout récent d'une 6ème année au cycle d'études en médecine dentaire. Le gouvernement demande plus de temps. Les deux ministres ont estimé que ces deux points n'avaient pas de caractère urgent et « seront activés dans deux ans ». Leurs réserves, ils les lient au fait que le concours des médecins résidents « ne concerne pas les étudiants mais les médecins marocains ayant obtenu le diplôme de médecine, de pharmacie ou de médecine dentaire, y compris ceux qui ont obtenu des diplômes étrangers reconnus ». Pour eux, il est donc « impossible d'interdire aux médecins marocains de passer le concours (de recrutement) s'ils répondent aux conditions requises, comme étant un droit constitutionnel inaliénable ». Le décret relatif à l'organisation du concours des médecins, des pharmaciens et des médecins dentaires résidant sera, toutefois, révisé, promet le gouvernement. Il devra « garantir les droits et les acquis des étudiants des facultés de formation médicale publique quant à l'accès aux formations de spécialisation ». En attendant, le dialogue entre le ministère de la Santé et les représentants des grévistes devra se poursuivre sur ce point bien précis. Doukkali parle, ici, de la perspective de concevoir la réforme du troisième cycle dans un cadre consensuel alliant les représentants d'étudiants et ceux des professeurs chercheurs. Autre engagement du ministre: l'augmentation du nombre de postes réservés au concours de résidanat, prenant compte, dans cela, la dimension régionale permettant aux régions de disposer de ressources humaines spécialisées. Mais face au rejet par les grévistes de la 6ème année en médecine dentaire, les deux ministres sont unanimes pour préciser qu'au niveau international, la durée de formation pour décrocher ce diplôme est, en moyenne, de six ans. La réforme pédagogique en fait une nécessité, ont-ils estimé, mais cela ne veut pas dire que des changements peuvent être opérés. Pour cela, une révision de la formulation et de la mise en œuvre du contenu du cahier des normes pédagogiques nationales du diplôme du docteur de la médecine dentaire et le dossier descriptif régissant les stages de la sixième année sera programmée. Dès lors, le gouvernement assure qu'il n'a ménagé aucun effort pour répondre au mieux à ce dossier revendicatif. Il affirme, par contre, que le compromis avec les grévistes n'a pas été soumis aux assemblées générales de la CNEM.