Cela fait trois semaines que le président Saïed avait suspendu -pour un mois- l'activité du Parlement. Théoriquement, dans une semaine, les députés tunisiens devraient rejoindre leur hémicycle. Sauf si... A une semaine gel du Parlement le limogeage du premier ministre et la levée l'immunité parlementaire, il reste difficile de déchiffrer ce qu'envisage le président tunisien Kaïs Saïed. La crise politique en Tunisie commence à s'éterniser et Kaïs Saïed semble n'avoir pris aucune mesure alternative palpable, -hormis une opération de purge de quelques ministres et poursuite en justice de quelques députés-. Après trois semaines de ce que certains milieux tunisiens ont qualifié de coup d'Etat, la Tunisie semble toujours plongée dans l'inconnu. En recevant vendredi dernier une délégation américaine conduite par le vice conseiller à la sûreté nationale américain, Kaïs Saïed a tenu à rassurer son interlocuteur que son action était, d'un côté conforme aux dispositions de la constitution, et d'un autre, nécessaire pour répondre aux attentes de son peuple, après les nombreuses crises qui ont étouffé le pays, notamment les dégâts occasionnés par la corruption et les corrompus. Toutefois, l'absence de feuille de route attesterait d'un air d'improvisation et inquiète de plus en plus, surtout que le temps presse. Un mois demeure fort insuffisant pour que Saied puisse mener à terme ses desseins, surtout qu'à défaut de traçabilité, certains partis politiques qui se sont vus couper l'herbe sous le pied commencent à s'activer pour écorner le crédit de confiance et d'enthousiasme créé avec les mesures présidentielles du 25 juillet dernier. Mais aussi paradoxalement que cela puisse paraitre du fait de l'opacité autour de la méthode du président et du fait qu'il ne rende pas de comptes de ce qu'il entreprend, la rue tunisienne semble toujours lui accorder quelque confiance depuis le 25 juillet, comme le rapporte le journal La Croix qui cite plusieurs témoins qui vantent les mesures de leur président et expriment leur espoir que la situation sociale et économique va changer. Entre espoir et appréhensions Mais si le président semble satisfaire une partie de la population avec les arrestations et les limogeages, l'activité parlement ne pourrait rester indéfiniment gelée et le pays ne peut naviguer sans gouvernement représentatif. Selon la politologue tunisienne, Khadija Mohsen-Finan, « les Tunisiens, exténués par la crise économique et sanitaire, ont besoin de réponses à leurs attentes des Tunisiens ». Pour la politologue, il faudrait que le président rassure l'opinion et les pays étrangers en établissant un calendrier électoral, et dise ce qu'il compte faire au niveau du Parlement et quelles réformes économiques envisage-t-il, mais aussi de quelle manière il va positionner la Tunisie au niveau régional. « Il y a des réformes à prendre d'urgence et on ne sait pas dans quel sens ça va aller », conclut-elle.