Samedi dernier, le Hezbollah a lancé "trois drones non armés en direction du champ contesté de Karish pour des missions de reconnaissance". "Le message a été délivré", avait dit le mouvement sans autres précisions. Mardi, la ministre israélienne de l'Energie, Karine Elharrar, a promis de riposter à toute menace visant le champ gazier de Karish en Méditerranée, ont rapporté les médias hébreux. Cette déclaration intervient suite à sa visite à cette plateforme "située dans la zone maritime contestée entre le Liban et Israël", selon le média "Kan". Samedi, le Hezbollah a annoncé le lancement de trois drones non-armés vers la zone contestée avec Israël sur le champ de Karish dans le sud du pays, pour effectuer des "missions de reconnaissance". De son côté, l'armée israélienne a annoncé avoir intercepté les trois drones au-dessus des eaux près de la frontière avec le Liban. Beyrouth et Tel-Aviv se disputent une zone maritime de 860 kilomètres carrés, riche en pétrole et en gaz. Les négociations entre Israël et le Liban sur les frontières maritimes se sont arrêtées en mai 2021, après l'escalade des divergences entre les deux parties. "Le champ de Karish est l'un des piliers économiques et stratégiques de l'Etat d'Israël", a déclaré la ministre israélienne."Toute tentative d'attaque aura des répercussions", a-t-elle mis en garde. Par ailleurs, la chaîne israélienne ArutzSheva 7 a rapporté, citant la ministre, que "la reprise de la production de gaz naturel de Karish est prévue pour septembre afin de renforcer l'économie énergétique israélienne et mondiale, et permettra la mise en œuvre des accords d'exportation signés par Israël avec l'Union Européenne et l'Egypte". L'Union Européenne, Israël et l'Egypte ont signé, à la mi-juillet un accord pour acheminer le gaz naturel israélien vers l'Europe via l'Egypte, après qu'il ait été liquéfié dans cette dernière.
« Le Liban veut son pétrole et ses droits complets et non diminués »
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, a affirmé à l'occasion du 40ème anniversaire de la fondation du Hezbollah, que « le Liban veut que son pétrole et ses droits soient complets et non-diminués ». Et de poursuivre : « Aujourd'hui, nous défendons une demande légitime concernant la restauration par le Liban de ses richesses pétrolières et gazières dans ses eaux privées ». Pour le N°2 du Hezbollah, il n'est pas envisageable de laisser « les Israéliens imposer l'extraction comme un fait accompli ». Le litige frontalier entre les deux pays a été ravivé avec l'arrivée, il y a un mois, d'une unité flottante à Karish devant permettre à l'Etat hébreu d'en exploiter les ressources, et une mission de médiation a, depuis, été lancée par l'émissaire américain Amos Hochstein, alors que les négociations indirectes entre les deux pays sont suspendues depuis des mois.
Le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, et le Premier ministre désigné Nagib Mikati ont critiqué, lundi, "toute action entreprise hors de la responsabilité de l'Etat et du cadre diplomatique des négociations" sur la frontière maritime, dans une référence au lancement de drones samedi dernier par le Hezbollah en direction du champ gazier de Karish. Ce dernier se trouve dans une zone considérée comme contestée par le Liban dans le cadre des négociations avec Israël au sujet de la délimitation de leur frontière maritime. Samedi, le Hezbollah a confirmé avoir lancé "trois drones non-armés en direction du champ contesté de Karish pour des missions de reconnaissance". "Le message a été délivré", avait dit le mouvement sans autres précisions et sans mentionner que ces appareils ont été interceptés et détruits par Israël. Réagissant à ces développements, l'ancien député Michel Pharaon a dénoncé les ingérences du Hezbollah dans ce dossier. "L'incident des drones constitue-t-il, dans ce timing, un message à Israël, aux pays arabes réunis au Liban ou au président américain Joe Biden qui effectue un déplacement dans la région ?", s'est-il interrogé, appelant à "laisser les négociations à l'Etat".
Le Liban officiel se détache de l'action du Hezbollah "Toute action effectuée en dehors de la responsabilité de l'Etat et du cadre diplomatique des négociations est inacceptable et expose le Liban à des risques inutiles", ont fustigé MM. Mikati et Bou Habib, un proche du président de la République, Michel Aoun, selon des propos rapportés par le Grand Sérail à l'issue d'une réunion. "Nous appelons toutes les parties à faire preuve de responsabilité nationale et à respecter que tout le monde, sans exception, est sous la houlette de l'Etat dans le cadre des négociations", poursuit le texte. Le Liban officiel a, par ailleurs, "renouvelé son soutien à l'émissaire américain Amos Hochstein en vue de parvenir à une solution qui préserve clairement tous les droits nationaux et a appelé à accélérer les négociations" qui ont atteint un stade "avancé". Les responsables ont enfin appelé à "l'arrêt des violations israéliennes maritime, terrestre et aérienne continues de la souveraineté du Liban". Pour sa part, le bureau politique du mouvement Amal, allié du Hezbollah, a une nouvelle fois appelé à accélérer le forage dans le bloc 9, une partie de la Zone économique exclusive (ZEE) nationale dont 8% de la surface fait partie de la zone contestée avec Israël.