Après une brouille diplomatique qui a duré près d'un an, le Maroc et l'Espagne s'apprêtent à amorcer un nouveau cap dans leur relation. La visite de Pedro Sanchez à Rabat, sur invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce jeudi 07 avril, représente le premier acte d'un processus de remise à plat des relations entre les deux Royaumes. L'axe Rabat-Madrid est historiquement sujet à turbulences, alternant les phases d'indifférence, d'hostilité et de lune de miel, une dynamique qui devrait être dépassée par la mise en place programmée d'un nouveau partenariat qui nécessitera plus qu'une visite officielle, mais sera le résultat d'une série de réunions de haut niveau regroupant ministres et hauts responsables des deux pays. Contrairement à d'autres reboot des relations maroco-espagnoles, cette visite a pour avantage de reposer sur des bases solides, à l'image du business qui malgré le gel des relations diplomatiques n'a fait que se renforcer, enregistrant une hausse de 14,7% des exportations marocaines équivalant à 7,3 milliards d'euros en 2021, là où les importations ont augmenté de 29,2% lors de la même période pour 9,5 milliards d'euros. Une co-dépendance économique qui a démarré sous le gouvernement Rajoy et qui devrait se voir renforcée par la fin du double discours des officiels espagnols sur le dossier du Sahara et l'adoption du soutien au Plan d'autonomie marocain comme posture officielle. Une décision historique qu'aucun locataire de la Moncloa n'avait osé prendre avant Pedro Sanchez, vu l'intérêt porté à la question par une opinion publique espagnole acquise en sa grande majorité aux thèses des séparatistes. Tout le défi pour les deux partenaires est de mettre en place une feuille de route où se mêlent réalisme et ambition, de manière à prémunir ce partenariat de toute rupture liée à un changement de gouvernement ou de coalition d'un côté ou de l'autre du Détroit. Amine ATER