En seulement deux mois, un juge de Saragosse a révélé comment le gouvernement espagnol avait organisé l'entrée furtive en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, impliqué dans des affaires pénales. Plusieurs complices présumés qui ont admis un rôle dans la spectaculaire admission du chef du Polisario en Espagne ont été identifiés. Aujourd'hui, c'est une certitude : l'entrée illégale et discrète sur le territoire national espagnol de Brahim Ghali a été effectuée sans réaliser les formalités attendues. Plusieurs procédures ont été contournées, et les différentes règles en vigueur, notamment les lois relatives au séjour d'un étranger ont été violées. Le gouvernement de Pedro Sánchez a voulu cacher la présence de Brahim Ghali, mais cela l'a dépassé. Après avoir été rendue publique, un avocat de Malaga, Antonio Urdiales, a déposé une plainte auprès des tribunaux de Saragosse, étant entendu que cette entrée furtive pourrait être constitutive de délits. L'affaire est tombée entre les mains de Rafael Lasala, juge de première instance et d'instruction, qui a décidé de lancer des enquêtes. «En sept semaines, il a réussi à faire admettre au ministère des Affaires étrangères qu'il a protégé l'entrée furtive de Brahim Ghali, que des instructions avaient été données par l'intermédiaire de l'état-major de l'armée de l'air de ne pas soumettre le leader du Polisario au contrôle des passeports, et à l'origine de ces instigations était Camilo Villarino, qui était directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya. Après les aveux de M. Villarino – qui soutient que la légalité a été respectée – il reste maintenant à savoir s'il a agi de sa propre initiative ou sur ordre» détaille ABC. Brahim Ghali est arrivé le 18 avril dans un avion de la présidence algérienne. À Saragosse, il a été récupéré par une ambulance qui l'a conduit à l'hôpital de Logroño pour y être soigné. Il est resté hospitalisé pendant plusieurs semaines, jusqu'au 1er juin, il s'envole pour l'Algérie, dans un avion qui a décollé de l'aéroport de Pampelune. Le juge a réussi, pour le moment, a obtenir que deux généraux de l'Air lui fassent des réponses par écrit, avec des détails approfondis. Mais il veut en savoir plus. Il vient de réclamer le contenu des ordres donnés par les affaires étrangères et l'armée de l'air, dont l'existence a été signalée par le deuxième chef d'état-major de l'Air, le général Francisco Javier Fernández Sánchez. L'enquête se poursuit, avec de nouvelles procédures. Voici les mesures prises jusqu'à présent par le juge, une par une : 31 mai. Ouverture des débats «Les événements rapportés suggèrent la possible perpétration d'un crime», a déclaré le juge Lasala dans son ordonnance d'ouverture de procédure pour l'entrée furtive de Ghali en Espagne. Dans cette première décision, le juge a demandé à la Garde civile d'obtenir l'identité de ceux qui sont arrivés le 18 avril dans l'avion algérien qui a atterri à la base de Saragosse. 4 juin. Secret initial Cette première demande du juge s'est heurtée à un mur. La Garde civile n'a pas pu donner l'identité des occupants de cet avion car ils ne figuraient sur aucun registre de la base de Saragosse. «Les autorités militaires ont informé le personnel de la Garde civile que l'occupant était du personnel diplomatique, donc exempté du passage des douanes, sans préciser l'identité du personnel», a répondu la Garde civile au juge. 11 juin. Demander des explications à l'Air Force Face à ce premier bémol, le magistrat exige par écrit que le commandement militaire aérien de Saragosse donne des explications détaillées sur divers points, notamment pourquoi il n'y avait aucune trace de Ghali si le protocole de contrôle d'entrée avait été respecté et qui avait ordonné d'agir de cette façon. 22 juin. Réponses du général Ortiz-Cañavate Le juge Lasala obtient des réponses de la part du général José Luis Ortiz-Cañavate, qui, le 18 avril, était en charge du commandement aérien et, par conséquent, de la base de Saragosse. Le général affirme que Ghali n'a pas été identifié car il avait été autorisé à entrer en Espagne par l'état-major de l'air, qui, à son tour, avait reçu des instructions du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya. Ortiz-Cañavate dit que c'est pourquoi il n'y avait pas de contrôle des passeports. A une autre question du juge, il a répondu qu'il s'agissait de violer «la procédure habituelle». 2 juillet. Le juge pointe vers l'état-major de l'Air Le magistrat adresse une batterie de questions à l'état-major de l'armée de l'air. Il s'adresse également au sommet du ministère des Affaires étrangères. Il demande les noms de ceux qui ont pris part à la chaîne de commandement qui a ordonné à la base de Saragosse de ne pas identifier le leader du Polisario. Il revendique également les dossiers administratifs complets qui peuvent exister autour de cette entrée furtive de Brahim Ghali en Espagne. 13 juillet. Le général d'état-major donne plus de détails Le deuxième chef d'état-major de la Force aérienne, le général Francisco Javier Fernández Sánchez, répond à la demande du juge. Il reconnaît qu'il était le lien avec le ministère des Affaires étrangères et, par conséquent, qu'il a transmis les instructions à la base de Saragosse afin que Ghali et ceux qui sont entrés en Espagne avec lui ne soient pas identifiés. Aux questions du juge, il affirme par écrit qu'il n'y a aucune trace de ces ordres et que les conversations ont été téléphoniques, à la fois verbales et via des messages écrits par WhatsApp. 16 juillet. L'ex-chef de cabinet de Laya dit que c'était lui Du ministère des Affaires étrangères, le directeur de cabinet encore en exercice, Camilo Villarino, reconnaît par écrit au juge que c'est lui qui s'est entretenu avec les chefs d'état-major de l'Air. Il ne précise pas s'il l'a fait de sa propre initiative ou à la suite d'ordres supérieurs. Cette réponse au juge a été signée par Villarino le 16 juillet, quelques jours avant d'être démis de ses fonctions de directeur de cabinet, un poste occupé depuis 2017. Il a été nommé par le gouvernement de Rajoy et est resté avec le ministre socialiste Josep Borrell et plus tard avec González Laya. 22 juillet. Le juge demande à consulter les messages WhatsApp Le juge a réclamé les messages WhatsApp relatifs à l'entrée de Brahim Ghali en Espagne. Il a revendiqué «l'intégralité du contenu de ces conversations écrites, en précisant le nombre de lignes utilisées et leurs propriétaire». Il a également demandé à la police des informations sur le vol à la faveur duquel Ghali est parti de l'aéroport de Pampelune pour retourner en Algérie.