Le Maroc aura une nouvelle ligne de précaution et de liquidité (LPL) du Fonds monétaire international (FMI), a annoncé, mardi à Rabat, le Wali de Bank Al Maghrib, Abdelatif Jouahri. "Le FMI confirme l'éligibilité du Maroc à une ligne de précaution d'une durée de 2 ans de 3,55 milliards de dollars, avec une baisse des tirages à 220 pc", a fait savoir M.Jouahri lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de la deuxième réunion trimestrielle de cette année du Conseil de la Banque centrale. Cette décision va passer devant le conseil du FMI le 23 juillet prochain, a souligné M. Jouahri, notant que le Maroc remplit 4 sur les 5 critères exigés par le FMI pour l'éligibilité à la LPL. La LPL est une facilité de crédit du FMI qui permet d'apporter des financements pour répondre aux besoins réels ou potentiels de balance des paiements des pays qui mènent de bonnes politiques économiques. Elle a été conçue pour servir d'assurance ou pour aider à résoudre les crises liées aux chocs économiques internes ou externes. Croissance de l'économie : 1,2% en 2016 et 4% en 2017 La croissance de l'économie nationale devrait s'établir à 1,2 pc en 2016, en tenant compte d'une production agricole hors céréales meilleure que prévu en mars et d'une révision de la contraction de la valeur ajoutée agricole à 9 pc, a, par ailleurs, estimé Bank-Al Maghrib dans un communiqué rendu public à l'issue de la deuxième réunion trimestrielle de cette année du Conseil de la Banque centrale. "Pour 2016, tenant compte d'une production agricole hors céréales meilleure que prévu en mars, Bank Al-Maghrib a révisé la contraction de la valeur ajoutée agricole à 9%. La progression du PIB non agricole ayant été maintenue quasi-inchangée à 2,8%, la croissance devrait ainsi s'établir à 1,2%", souligne la banque centrale. Pour 2017, sous l'hypothèse d'une campagne agricole moyenne, la Banque table sur une accélération de la croissance à 4%, avec des hausses de 10% de la valeur ajoutée agricole et de 3,2% du PIB non agricole. Au niveau du taux de chômage, Bank Al Maghrib fait état d'une légère hausse de 0,1 point à 10 pc au niveau national, passant de 14,3 pc à 14,6 pc en milieu urbain et de 4,7 pc à 4,5 pc en milieu rural. Révision à la hausse de la prévision de l'inflation à 1,6 pc Le Conseil de Bank Al Maghrib a également revu à la hausse sa prévision de l'inflation pour 2016 à 1,6%, et ce sous l'effet principalement d'une augmentation importante des prix des produits alimentaires à prix volatils. "Tenant compte de ces évolutions, la prévision de l'inflation pour 2016 a été revue à la hausse à 1,6%, sa composante sous-jacente ayant en revanche été maintenue quasi-inchangée à 0,6%", souligne la banque centrale dans son communiqué. Pour 2017, Bank Al Maghrib prévoit que l'inflation devrait revenir à 1%, la dissipation des effets des chocs sur les prix des produits alimentaires à prix volatils devant plus que compenser la hausse prévue de l'inflation sous-jacente et des prix des carburants et lubrifiants. Passage vers un régime de change flexible : nécessaire élargissement des marges de fluctuation Le passage vers un régime de change flexible nécessite, dans une première étape, l'élargissement des marges de fluctuation, a estimé, d'autre part, le Wali de Bank Al Maghrib, Abdelatif Jouahri. "Ce passage nécessite également la préparation des opérateurs économiques, la mise en place d'un cadre réglementaire approprié et une politique de communication efficace", a précisé M.Jouahri. "Nous travaillons avec le Fonds monétaire international (FMI), qui a effectué une mission en mai dernier, pour mettre en place une feuille de route pour les 6 mois prochains afin de décider du type de régime de change flexible, les étapes à suivre et le timing", a fait savoir M. Jouahri. Concernant le ciblage de l'inflation, M. Jouahri a noté que Bank Al Maghrib est en train de finaliser les préparations de travaux internes, à savoir les instruments d'analyse et les projections. "En septembre, nous serons en mesure de fixer le type, le niveau et l'horizon du ciblage de l'inflation", a-t-il souligné, ajoutant que la mise en œuvre opérationnelle de ce ciblage sera entamée à partir du début de l'année prochaine. Le ministère de l'Economie et des Finances et Bank Al-Maghrib avaient décidé de fixer les pondérations des devises du panier de cotation du dirham à 