Le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a décidé de retirer l'affectation, que son prédécesseur en exercice, Arancha González Laya, avait présentée en faveur de son chef de cabinet, Camilo Villarino, en tant que nouvel ambassadeur de l'Espagne en Russie. Cette décision intervient au moment où le diplomate fait l'objet d'une enquête de la justice espagnole pour son implication dans l'affaire Ghali. Selon El Pais, après avoir reconnu par écrit qu'il avait indiqué au deuxième chef d'état-major de l'Air, le lieutenant-général Fernandez Sanchez, qu'»il n'était pas nécessaire» que Brahim Ghali soit soumis à un contrôle des passeports, Camilo Villarino a été convoqué en tant que prévenu par le chef du tribunal d'instruction numéro 7 de Saragosse, le 1er septembre prochain, dans le cadre de l'enquête sur l'entrée en Espagne du chef du Front Polisario. Au niveau politique, le parti espagnol Ciudadanos avait exhorté le ministre des Affaires étrangères à geler l'affectation de l'ex-chef du cabinet d'Arancha Gonzalez Laya pour éviter de ternir encore plus l'image de l'Espagne, déjà bien affectée par cette affaire au niveau international. Selon EL Pais, ce n'est pas la seule révision que José Manuel Albares a décidé d'apporter aux plans de son prédécesseur : il a également retiré l'affectation de Felipe de la Morena qui devait être ambassadeur d'Espagne en Afrique du Sud. Après avoir achevé le remodelage de l'équipe de direction de son département (secrétaires d'Etat et sous-secrétaire), Albares a annoncé qu'après les vacances, il entreprendrait de nouvelles nominations au niveau des ambassades. Le Conseil des ministres a demandé, mardi 24 août 2021, la nomination des nouveaux ambassadeurs en France (poste qu'Albares occupait jusqu'à sa prise de fonction au ministère des Affaires étrangères), en Russie et en Afrique du Sud (qui ne seront plus Villarino et De la Morena). En outre, il nommera les nouveaux ambassadeurs à Londres (José Pascual Marco), en Iran (Angel Losada) et en Guinée-Bissau (Gonzalez Zabala). Pour rappel, face aux injonctions de la Cour de Saragosse, le général José Luis Ortiz-Cañavate, chef de la base aérienne de la capitale de la Rioja, a signalé Camilo Villarino Marzo, chef de cabinet de l'ex- ministre des Affaires étrangères, pour avoir donné les ordres qui ont permis l'entrée secrète en Espagne, en avril dernier, du chef des séparatistes Brahim Ghali et de ses accompagnateurs. Cherchant à remonter la chaîne de commandement ayant permis cette barbouzerie, le juge d'instruction chargé de l'affaire a exigé du ministère des Affaires étrangères et de l'état-major de l'armée de l'air de lui communiquer les noms des militaires et hauts fonctionnaires qui ont donné et reçu des instructions pour faciliter l'entrée en Espagne du chef du Front Polisario. Une opération qui a explosé en plein vol, suite à une fuite, et qui a provoqué une crise majeure entre Rabat et Madrid.