La chercheuse marocaine Mounia Zemamou a été choisie parmi les 25 récipiendaires internationaux des « Green Talents 2021 », un programme qui récompense chaque année de jeunes chercheurs pour leurs efforts visant à rendre leurs communautés et leurs pays plus durables. - Vous êtes la seule doctorante chercheuse arabe et marocaine sélectionnée pour participer au programme « Green Talents 21 », tenu du 7 au 15 octobre dernier. Comment avez-vous pu attirer l'attention du jury ? - Le jury du programme « Green Talents 21 », placé sous le patronage du ministre fédéral allemand de l'Education et de la Recherche, est composé d'experts scientifiques de haut niveau. Ils se sont basés sur des critères de sélection rigoureux. J'ai soumis au programme mon projet de recherche ainsi que mon dossier scientifique comprenant les articles scientifiques que j'ai publiés, ainsi que ma participation à des conférences internationales dans de nombreux pays (Afrique du Sud, Allemagne, Tunisie, Egypte, Malte, Turquie,...) pour contribuer à un avenir plus durable. Selon la déclaration du jury, j'ai pu retenir leur attention par la combinaison de mon mérite académique et de mon engagement social. Selon eux, « Je ne suis pas seulement une scientifique expérimentée et bien introduite dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier l'énergie éolienne, mais aussi une personne socialement engagée dans le domaine de l'éducation au développement durable et aux droits de l'Homme ». - A cette occasion, vous avez exploré le paysage allemand de la recherche sur le développement durable, en établissant des réseaux avec des chercheurs allemands. Quels enseignements en tirez-vous ? - Etant attirée par l'expérience allemande dans le domaine des sciences, de l'innovation et de la durabilité, j'ai toujours été curieuse de découvrir la clé de l'expérience de recherche allemande, une chance que le Ministère Fédéral de l'Education et de la Recherche (BMBF) m'offre, ce qui rend ce programme si spécial et fructueux. J'ai eu le plaisir de découvrir certaines techniques de la recherche et de développement de nouvelles solutions permettant de résoudre les problèmes les plus importants pour parvenir à des villes et des produits durables à l'avenir. J'ai eu également l'honneur de tisser des liens avec d'éminents experts allemands dans divers domaines. - Ce programme a été lancé quelques jours avant le lancement de la COP26. Quelle lecture faites-vous de l'engagement du Maroc en faveur du climat ? - Le Maroc a marqué un énorme développement en termes de durabilité et d'engagement vers un futur vert en adoptant une politique énergétique ambitieuse. Le royaume dispose d'un puissant arsenal juridique destiné à soutenir la mise en œuvre de ses ambitions climatiques, notamment les lois relatives à l'eau, aux énergies renouvelables, à l'efficacité énergétique, et la charte de 2002 pour la conservation et le développement durable. En outre, le pays a mis en œuvre un certain nombre de projets de durabilité ambitieux, notamment des centrales solaires et éoliennes, un programme de récupération des déchets, un programme de déchets ménagers et des plans d'assainissement liquide. Le Maroc a également profité de son fort potentiel énergétique. Nous espérons que le pays pourra profiter du fort potentiel des chercheurs marocains dans ce domaine pour faire un nouveau bond en avant. - Votre thèse de doctorat est consacrée au développement d'un nouveau système éolien en vue de le déployer dans les zones rurales et urbaines. Quels sont les tenants et aboutissants de ce projet ? - Les travaux scientifiques de ce projet ont vu le jour dans le cadre d'un doctorat à l'Université Ibn Tofail de Kénitra. Il vise à fournir une production alternative d'énergie propre à petite échelle pour les personnes souffrant d'un manque d'accès à l'électricité, ou d'une «pauvreté énergétique». Ces éoliennes pourraient ainsi être utilisées comme système autonome dans les zones rurales et reculées confrontées à des pénuries d'électricité, mais aussi dans les zones urbaines pour réduire les coûts énergétiques. Elles peuvent par exemple être installées sur les toits des bâtiments comme sources d'énergie décentralisées. Portrait A la recherche du durable Environ 1,2 milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'électricité chez eux. Animée par une volonté de contribuer à un avenir plus durable, la chercheuse marocaine Mounia Zemamou propose des solutions d'énergies renouvelables, notamment au profit des zones reculées. Concrètement, « ce projet consiste au développement de projets éoliens localement, à travers un processus d'optimisation couplé, basé sur des courbes polynomiales pour générer de nouvelles conceptions de pales d'éoliennes... », nous explique-t-elle. Et de détailler que l'éolienne développée est une éolienne à axe vertical (VAWT) basée sur le concept d'éolienne Savonius avec une amélioration des performances de 29 % par rapport à la conception conventionnelle. « En raison de sa simplicité, l'éolienne Savonius est le candidat le plus approprié pour de telles applications. Il fonctionne à faible vitesse du vent, avec une insensibilité aux directions du vent », tient-elle à préciser. La nouvelle éolienne conçue par Mounia Zemamou pourrait également être utilisée comme système énergétique autonome soutenant l'agriculture durable. L'objectif principal de son projet est de promouvoir l'exploitation de l'énergie verte en rendant l'utilisation de l'énergie éolienne facile et largement disponible. Ainsi, sa recherche s'inscrit dans le cadre du septième Objectif de développement durable (ODD), relatif à l'énergie propre et d'un coût abordable.