Ce n'est pas la première fois que la Confédération des syndicats des pharmaciens du Maroc (CSPM) dénonce la vente illicite d'Artotec. Prescrit pour les affections rhumatismales, ce traitement est détourné de son usage premier pour être utilisé en tant que médicament abortif. Même s'il a été retiré du marché marocain en 2016, l'Artotec continue d'être vendu illicitement sur la toile. Eclairage avec Mohamed Lahbabi, président de la CSPM. 2M.ma. La CSPM vient d'adresser un courrier à la direction des Médicaments et de la Pharmacie au sein du ministère de Santé, pour dénoncer la vente illicite de l'Artotec, pourquoi une telle démarche ? Mohamed Lahbabi. Notre plainte est tout d'abord une façon de dénoncer la vente illicite des médicaments devenue presque monnaie courante. Doit-on rappeler, dans ce cadre, que le médicament est un produit très sensible et que l'usage incorrect ou détourné peut avoir des effets néfastes sur la santé des citoyens. L'usage des médicaments au Maroc est strictement réglementé par la loi 17-04 qui interdit à toute personne de commercialiser n'importe quel médicament. Le pharmacien a le monopole de la commercialisation des médicaments. Toute personne qui enfreint cette loi est exposer à une peine allant jusqu'à trois ans de prison et une amende de 5.000 à 100.000 dirhams. Pourquoi ce traitement avait-il été retiré du marché ? Ce médicament retiré sur décision du ministère de la Santé est aujourd'hui importé d'une manière illégale depuis des pays voisins. Le ministère lorsqu'il a autorisé la commercialisation de ce médicament, il l'a fait avec l'indication bien précise d'anti-arthrosique. Après, il s'est avéré qu'on pouvait l'utiliser pour avorter. Cette utilisation est hors AMM (Autorisation de mise sur le marché) et c'est dans ce sens que le ministère a pris la décision de le retirer. Cet usage présente un grand danger pour la maman. Le fœtus est vite éjecté mais la maman peut avoir une hémorragie interne qui peut lui être fatale. Ce médicament a été commercialisé au Maroc au niveau des pharmacies, avant l'interdiction, à 147 dirhams la boite de 30 comprimés. Actuellement, on vend illicitement une plaquette de 10 comprimés de 900 dirhams jusqu'à 1200 dirhams. Nous lançons par notre plainte déposée auprès de la direction des Médicaments une alerte. Abstraction faite que le monopole du pharmacien est brisé, nous dénonçons le danger sur la santé publique. Comment le ministère de la Santé pourra empêcher ce commerce ? Le département de la Santé doit saisir le ministère public pour que ce dernier mène l'enquête. En effet, dans notre communication à la direction des Médicaments et de la Pharmacie, nous avons mentionné le nom de la personne qui est responsable de la vente. Nous nous sommes fait passer pour un acheteur potentiel et avons pu entrer en contact avec lui. Dans ce sens, on a, également, communiqué au ministère de la Santé l'ordre du virement qui contient le nom et les autres informations sur cet individu. La direction des Médicaments et de la Pharmacie nous a promis de faire le nécessaire dans les plus brefs délais.