Malgré l'engagement des ministères de la santé et de l'enseignement supérieur à répondre à leurs revendications Le bras de fer se poursuit entre les étudiants en médecine et les ministères de l'éducation nationale et de la santé. Les étudiants en colère ont boycotté lundi 10 juin les examens de la session de printemps. Le boycott a largement été suivi au niveau des facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie. Les étudiants en médecine ont annoncé sur leur page Facebook que les examens de médecine, pharmacie et dentaire ont été boycottés à 100% au niveau national. La Commission nationale des étudiants en médecine avait d'ailleurs prédit ce boycott et avait appelé à un sit-in de protestation devant les facultés de médecine lors du démarrage des examens. A Casablanca, les parents des étudiants ont organisé un sit-in devant la faculté en appelant les deux départements concernés à poursuivre le dialogue pour trouver un accord. Les parents ont aussi demandé le report des examens pour permettre aux étudiants grévistes de mieux les préparer. Les deux ministères de tutelle devraient rapidement réagir comme le signale une source au ministère de l'éducation nationales. «Les deux départements devraient se réunir probablement ce lundi pour examiner de près la situation». En attendant cette réunion, les futurs médecins reprochent aux départements d'Amzazi et d'Anass Doukkali de n'avoir pas répondu à la totalité de leurs doléances. Dans leur dossier revendicatif, les étudiants en médecine avaient présenté un total de 16 demandes portant sur l'amélioration de la qualité de la formation. Les deux ministères se sont engagés à mettre en œuvre 14 points qui ont fait l'objet d'un accord avec les représentants des étudiants. Les deux points restants qui font l'objet de divergences portent sur le concours de résidanat et la 6è année de médecine dentaire. Concernant le premier point, rappelons que les étudiants en médecine au sein des facultés publiques refusent que les étudiants en médecine des facultés privées viennent passer ce concours au sein des CHU publics. Les deux ministères de tutelle avaient pourtant estimé que ces points ne revêtent pas un caractère urgent, étant donné que leur mise en œuvre n'est prévue que dans deux ans, soit en 2021. Dans un communiqué conjoint, les deux ministères assurent que pour le concours de résidents, ils ont présenté des propositions portant sur l'augmentation des postes affectés et la révision, en coordination avec le ministère de l'éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du décret n° 2.91.527 relatif à l'organisation du concours de médecins, pharmaciens et médecins dentistes résidents, de manière à garantir les droits et les acquis des étudiants des facultés de formation médicale généraliste à accéder à des formations spécialisées. Les deux départements ont ainsi proposé la création d'une commission composée des différents intervenants, dont les représentants des enseignants-chercheurs et des étudiants, qui aura pour mission d'étudier la modification dudit décret, y compris la possibilité de fixer les quotas et supprimer la partie relative au coefficient des épreuves de titre (moyenne des 5 ans d'études et de l'examen clinique de 7e année). Concernant le deuxième point relatif à l'activation de la sixième année de médecine dentaire récemment ajoutée au cursus, les propositions portent sur la mise en place d'un partenariat avec l'Ordre national des médecins dentaires et la préparation des conditions de mise en œuvre des dispositions du cahier de normes pédagogiques du diplôme de docteur en médecine dentaire, dont la mise en place d'une plate-forme de stages hospitaliers pour la sixième année et la présentation d'un contenu complet des stages au titre de cette année. En apportant ces précisions, les ministères de l'éducation nationale et de la santé estiment que toutes les voies du dialogue avec les représentants des étudiants ont été épuisées. Les deux ministères ont signalé dans leur communiqué qu'ils n'hésiteront pas à engager les mesures légales en vigueur contre toute personne entravant le bon déroulement de ces examens. Pour rappel, cela fait à présent trois mois que les étudiants boycottent cours, stages hospitaliers et examens. Les futurs médecins comptent poursuivre leur lutte jusqu'au bout, au risque de perdre une année. Les engagements du gouvernement Les ministères de la santé et de l'éducation ont réagi positivement à 14 des 16 points revendicatifs des étudiants. Parmi les engagements des deux ministères figure l'instauration d'un examen national de qualification. Cet examen est tenu tout au long de 3 sessions de la septième année de formation pour le diplôme de docteur en médecine, de la sixième pour le diplôme de docteur en pharmacie et à la fin des stages hospitaliers pour la sixième année du diplôme de docteur en médecine dentaire. Dans leur communiqué, les deux départements rassurent les étudiants en précisant que cet examen n'aura aucune répercussion sur les concours d'internat et de résidanat pour les étudiants de médecine dentaire. Parmi les autres offres figure l'augmentation graduelle des postes destinés au concours de médecins internes, sachant qu'ils concernent les étudiants des facultés publiques de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire, suivant le cadre légal en vigueur. Il est aussi question d'impliquer l'ensemble des intervenants, notamment les représentants des enseignants-chercheurs et des étudiants, dans la mise en place des cahiers de normes pédagogique relatifs au troisième cycle, sachant que le système d'étude actuel demeure en vigueur jusqu'à 2021-2022. Concernant les étudiants de médecine, les deux ministères se sont engagés à modifier la circulaire n° 48 du 12 octobre 2017 relative aux stages des étudiants de médecine chargés des missions de médecin interne (7ème année), en impliquant les étudiants et ce, avant septembre prochain. Les deux ministères ont aussi signalé l'annonce du quota d'affectation dans les centres hospitaliers au maximum dans la deuxième semaine de septembre, directement après réception des listes en provenance des facultés de médecine et de pharmacie durant la première semaine du mois de septembre de chaque année. Des commissions régionales seront créées comprenant les représentants de la direction régionale de la santé, le CHU, les facultés de médecine et de pharmacie et les étudiants qui seront chargés d'homologuer les centres hospitaliers aptes à accueillir les étudiants de la septième année. La capacité d'accueil sera prise en compte afin d'éviter la surcharge et d'assurer les meilleures conditions aux stages. Concernant les étudiants de pharmacie, les deux départements se sont engagés à augmenter le nombre des postes d'emploi destinés aux titulaires du diplôme de docteur en pharmacie, à assurer l'accès des étudiants des cinquième et sixième années d'indemnités de missions, en plus de l'activation des stages hospitaliers pour les cinquième et sixième années du diplôme de docteur en pharmacie. Pour les étudiants de médecine dentaire, il a été convenu d'augmenter le nombre de postes destinés aux titulaires de diplôme de docteur en médecine dentaire, d'allouer un budget spécial de la part des facultés pour dispenser les étudiants des charges d'acquisition de matériels destinés aux travaux pratiques et au stage hospitalier. A ceci s'ajoute l'octroi de prime de mission aux étudiants de la sixième année.