60 pc pour l'euro et 40 pc pour le dollar US contre respectivement 80 pc et 20 pc auparavant. Taux directeur maintenu inchangé à 2,25% Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 2,25 pc, et ce en tenant compte d'une prévision d'inflation en ligne avec l'objectif de stabilité des prix, a annoncé, d'autre part, le Wali de Bank Al Maghrib, Abdelatif Jouahri. "Tenant compte d'une prévision d'inflation en ligne avec l'objectif de stabilité des prix, le Conseil a jugé que le niveau actuel de 2,25 pc du taux directeur demeure approprié", a expliqué M.Jouahri. Sous l'effet principalement d'une augmentation importante des prix des produits alimentaires à prix volatils, la prévision de l'inflation pour 2016 a été revue à la hausse à 1,6 pc, sa composante sous-jacente ayant en revanche été maintenue quasi-inchangée à 0,6 pc, a fait savoir M.Jouahri. En 2017, l'inflation devrait revenir à 1 pc, la dissipation des effets des chocs sur les prix des produits alimentaires à prix volatils devant plus que compenser la hausse prévue de l'inflation sous-jacente et des prix des carburants et lubrifiants, a souligné le Gouverneur de Bank Al Maghrib. Au plan des comptes extérieurs, les réserves de change devraient se renforcer davantage pour assurer la couverture de 7 mois et 18 jours d'importations de biens et services à fin 2016 et de 8 mois et 6 jours au terme de 2017. S'agissant des finances publiques, le déficit budgétaire s'est creusé de 2 milliards à 21,1 milliards et a été couvert en grande partie par des financements intérieurs. En termes de perspectives, sous l'hypothèse du maintien de l'orientation actuelle de la politique budgétaire et d'entrées en dons du CCG de 10 milliards de dirhams en 2016 et de 8 milliards en 2017, le déficit budgétaire pourrait revenir à 3,8 pc du PIB en 2016 et à 3,3 pc en 2017. Le taux de la réserve monétaire porté progressivement de 2 à 5% Le Conseil de Bank Al Maghrib a décidé de porter progressivement le taux de la réserve monétaire de 2% jusqu'à 5%, sous l'effet de l'amélioration structurelle de la liquidité bancaire, a également annoncé, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdelatif Jouahri. "Cette amélioration de la liquidité bancaire, due à un accroissement des réserves de change, s'explique par une baisse du besoin de liquidité du système bancaire, revenant de 18,2 milliards à fin décembre 2015 à 2,4 milliards à fin mai", a précisé M. Jouahri. "Pour inciter les banques à octroyer des crédits, Bank Al Maghrib a instauré une rémunération de cette réserve à l'ordre de 0,75% pour les établissements de crédit qui déploient plus d'efforts en la matière et dépassent la moyenne du niveau des crédits accordés", a fait savoir M. Jouahri. Le crédit bancaire au secteur non financier a enregistré une légère amélioration, affichant un accroissement de 0,7% sur les quatre premiers mois de l'année, a souligné le gouverneur de Bank Al Maghrib, ajoutant que sa prévision a été légèrement révisée à la hausse à 2,7% pour 2016 et maintenue à 4% pour 2017. Les conditions monétaires, au cours du premier trimestre, ont également été marquées par une appréciation du taux de change effectif réel, avec notamment une hausse de la valeur de la monnaie nationale face au dollar américain et aux devises des principaux pays concurrents. Éventuelle sortie de la GB de l'UE : l'effet sur l'économie marocaine serait "limité" Le Wali de Bank Al Maghrib, Abdelatif Jouahri, a, par ailleurs, minimisé l'effet sur l'économie marocaine d'une éventuelle sortie de la Grande Bretagne (GB) de l'Union Européenne (UE), le qualifiant de "limité". "La probable sortie de la GB de l'UE aura certes un effet de Tsunami pour l'Europe, mais n'impactera l'économie marocaine que de près de 0,1 point", a prédit M.Jouahri. Jeudi 23 juin, le Royaume-Uni va décider de son maintien ou non dans l'Union européenne (UE). Ce référendum, souvent réduit au mot "Brexit" (pour "british exit", sortie des Britanniques de l'UE) est capital pour l'avenir du pays et de l'Europe. Un vote en faveur du Brexit engendrerait une situation inédite, puisque jamais un pays membre n'a encore quitté l'Union européenne. Une telle décision aurait toutefois des conséquences immédiates, sur le plan financier – de nombreux économistes prévoient une violente secousse sur les marchés financiers et un coup de frein des investissements.