Les responsables marocains négocient pour remplacer la ligne de liquidité actuelle (LPL) par une Ligne de crédit plus souple (LCM) Le compte à rebours commence pour la Ligne de précaution et de liquidité (LPL). Reconduit fin 2018 par le Maroc pour la quatrième fois consécutive, ce dispositif fourni par le Fonds monétaire international (FMI) arrive à échéance fin 2020. Seulement voilà, les responsables marocains pensent que le pays est prêt à passer à une étape supérieure. Dans ce sens, bien que relégué au second plan, le dossier de la LPL était au centre des débats entre le Maroc et le FMI lors de la dernière visite au Maroc de la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, il y a quelques jours. En marge de cette visite et alors que l'on attendait la décision concernant le passage à une deuxième étape dans le processus de flexibilité de la monnaie nationale, les officiels marocains ont plutôt multiplié les déclarations concernant la LPL. Dans ce sens, Mohamed Benchaaboun, ministre de l'économie, des finances et de la réforme de l'administration, a affirmé que «le Maroc s'est toujours engagé pour que cela soit juste un confort supplémentaire, ce qui est rassurant pour les marchés des capitaux. Le jour où on a envie de sortir (...) elle est à notre disposition». De son côté, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a assuré que «le Maroc est proche de la sortie de la LPL» avant de poursuivre : «Nous allons discuter et argumenter de part et d'autre et je suis persuadé que les bonnes relations que nous avons nous amèneront à trouver les meilleures solutions». Car le Maroc commence à voir plus grand depuis quelques années déjà. Lors des négociations à la fin de la troisième LPL, les responsables avaient demandé au FMI une Ligne de crédit modulable (LCM) même si la partie marocaine a dû se contenter depuis d'une quatrième LPL à la place d'une LCM. Mais ce n'était que partie remise. Le Maroc semble toujours être intéressé par une LMC. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne? En tout cas le Maroc avait là une carte à jouer pour accélérer le passage à une deuxième phase du régime de change flottant. Une décision qui vient d'être actée par les autorités marocaines hier, lundi 9 mars, soit plus de deux semaines après la visite de Kristalina Georgieva. La deuxième étape de la flexibilité du dirham bouclée, le Maroc pourrait se concentrer sur le dossier de la fin de la LPL. Les responsables entendent développer un argumentaire solide pour dénicher une sortie de la Ligne de précaution et de liquidité et pourquoi pas obtenir une LCM (voir encadré ). Parmi les arguments potentiels, il y a notamment le bon comportement des finances publiques ces dernières années avec des écarts plutôt minimes et surtout maîtrisés concernant les déficits. Il y a également le bon comportement observé après l'enclenchement de la première étape du processus de flexibilité du dirham il y a deux années qui s'est déroulé sans grands heurts côté marocain. Enfin, le Maroc n'a jamais utilisé les quatre premières LPL souscrites depuis 2012, ce qui témoigne de la bonne santé des finances publiques. Il faut dire que le passage vers une LCM aura un impact indéniable sur l'image du pays avant les sorties programmées à l'international et surtout sur la partie de la dette marocaine contractée dans des taux variables. LCM La Ligne de crédit modulable (LCM) est un mécanisme financier caractérisé par sa souplesse permettant notamment de faire des tirages sur la ligne de crédit à tout moment pendant une période déterminée. C'est l'un des dispositifs mis en place par le FMI afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque pays selon des conditions bien déterminées bien évidemment. Il faut dire que la LCM offre plus d'avantages en comparaison à la LPL. Dans ce sens, les pays admissibles peuvent accéder immédiatement à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue alors que les conditions dans le cadre d'une LPL sont différentes. Par ailleurs, la LCM fonctionne selon le schéma d'une ligne de crédit renouvelable qui peut être ouverte pour un ou deux ans avec réexamen des conditions d'admissibilité à la fin de la première année. Il faut préciser cependant que les pays ayant déjà été déclarés admissibles à ce dispositif par le FMI sont plutôt rares tout en disposant d'économie assez solide comme la Pologne et le Mexique.