Les autorités monétaires marocaines discutent avec le FMI une nouvelle formule de financement, appelée Ligne de Crédit Modulable. Ce mécanisme de financement est réputé pour sa souplesse et assure aux pays admissibles l'accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue. Le Maroc négocie une nouvelle Ligne de Crédit Modulable (LCM) avec le Fonds Monétaire International (FMI), a déclaré, récemment à Rabat, le chef de la mission du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, recommandant au Royaume de poursuivre la mise en oeuvre des réformes fiscales. « Des négociations sont en cours pour voir si le pays est qualifié pour accéder à cette ligne. Il y aura une évaluation en octobre lors des assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, prévues en octobre prochain», a souligné le responsable de l'institution de Breton Woods, en marge d'une conférence organisée, les 23 et 24 courant, en partenariat entre Bank Al-Maghrib, le FMI et la revue économique du FMI. « Cette situation soulève une problématique liée à la possibilité de conclure que le Maroc a un cadre de supervision financière très fort. Sur la base de sa position sur la liste grise, l'on peut conclure qu'il y a encore des choses à faire avant d'affirmer que le Royaume a un cadre de sécurité financière très fort», a-t-il indiqué. Le Maroc a utilisé en avril 2020 une Ligne de Précaution et de Liquidité (LPL) d'une valeur de 3 milliards de dollars du FMI qui avait été approuvée en 2012 et qui a été, alors, une bouffée d'oxygène pour les finances du pays face aux effets de la crise sanitaire, a fait rappeler l'expert du FMI. Et de poursuivre que le Maroc a déjà remboursé 1 milliard de dollars de ce prêt. La LCM plus souple que la LPL Quant à la nouvelle ligne de liquidité flexible, demandée par le Royaume, il a précisé qu'elle est différente de la LPL. Et ce, pour une simple raison : la Ligne de Crédit Modulable est réputée pour sa souplesse et assure aux pays admissibles l'accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue. Toutefois, pour en profiter, les pays qui demandent cette ligne de crédit souple doivent remplir certains critères, dont la stabilité macroéconomique, les réformes institutionnelles, la discipline budgétaire, la sortie de la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI), et le renforcement du cadre institutionnel et budgétaire. « La modulable n'a ni conditionnalité, ni limite supérieure. Le processus pour obtenir la ligne modulable est un peu différent (par rapport à la LPL, ndlr), dans le sens où le FMI accorde cette ligne de crédit aux pays disposant d'un cadre de politique macroéconomique qualifié de « très fort », alors que la LPL, elle, est accordée aux pays ayant un cadre « fort » », a-t-il souligné. En effet, ce mécanisme de financement (LCM), peut-on lire dans une fiche technique du FMI, a été conçu pour répondre à la demande de financement émanant de pays présentant une politique et des antécédents économiques très solides. Il s'inscrit dans le cadre de la réforme engagée par le FMI pour modifier les conditions auxquelles il accorde des prêts aux pays qui vivent des «problèmes de trésorerie». À ce jour, seuls trois pays ont fait appel à la LCM, en l'occurrence la Colombie, le Mexique et la Pologne. Le FMI s'est dit, cependant, satisfait que la LCM ait pu fournir à ces pays une assurance précieuse et les a aidés à renforcer la confiance des marchés en période d'accentuation des risques. Grâce à son caractère modulable, la LCM permet au FMI de répondre aux besoins spécifiques de chaque pays, eu égard à la souplesse de ce mécanisme qui permet d'effectuer des tirages sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déterminée. Faible coût pour passer les caps difficiles Dans ladite fiche technique, le FMI fait remarquer aussi que le coût de l'emprunt au titre de la LCM est identique à celui de la LPL. Trois composantes forment la structure de ce coût (la commission d'engagement, le taux du prêt et la commission de tirage). Commission d'engagement Lorsqu'un pays décide de faire appel aux ressources du FMI à titre de précaution, il verse une commission d'engagement qui lui sera remboursée au prorata s'il décide de tirer sur ces ressources pendant la période concernée. Cette commission d'engagement augmente selon le niveau d'accès disponible sur une période de 12 mois (15 points de base jusqu'à 115% de la quote-part, 30 points de base pour 115 à 575% de la quote-part, et 60 points de base pour plus de 575% de la quotepart). Taux du prêt Le FMI explique, d'autre part, que le taux d'intérêt est lié à celui du marché, connu sous le nom de taux de commission de base, qui est, lui-même, lié au taux d'intérêt des droits de tirages spéciaux (DTS). Un taux qui est déterminé par le marché, et une marge (actuellement, 100 points de base), qui constituent ensemble le taux de commission de base des commissions additionnelles, qui dépendent du montant du crédit et de la période pendant laquelle il reste impayé. Une commission additionnelle de 200 points de base est versée sur un encours de crédit supérieur à 187,5% de la quote-part. Si l'encours du crédit reste supérieur à 187,5% de la quote-part après trois ans, la commission additionnelle passe à 300 points de base. Ces commissions additionnelles sont destinées à décourager l'utilisation des ressources du FMI à grande échelle et de manière prolongée, peut-on lire dans ladite fiche. Une commission de tirage de 50 points de base est appliquée au montant de chaque tirage, relèvet- on de même source. A noter que la négociation d'une ligne de crédit modulable est envisagée par le Maroc depuis 2018. A. CHANNAJE Le FMI chante les louanges du Maroc
La trajectoire du Maroc en matière de résilience économique et de transformations incroyables au fil des années constitue un modèle à suivre, a affirmé la Directrice générale adjointe (DGA) du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath, à l'occasion de la Conférence "Une reprise transformationnelle : saisir les opportunités de la crise" tenue les 23 et 24 juin à Rabat. "Nous pouvons nous inspirer de l'histoire du Maroc, au moment où les économies du monde entier cherchent à renforcer leur résilience, tout en cherchant une reprise transformationnelle qui construit leur potentiel pour l'avenir", a dit Mme Gopinath lors de cette conférence de haut niveau, organisée à l'initiative de Bank Al- Maghrib (BAM), en partenariat avec le FMI et la Revue économique du FMI.