C'est le diplomate Camilo Villarino, directeur de cabinet de l'ancienne ministre des Affaires étrangères Arancha González Laya, qui a couvert l'entrée dissimulée en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, le 18 avril, pour être soigné à l'hôpital de Logroño. Un aveu formulé dans une réponse écrite au juge de Saragosse qui instruit les poursuites pour ces événements, le magistrat Rafael Lasala, par M. Villarino lui-même. Selon le site madrilène ABC, l'enquête judiciaire sur l'affaire Ghali s'est directement concentrée sur le rôle du ministère des Affaires étrangères lorsque, fin juin, «un général de l'Air a révélé que l'ordre pour faire entrer Ghali était venu des plus hauts niveaux du ministère dirigé par González Laya. C'est le chef général de la mobilité aérienne, José Luis Ortiz-Cañavate, qui commandait la base de Saragosse en avril, qui l'a révélé. Ghali est arrivé dans un avion appartenant à la présidence algérienne». Le juge a demandé des explications au général, et celui-ci a répondu que Ghali «n'avait pas été identifié et qu'il n'était pas soumis au contrôle des passeports car le cabinet du ministre des Affaires étrangères l'avait ordonné par l'intermédiaire de l'état-major général de l'armée de terre» rapporte la même source. Le Maroc a déclaré souhaiter une enquête «transparente» sur l'entrée «frauduleuse» en Espagne de Brahim Ghali, chef du Front Polisario dont l'hospitalisation a provoqué une crise diplomatique entre Rabat et Madrid. Le département de Laya est intervenu pour assurer «que ne pas soumettre Ghali au contrôle douanier était une courtoisie diplomatique généralement accordée aux passagers arrivant sur des vols officiels. Cette version se heurte toutefois à celle que le général Ortiz-Cañavate a également donnée devant le juge. A une autre question du magistrat, ce haut commandement a déclaré que la procédure habituelle n'a pas été suivie, en raison de l'ordre reçu de l'état-major de l'armée de l'air» a-t-on souligné. Compte tenu de ce qui a été révélé par ce général, le juge a écrit au ministère des Affaires étrangères pour obtenir des explications. «C'est ce qui a conduit Camilo Villarino, dircab de Laya, à admettre que c'est lui qui, au téléphone, a dit à l'état-major de l'armée de l'air qu'il ne fallait pas demander de papiers à quiconque arriverait dans cet avion du gouvernement algérien. Ghali est inculpé pour des affaires pénales en Espagne, entre autres pour génocide» a affirmé ABC. «Ce que Villarino ne précise pas dans sa réponse au juge, c'est le fait si ces instructions qu'il a données aux militaires étaient son initiative ou étaient en réponse à une décision de la ministre et, par conséquent, du gouvernement. C'est l'une des interrogations profondes qui sont désormais ouvertes et sur lesquelles le juge est susceptible d'enquêter avec de nouvelles procédures, pour découvrir en détail quelle était la chaîne d'ordres qui a entouré l'entrée furtive en Espagne du leader du Polisario et, donc, qui était responsable en dernier ressort» a-t-on nommé. Villarino dit que la personne qui a donné les instructions était le général Francisco Javier Fernández Sánchez, deuxième chef d'état-major de la Force armée aérienne. «Dans la lettre officielle adressée au juge, le diplomate assure que ce général lui a demandé si on voulait que les procédures douanières ou d'immigration soient effectuées, ce à quoi il a répondu que ce n'était pas nécessaire. Cette réponse écrite de Villarino au juge est datée du 9 juillet, quelques jours avant qu'il ne soit démis de ses fonctions de directeur de cabinet par le nouveau ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares» révélé ABC. Villarino a déclaré au juge que ne pas demander à Gali des documents était quelque chose «parfaitement conforme à la pratique établie et à la législation applicable actuelle». Le chef du Polisario a voyagé «avec des documents falsifiés et une identité usurpée», a affirmé la diplomatie marocaine. «Une enquête que nous espérons transparente devrait être menée pour jeter toute la lumière sur cette affaire», a-t-il ajouté.