L'enquête sur les conditions ayant permis l'entrée de Brahim Ghali en Espagne sans subir de contrôle aux frontières continue sa progression et la responsabilité de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, se confirme de jour en jour. Alors que les échos en provenance de Madrid évoquent une prochaine visite du nouveau ministre des Affaires étrangères Jose Manuel Albares au Maroc - lequel n'a pas tari d'éloge sur le Royaume lors de son investiture - la pression judiciaire s'intensifie autour de sa prédécesseure Arancha Gonzalez Laya. Face aux injonctions de la Cour de Saragosse, le général José Luis Ortiz-Cañavate, chef de la base aérienne de la capitale de la Rioja, a signalé Camilo Villarino Marzo, chef de cabinet de l'ex- ministre des Affaires étrangères, pour avoir donné les ordres qui ont permis l'entrée secrète en Espagne, en avril dernier, du chef des séparatistes Brahim Ghali et de ses accompagnateurs. Cherchant à remonter la chaîne de commandement ayant permis cette barbouzerie, le juge d'instruction chargé de l'affaire a exigé du ministère des Affaires étrangères et de l'état-major de l'armée de l'air de lui communiquer les noms des militaires et hauts fonctionnaires qui ont donné et reçu des instructions pour faciliter l'entrée en Espagne du chef du Front Polisario. Une opération qui a explosé en plein vol, suite à une fuite, et qui a initié une crise majeure entre Rabat et Madrid. Bien que l'Audiencia Nacional se soit jugée incompétente sur ce dossier, le tribunal de Saragosse dont dépend la localité de Logroño où a été hospitalisé Ghali s'est saisi de l'affaire. En quelques semaines, le juge d'instruction en charge de l'enquête a ciblé la Guardia Civil, puis l'armée de l'air pour démêler les conditions d'entrée en Espagne du leader du Polisario. Une pression qui a porté ses fruits. Pour rappel, la semaine dernière, les médias espagnols ont rapporté le contenu du rapport du général José Luis Ortiz-Cañavate à la Cour. Dans ce rapport, ledit général a révélé qu'il avait reçu, lors d'un appel téléphonique, un ordre de la division des relations internationales de l'armée qui lui enjoignait de ne pas soumettre les passagers de l'avion algérien au contrôle des passeports et aux douanes. De son côté, la Justice espagnole lui a demandé de révéler le nom du responsable au sein du ministère des Affaires étrangères qui avait ordonné à l'état-major de l'armée de l'air de ne pas soumettre l'avion algérien au protocole d'inspection en vigueur. Suite à ces révélations, le quotidien El Faro de Mellilia a fermement critiqué le gouvernement : « Comme vous pouvez le constater, il y a eu des entrées irrégulières sur notre territoire. Si en Espagne la loi est la même pour tout le monde, pourquoi Ghali a-t-il pu entrer dans ce pays sans passer par le contrôle des passeports et pas les autres migrants ? Je crains que le gouvernement de Pedro Sánchez et Yolanda Díaz manque d'arguments pour expliquer l'arbitraire qui caractérise l'application des lois. Ces gens agissent toujours comme si l'Espagne était leur ferme. L'Etat enfreint les lois de l'Etat ».