La contrebande de médicaments ne cesse de prendre de l'ampleur au Maroc. C'est en tout cas ce que révèle la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) qui a appelé la tutelle à endiguer la propagation du phénomène. La Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) a appelé le ministère de la Santé à « assumer sa pleine responsabilité vis-à-vis des médicaments du marché noir, passés en contrebande vers le Royaume ou vendus virtuellement, et qui s'installent dans les corps des Marocains menaçant leur santé ». Les circuits de distribution informelle et la contrefaçon pharmaceutique représentent un risque pour le consommateur et un manque à gagner pour l'Etat. Conscients de ce danger, les membres de la Confédération mettent en garde contre le marché informel, qui a prospéré pendant la pandémie avec la commercialisation des tests antigéniques rapides du SARSCoV- 2. Dans ce contexte, Mohamed Salami, Président du groupement des pharmaciens La Roche, déclare que les approvisionnements en produits pharmaceutiques illicites, à l'image du trafic de drogue, ont recours à différents intermédiaires internationaux, ce qui peut rendre la traçabilité et les contrôles plus difficiles. Pour l'expert, le problème se situe également au niveau du marché local, vu que de nombreux épiciers vendent des médicaments en détail comme le Doliprane et les antibiotiques. C'est une « pratique menaçante qui s'est établie et à laquelle le système de santé marocain s'est accommodé », indique-t-il. La CSPM a rappelé que les éléments de la police judiciaire ont démantelé de nombreux réseaux criminels actifs dans le trafic international de drogues, notamment par voie maritime, évoquant l'arrestation d'étrangers résidant au Maroc impliqués dans la vente de drogue sur Internet. La Confédération a également mis en avant la récente arrestation par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) d'un gang actif dans la vente de drogue de contrebande, relevant que l'opération de perquisition a abouti à la saisie de quantités importantes de médicaments « Artotec » et « Cytotec » d'origine inconnue, dont la vente au niveau des pharmacies est interdite, depuis plus de 3 ans, en vertu d'un précédent décret ministériel, en raison de leur utilisation illégale dans l'avortement clandestin. Cette opération s'inscrit « dans le cadre de la surveillance et du suivi du circuit légal de vente et de distribution des médicaments et des produits de santé tel que requis par la loi n° 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie », a précisé l'entité sanitaire, notant l'importante coordination avec les services de sécurité de la cybercriminalité en matière de lutte contre le phénomène de vente de médicaments via Internet au marché noir. Dans ce sillage, Mohamed Salami appelle l'Exécutif au « renforcement des mesures sécuritaires visant à lutter contre le trafic des médicaments falsifiés qui constitue une priorité de santé publique, via notamment la traçabilité des médicaments vendus, leur qualité et leur authenticité ». Santé publique : Une responsabilité partagée Selon Mohamed Salami, les médicaments de contrebande viennent essentiellement de l'extérieur, majoritairement de l'Algérie et de l'Espagne, où les produits sont moins chers. Toutefois, si l'absence d'assurance santé est le point de départ du développement des marchés parallèles, « les prix des médicaments au Maroc sont abordables, et les Marocains devraient être conscients que le médicament n'est pas un produit de consommation comme les autres. Pour bénéficier pleinement de ses propriétés curatives ou préventives, il doit être de haute qualité, et respecter ses propres règles de stockage et de conservation, afin de ne pas devenir un poison potentiel pour le citoyen », a-t-il ajouté. Les points de vente illégaux où les médicaments sont vendus sans ordonnance, et sans être soumis à une prescription médicale obligatoire, regorgent de produits pharmaceutiques frauduleux, at- il relevé, notant que le manque d'information, la corruption et le manque de couverture sociale sont autant de facteurs qui poussent les individus à se tourner vers les circuits parallèles de vente de médicaments. La mondialisation et les ventes en ligne ont aggravé le problème en permettant au phénomène de s'étendre. Appelant à une sensibilisation élargie des citoyens, l'expert a souligné que pour « enrayer ce phénomène, il ne suffit pas de lutter contre les réseaux de trafic, mais les populations, qui sont également responsables de leurs santé, doivent être davantage sensibilisées aux dangers des médicaments de la contrebande, car elles ne sont pas toujours conscientes des risques encourus ».