Alors que la pandémie continue de peser sur l'économie nationale, les perspectives de sortie de la crise sont encore nébuleuses. La reprise se fera attendre beaucoup plus que prévu, selon Bank-Al Maghrib. Détails. L'année 2021 sera-t-elle le prélude de la sortie de la crise du Covid-19 ? Une question que tout le monde se pose sans que personne ne soit en mesure d'y répondre clairement. Dans une publication intitulée « Le modèle d'analyse des politiques au Maroc : cadre théorique et scénarios politiques », Bank-Al Maghrib a estimé que le retour au niveau du PIB réel pré-Covid nécessitera plusieurs années. Il s'agit d'un postulat, basé sur des estimations théoriques, qui confirme les propos du gouverneur de la Banque centrale Abdellatif Jouahri qui avait reconnu la difficulté d'assurer une véritable relance économique avant 2023. Reprise : la patience est de mise Selon les hypothèses de Bank Al-Maghrib, le Maroc est loin de rattraper son retard du PIB dans les prochaines années, le taux de croissance ne serait pas suffisant pour ramener le PIB réel à son niveau d'avant Covid-19 d'ici 2030. En effet, le gouvernement parie sur une reprise de 4,8% de croissance en 2021, alors qu'il existe une incertitude considérable quant à l'orientation de la politique budgétaire durant cette année, précise le document. Bank Al-Maghrib explique ses prévisions pessimistes par le fait que la relance budgétaire entreprise par le gouvernement dans le cadre du plan de relance ne manquera pas de booster la croissance, mais pas assez pour surmonter définitivement la récession, au moins dans les cinq années à venir.
La dette accrochée à 75% du PIB Vu les sommes énormes déboursées pour faire face à la pandémie et au financement du plan de relance (prêts garantis, aides aux secteurs impactés, indemnités de perte d'emploi et réforme sociale), la dette liée à la pandémie sera difficile à réduire, estime Bank Al-Maghrib, expliquant que la relance budgétaire n'a compensé que partiellement le déficit de la demande privée. En conséquence du recul des recettes fiscales, la dette publique devrait s'alourdir et rester accrochée au niveau élevé de 75%. Dans les années qui viennent, il est encore incertain, selon BAM, que le Maroc puisse réduire son endettement extérieur à « un seuil de contrôle », étant donné les réformes sociales que le gouvernement entreprendra et qui nécessitent un investissement public massif. On en cite la réforme de la Santé et la généralisation de la couverture sociale. Un contexte mondial incertain La reprise annoncée difficile de l'économie s'explique par les incertitudes qui pèsent sur l'économie internationale et notamment sur les pays partenaires du Maroc. Les économistes de Bank Al-Maghrib prévoient que la demande extérieure de l'Union Européenne et des Etats-Unis ne serait pas à la hauteur des espérances jusqu'à 2029. Ceci aurait un impact durable sur l'économie marocaine sur le plan de la relance des exportations. S'ajoute à cela l'incertitude qui pèse sur les prix des phosphates, sachant que l'étude de Bank Al-Maghrib suppose que ces prix ne devraient pas se redresser avant 2025. Repères
2021 : une récolte agricole qui redonne de l'espoir Contrairement aux années précédentes, la récolte des céréales au titre de la campagne 2020/2021 s'annonce abondante : plus de 98 millions de quintaux sont prévus, selon les estimations du ministère de l'Agriculture, soit une hausse de 54,8% par rapport aux cinq dernières années. La production prévisionnelle des trois céréales principales au titre de la campagne 2020/21 est estimée à 98 millions de quintaux (Mqx), soit une hausse de 206 % par rapport à la campagne précédente, a annoncé le ministère de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts. Endettement : le Maroc à l'abri des sacrifices Plus de 13 milliards de dollars ont été contractés par le Maroc depuis le début de la pandémie auprès des organismes internationaux et des marchés financiers. Le but est de faire face à la récession et de financer les réformes sociales prévues dans les cinq années qui viennent. En dépit du taux d'endettement élevé (75%), le Maroc peut s'estimer à l'abri d'un ajustement structurel, selon Roberto Cardarelli, qui avait déclaré dans un séminaire organisé par OXFAM que le Maroc est en mesure de se permettre une politique budgétaire accommodante jusqu'à la reprise de la croissance.