Les divergences constatées par le juge d'instruction du tribunal numéro 7 de Saragosse entre les dépositions des hauts responsables espagnols sur les conditions d'entrée du leader des séparatistes, ont poussé le magistrat à exiger l'ensemble des communications entre ces parties le jour de l'arrivée de Brahim Ghali en Espagne. La pression judiciaire s'accentue sur l'ancienne équipe à la tête de la diplomatie espagnole. Le magistrat en charge de l'instruction au niveau du tribunal numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, vient d'exiger de l'ex-chef de cabinet d'Arancha Gonzalez-Laya, Camilo Villarino, et du général Francisco Javier Fernandez Sanchez, second chef de l'Etat major de l'armée de l'Air espagnole, de transmettre à la Cour l'ensemble des communications qu'ils ont échangées, le 18 avril dernier, jour de l'arrivée de Brahim Ghali, leader des séparatistes polisariens, en Espagne. Le chef de cabinet de l'ex-ministre des Affaires étrangères comme le numéro 2 de l'armée de l'Air avaient déjà confirmé au magistrat qu'ils avaient échangé des appels, messages, textes et WhatsApp, quelques heures avant l'atterrissage de l'appareil qui transportait Ghali depuis l'Algérie. Le ministère des Affaires étrangères s'est vu imposer le 29 juillet dernier un délai de 7 jours pour fournir à la Cour l'ensemble des communications qui ont été échangées entre le ministère et l'armée de l'Air concernant les conditions ayant entouré l'entrée sur le territoire espagnole de Brahim Ghali. Cette demande s'explique aussi par les divergences constatées entre les dépositions de Villarino et de Fernandez Sanchez, d'un côté, et, de l'autre, celle de José Luis Ortiz-Cañavate, chef de la base aérienne de Saragosse où est atterri l'appareil transportant le chef du Polisario. Là où l'ex- chef de cabinet et le numéro 2 de l'armée de l'Air avaient déclaré au juge que permettre l'entrée sans contrôle des douanes ou d'immigration de Ghali était une procédure en accord avec la législation en vigueur, le chef de la base aérienne a souligné que ce cas de figure était exceptionnel et non conforme à la procédure habituelle. Ce dernier a également indiqué que seul un appel téléphonique reçu de l'Etat-major des forces aériennes a permis à Brahim Ghali d'éviter les contrôles de passeports. Selon Ortiz-Cañavete, le ministère des Affaires étrangères aurait mis à mal ses propres normes pour faciliter l'entrée clandestine de Ghali sur le territoire espagnol. Face à ces divergences, le juge a également exigé l'identification de l'ensemble des lignes téléphoniques et leurs utilisateurs ayant participé de près ou de loin à cette « barbouzerie ». Le juge a également ordonné à la Police d'identifier le titulaire du numéro de téléphone qui apparaît dans la fiche ouverte à Ghali, lors de son arrivée à l'hôpital de Logroño sous la fausse identité de Mohamed Benbatouche. L'investigation du juge Lasala devrait maintenant également s'élargir aux détails entourant l'exfiltration du leader des séparatistes le 2 juin dernier.