Le Rwanda n'est pas le Maroc. Le Rwanda est une terre difficile. Le Rwanda lutte et travaille pour améliorer son infrastructure sportive et épanouir son football. Le Rwanda a le mérite de faire confiance à un cadre entraineur marocain. Erradi Mohamed Adil, un quinquagénaire maroco-belge, pour avoir vécu dans deux pays, afin d'acquérir une longue expérience footballistique, est le manager choisi pour entrainer l'un des plus prestigieux clubs rwandais l'APR (Armée Patriote Rwandaise). Ayant vécu treize années de formation : cinq en théorie et huit en pratique, il a obtenu la licence UEFA « A » une grande distinction européenne à l'Ecole Nationale des Entraineurs de Bruxelles. Q-Pourriez-vous nous donner un aperçu sur votre carrière de football ? R-Comme la plupart des entraineurs, j'étais footballeur aux FAR de Rabat dans toutes les catégories. A l'heure où j'étais un passionné du banc de touche, je me rappelle avoir renoncé au poste de fonctionnaire de la Sûreté Nationale pour opter à un départ forcé en Belgique le chemin des grands maitres formateurs Ghanimi, Louzani... Après une brève expérience dans plusieurs équipes belges des amateurs, j'ai entrainé au Ghana. Au Maroc, j'ai travaillé aux côtés de Garrido comme entraineur-adjoint au Raja de Casablanca. Après le départ de l'Espagnol, j'étais engagé à l'IRT comme directeur technique.
Q-Quels sont les entraineurs marocains que vous avez côtoyés dans votre formation ?
R- Tniouni, Dahan, Khairi, Samba. J'en garde de bons souvenirs.
Q-Pensez-vous avoir réussi dans votre mission au Raja et à l'IRT ?
R-Bien sûr. Avec Garridou et moi, il y avait le grand Raja. Quant à l'IRT, le travail était différent et consistait à dénicher les nouvelles valeurs au niveau de la formation des jeunes. La responsabilité me plaisait dans la mesure où je devais donner à la première équipe huit footballeurs : Akhrif, Abou Faras, Ezz (actuellement IRT), Hamaoui (transféré aux FAR), Baroudi (transféré à Berkane), Ayoub (transféré au Raja) et deux autres évoluant en deuxième division.
Q-En dépit de votre excellent travail à l'IRT, votre départ a suscité une grande polémique. Quelle en était la raison ?
R- A vrai dire, il n'y avait aucun motif valable. A l'IRT, les consignes ne viennent pas du président qui appréciait bien ma mission, mais d'un autre dirigeant qui est le chef de toutes les décisions. Comme je déplaisais à cette personne pour ma franchise dans le travail, j'ai été limogé. Le seul chemin tracé qui s'offrait à ma carrière était le Rwanda.
Q-Pourquoi le Rwanda et pas le Maroc ? R- Le classement actuel des entraineurs à la FRMF donne beaucoup à réfléchir. Le Maroc est le seul pays en Afrique qui ne reconnait pas le diplôme européen UEFA « A » pour les Marocains qui doivent présenter le diplôme CAF. Ainsi, pour moi, il m'est impossible d'occuper le banc de touche d'une formation de Botola D I comme premier responsable du staff technique. Au Rwanda, mes diplômes de Belgique étaient homologués avec facilité.
Q-Que pensez-vous sincèrement de la structuration de la FRMF ? R-La FRMF est la meilleure en Afrique sur le plan de la bonne structuration. C'est d'ailleurs l'avis aussi de l'un des directeurs techniques de la FIFA, Arsène Wenger, que j'ai eu l'honneur de rencontrer au Rwanda lors de sa visite-mission.
Q-Quels sont les résultats sportifs que vous avez obtenus avec votre équipe APR rwandaise ?
R-Championnat et coupe en deux saisons. Nous avons battu le record de ne connaitre aucune défaite. Maintenant, je suis à ma troisième année.
Q- Et en Champions league CAF ? R-Lors de ma première saison, avec très peu d'expérience dans le domaine intercontinental, ma formation a raté le tour préliminaire. Lors de la deuxième saison, nous avons dépassé ce tour et nous attendons un rival difficile l'Etoile du Sahel. Q-Comment est composé votre staff technique ?
R-Entraineur : Erradi, adjoint : argentin, préparateur physique : tunisien, préparateur des gardiens de but : Haj Tayeb marocain. Q-Comment se définit le football rwandais ?
R-Il s'agit d'un football très défensif basé sur le physique.
Q-L'APR, équipe militaire que vous entrainez, est-elle bien représentée à la sélection nationale ?
R-Nous donnons à la sélection nationale treize footballeurs dont huit sont titulaires.
Q-Vous suivez bien le championnat marocain, comment évaluez-vous son niveau technique ?
R-Je pense que le niveau de la compétition est faible dans l'ensemble. Un championnat qui ne donne pas de « produits locaux » à la sélection nationale est à revoir dans sa totalité. Avant de recruter l'entraineur, les clubs doivent définir le niveau de la compétition pour choisir la personne adéquate.
Q-Qu'est-ce qu'il y a de positif dans ce championnat ?
R-Il se déroule dans de grands stades aux dimensions internationales. L'infrastructure sportive a beaucoup progressé au Maroc. Sans exagération, les complexes marocains sont supérieurs aux installations footballistiques de la Belgique et de la Hollande. Actuellement, le Village Sportif de Tanger est une référence dans le monde. (Propos recueillis par Rachid MADANI)