Les habitués des professionnelles du sexe feront bientôt l'objet d'une enquête du ministère de la Santé. Logique, lorsqu'on sait qu'ils contribuent à eux seuls à 46% des nouveaux cas de sida. Un bâtiment de la marine royale a bloqué jeudi l'accès au port de Marina Smir, rapporte l'ONG Women in Waves. Jeudi 4 octobre, Marina Smir à Tétouan. Il est 13 h. Le port de plaisance est en alerte. L'arrivée du bateau de l'ONG néerlandaise Women on Waves, qui veut pratiquer des avortements sur des marocaines souhaitant mettre un terme à leur grossesse, a fortement déplu à certaines personnes. Ces dernières ont crié leur opposition devant le port. « Les manifestants sont à peine une dizaine. Ils ne sont pas forcément islamistes. Ils sont juste opposés à l'avortement » déclare Ibtissam Lachgar du mouvement MALI initiateur de cette opération au Maroc. Craignant des affrontements entre défenseurs de l'avortement et opposants, les autorités ont déployé un important dispositif de policiers. « Des navires militaires ont également bloqué l'accès du bateau au port » écrit Women on Waves sur son site Internet. Au moment où nous mettions sous presse, l'ONG était encore en négociations avec les autorités locales. L'ONG compte rester au Maroc une semaine. Reste à savoir si les pouvoirs publics le leur permettront. A noter que depuis l'annonce de l'arrivée du bateau, la seule réaction officielle a émané du ministre de la Santé. El Houcine Louardi a sommé les autorités, via un communiqué de presse, publié la veille de l'arrivée du navire, « d'interdire le débarquement du bateau sur les côtes du royaume ». Se disant premier responsable concerné par cette affaire, il a souligné n'avoir jamais été informé de l'arrivée du bateau et n'avoir jamais autorisé aucun médecin ou tiers non résident au Maroc à venir y effectuer des avortements. « Le ministère appelle les autorités concernées à faire le nécessaire pour veiller à l'application de la loi » a-t-il ajouté dans son communiqué. Le ministre a tenu à souligner que « l'avortement est un acte médical régi par des dispositions légales précises ». Un médicament détourné… L'ONG Women on Waves fait, en outre, la promotion du médicament Artotec pour effectuer un avortement médical. Or il s'agit d'un anti-inflammatoire conseillé pour le traitement des affections rhumatismales. Contactés à ce sujet, les laboratoires Pfizer, qui commercialisent le médicament au Maroc, ont répondu que Artotec était limité au traitement des affections rhumatismales et qu'ils n'étaient pas responsables d'un détournement d'usage ». Egalement interrogés sur les effets secondaires de Artotec en cas d'utilisation abusive, les dirigeants de ces laboratoires ont esquivé la question. La réponse nous est parvenue à travers Mohammed Naciri Bennani, président du syndicat national des médecins du secteur libéral. « L'utilisation abusive de cet anti-inflammatoire peut provoquer une hémorragie voire un décès chez la femme. C'est un anti-inflammatoire et non pas un médicament abortif » indique-t-il. Interrogé sur le nombre de boîtes de Artotec écoulées sur le marché national, les laboratoires Pfizer ont une nouvelle fois éludé la question. * Tweet * *