Une réunion officielle entre le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques a été organisée par les Nations unies avec la médiation des Etats-Unis. Mercredi matin donc, les responsables israéliens et libanais se sont assis sous la même tente au siège de la force de maintien de la paix des Nations unies à Naqoura, localité frontalière israélo-libanaise au Sud du Liban, à des fins de négociations indirectes sur les frontières maritimes. Et ce, dans le cadre de ce qui a été qualifié par Washington de réalisation « historique » susceptible d'apporter davantage de stabilité et de prospérité à la région. « Les discussions n'ont qu'un seul objectif : permettre aux deux pays de tirer profit des trésors cachés dans la mer – le gaz naturel – dans des zones jusqu'ici contestées », avait déclaré lundi, le ministre de l'Energie, Yaval Steinitz. Le Hezbollah et la milice chiite alliée Amal ont de nouveau rejeté les pourparlers tôt mercredi matin, déclarant dans un communiqué commun que l'inclusion de représentants civils dans la délégation libanaise était préjudiciable aux intérêts du pays et violait une précédente résolution du gouvernement, estimant que seuls des militaires auraient dû s'y trouver et dévoilant ainsi des divisions au sein de la classe politique. Qu'à cela ne tienne un second round aura lieu dans deux semaines le 28 octobre, selon une source militaire libanaise. Cependant, les deux pays ont souligné que les pourparlers visent simplement à résoudre un différend vieux de dix ans sur la délimitation exacte de leurs eaux territoriales respectives et ne présagent pas de négociations de paix ou d'un processus de normalisation. Le Liban insistant sur le caractère « technique » – et non politique – des pourparlers. Quant aux responsables israéliens, ils ont souligné que les pourparlers ne devaient en aucun cas être confondus avec le début d'un processus de normalisation similaire à ceux avec les Emirats arabes unis ou le Bahreïn. Le président libanais Michel Aoun a également semblé exclure toute possibilité que les pourparlers puissent mener à une normalisation avec Israël. Les pourparlers « ont commencé » un peu après 10 heures du matin locale, heure locale, a déclaré une source des Nations unies. Une brève session inaugurale s'est tenue dans des locaux de l'ONU à Nakoura, localité frontalière du sud du Liban. La réunion s'est terminée au bout d'une heure, selon l'agence nationale d'information libanaise ANI. La médiation a été assurée par le secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Moyen-Orient David Schenker qui présidait la réunion. L'ambassadeur américain en Algérie John Desrocher a ensuite pris la relève. Les délégations étaient représentés pour le Liban de deux militaires et deux civils (le général de brigade Bassam Yassin de l'armée de l'air, le colonel de marine Mazen Basbous, le responsable libanais du pétrole Wissam Chbat et l'expert en matière de frontières Najib Massihi spécialiste du droit de la mer) et d'Israël par six membres, dont le directeur général du ministère de l'Energie, un conseiller diplomatique du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de la direction des Affaires stratégiques de l'armée. Les discussions de mercredi ont lieu alors que le Liban traverse sa pire crise économique et financière depuis des décennies, aggravée par une explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en août. Le Liban espère que les découvertes de pétrole et de gaz naturel dans ses eaux territoriales l'aideront à rembourser son énorme dette. Israël exporte déjà du gaz vers la Jordanie et l'Egypte. Le Liban, quant à lui, achète chaque année pour des milliards de dollars de carburant diesel et de kérosène à l'étranger pour ses centrales électriques. Il était donc dans l'intérêt de Beyrouth de venir aux négociations avec une attitude pragmatique. Le Liban a commencé le forage en mer au début de l'année et devrait commencer à forer du gaz dans la zone contestée avec Israël dans les prochains mois. En 2018, le Liban avait signé son premier contrat d'exploration pour deux blocs avec un consortium international. sauf qu'une partie d'un des blocs, débordait sur une zone de 860 km2 que les deux voisins se disputent. Le Liban et Israël, sont officiellement toujours en guerre.