Mohamed Benchaaboun, le Ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration et Abdellatif Jouahri, le Wali de Bank Al Maghrib, ont assuré que le Maroc pouvait sortir de la ligne de précaution et de liquidité du FMI (LPL) à tout moment, réaffirmant le choix de la flexibilité du change qui fait office d'« assurance » pour les marchés financiers. « La flexibilité est un choix qui a été fait de manière souveraine par le Maroc et il a été fait dans le cadre de la perspective d'aller progressivement vers le flottement qui arrivera dans un certain nombre d'années qu'on n'a pas arrêté parce que nous sommes dans une démarche volontaire, graduelle et on ne veut pas que ça soit imposé un jour sous le poids de choc externes », a déclaré Mohamed Benchaaboun, notant que certains pays ont vécu cette situation et ont été contraints de dévaluer leur monnaie « pour pouvoir survivre ». Assurant que le Maroc a fait le choix d'aller « étape par étape », le ministre a expliqué que la première étape datant de janvier 2018 et les indicateurs qui ont suivi, le comportement du marché, « a montré que le dirham était bien aligné et que les indicateurs macroéconomiques du Maroc permettent d'aller plus loin » dans la ligne de précaution et de liquidité du FMI (LPL). « Il appartient aujourd'hui au Maroc, au ministère des Finances, la banque centrale, de se mettre d'accord » sur le moment où il faudra passer à la phase 2, a assuré le ministre des Finances devant la patronne du Fonds monétaire international Kristalina Georgieva Affirmant que le Maroc peut sortir de la LPL quand il le souhaitera, le ministre a ajouté que la ligne en cours devrait prendre fin en décembre 2020. « Elle pourra encore servir comme caution », a-t-il déclaré en référence à cet instrument utilisé par le Maroc depuis 2012 Pour lui, la LPL du FMI « est un instrument qui est utilisé par le Maroc depuis 2012. « Le Maroc s'est toujours engagé pour que cela soit juste un confort supplémentaire ce qui est rassurant pour les marchés des capitaux. Le jour où on a envie de sortir (...) elle est à notre disposition », a-t-il dit. « Nous ne sommes pas le malade, nous sommes le patient » De son côté, le Wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, a confirmé les propos tenus par le ministre des Finances en ajoutant que les rapports sur le Maroc établis par le Fonds concernant la LPL et les discussions sur les régimes de changes disent « que ceux qui sont à même de mieux savoir le bon timing de passage c'est les autorités marocaines ». « Il nous appartient, nous, en tant qu'autorités marocaines de juger de la manière de passer d'une étape à une autre », a estimé le Wali de BAM. « Ce que nous avons indiqué, c'est que nous étions dans la première phase de la première étape. Si nous devons élargir plus, ce ne sera que la deuxième phase toujours de la première étape », a-t-il tenu à nuancer. Prônant la prudence dans le passage des autres étapes, Abdellatif Jouahri a par ailleurs soutenu que le Maroc n'était pas en crise de change lorsqu'il a souhaité migrer sur le régime de change flexible, contrairement à tous les pays qui l'ont fait dans ces conditions-ci, « ce n'est pas le cas du Maroc », a-t-il fait remarquer. « Nous avons encore un volume de réserves de change confortable que le FMI reconnait et ce qui fait que nous sommes plus à l'aise », ce qui permet au Maroc de mieux séquencer sa démarche au titre des étapes à venir, a encore indiqué Jouahri. Soulignant que « la LPL est faite pour nous comme étant une assurance vis-à-vis des marchés comme quoi nos fondamentaux sont bons », il a repris les données du ministre sur la dernière sortie de 2019. « Nous avons obtenu un taux meilleur que des pays qui sont à revenu intermédiaire et supérieur et qui sont venus sur le marché après nous et qui ont eu un taux plus haut que celui du Maroc ». « Il faut dire les vérité bien sûr, il faut les confronter, se confronter à ses réalités », a déclaré le Wali assurant que ce n'est pas pour se jeter des fleurs et qu'il ne fallait pas « s'auto-flageller ». « Pour nous et pour le Fonds, a-t-il dit, le véritable sommet c'est de sortir de la LPL, c'est-à-dire que cette assurance qui nous est donnée par le Fonds monétaire, nous allons la donner aux marchés par nous-mêmes ». « Le Maroc est proche de la sortie de la LPL », a assuré le Wali de Bank Al Maghrib tout en faisant une métaphore indiquant que le FMI est comme un médecin, Abdellatif Jouahri a déclaré : « Nous ne sommes pas le malade, nous sommes le patient » du médecin, « nous allons discuter et argumenter de part et d'autre et je suis persuadé que les bonnes relations que nous avons-nous amènerons à trouver les meilleures solutions ». Le Maroc avait déjà formulé le souhait de sortir de la ligne de financement LPL et il était question d'arrêter le choix sur une ligne de crédit modulable ou pas. Le Royaume avait déjà souscrit à la LPL dont la durée est fixée à deux ans, trois fois avant 2018, avec la particularité d'une souscription pour un montant près de 3 milliards de dollars, ce qui est inférieur aux trois dernières. En 2012, la LPL souscrite s'est fait pour un montant de 6,2 milliards de dollars en 2012, 5 milliards de dollars en 2014, et 3,5 milliards de dollars en 2016.