Le dernier baromètre de Coface permet d'avoir un aperçu global sur les tendances en Afrique avec une évaluation du risque et de l'environnement des affaires. Cette évaluation économique est basée sur des données macroéconomiques, financières et politiques, mais prend aussi en compte l'expérience de paiement et l'environnement des affaires du pays. Explications avec Lionel PIQUER, CEO chez Coface Maghreb, West and Central Africa Pouvez-vous nous donner un aperçu aujourd'hui sur les tendances économiques en Afrique dans son ensemble ? La crise sanitaire du Covid-19 a fortement impacté l'économie mondiale, et spécifiquement l'économie africaine. Selon nos prévisions Coface, après un recul de 3,7% enregistré en 2020, la croissance économique de l'Afrique Subsaharienne devrait reprendre avec une hausse du PIB à 2,6% en 2021. Ceci reste un rebond timide comparé à une hausse moyenne du PIB à 4,3% au niveau mondial (paramètre Coface Q4 2020)). Par ailleurs, on observe de fortes disparités entre les pays selon leur dépendance au cours des matières premières, au secteur du tourisme et à la demande extérieure.En effet, les pays producteurs d'hydrocarbures comme le Nigéria et l'Algérie sont économiquement plus impactés par la crise de fait de la baisse mondiale de la demande de pétrole. Les pays dépendants du tourisme comme la Tunisie ou le Maroc ont également subi les conséquences de la fermeture des frontières et des mesures de confinement. Au final, selon notre baromètre, 15 pays en Afrique ont été déclassés en 2021 au niveau du Risque Pays soit le tiers du continent. Dans ce contexte de crise économique et de ralentissement des activités en Afrique, comment les entreprises peuvent-elles prévenir le risque d'impayés et rassurer leurs partenaires d'affaires ? Dans un contexte de crise sans précédent, il est indispensable de se poser les bonnes questions avant d'entamer des relations commerciales avec des clients : vers quel pays exporter ? Comment trouver des prospects solvables ? Quels outils pour mieux prévenir et limiter le risque d'impayés ? Les entreprises doivent donc faire preuve de prudence en disposant d'une information de qualité, exhaustive et régulièrement actualisée. L'information permet aux dirigeants de prendre des décisions optimales en évaluant et en anticipant les risques. Aussi, ceux qui souhaitent développer leur activité à l'export doivent disposer d'un panorama clair et précis de l'économie des marchés cibles ou des pays sur lesquels ils sont déjà actifs. Pour ce faire, l'information sur la solvabilité des entreprises est la matière première des évaluations que réalisent une banque, une société d'affacturage, ou d'assurance-crédit, pour analyser les risques qui pèsent sur leurs créances commerciales, et détecter d'éventuels incidents de paiement. L'information permet donc de mieux choisir ses futurs partenaires, clients ou fournisseurs, en fonction de leur solidité financière. Dans le contexte actuel, avec une croissance exponentielle des risques commerciaux, financiers et sanitaires, rassurer ses partenaires repose sur 3 grands piliers : avoir un bon comportement de paiement, optimiser sa gestion du poste clients et maintenir une communication de proximité avec ses partenaires. Quelles sont les perspectives de l'assurance sur le continent après l'entrée en vigueur de la ZLCAF ? L'entrée en vigueur de la ZLECAF apportera une nouvelle dynamique au continent africain à travers un marché unique pour les 54 pays membres. Dans un contexte économique fragilisé par la hausse des défaillances d'entreprises, la survenance de risques est élevée il est donc capital de mettre en place une stratégie de croissance en prenant en compte les risques économiques, politiques et sanitaires. A cet effet, l'assurance-crédit est un atout essentiel pour les entreprises africaines, pour se prémunir contre les risques d'impayés à l'échelle locale et panafricaine et ainsi développer leur activité en toute sécurité. Aussi, pour les entreprises en quête de nouveaux marchés, une appréciation réelle des risques commerciaux et une évaluation des entreprises sont des outils clés à intégrer dans leur développement. Pour soutenir les entreprises, Coface vient de prolonger le dispositif de réassurance « Cap Relais », jusqu'au 30 juin 2021 avec l'Etat français. Qu'en est-il pour les pays africains et plus précisément le Maroc ? R : En effet, dans un contexte sanitaire et économique difficile pour les entreprises, Coface rappelle sa mission fondamentale de soutien des échanges commerciaux et reste mobilisé aux côtés de l'Etat Français en prolongeant le dispositif de réassurance « Cap Relais ». Ce dispositif vise à soutenir et donner plus de flexibilité aux TPE, PME et ETI françaises sur le marché domestique. Au Maroc, il n'y a pas encore de dispositif similaire de partage du risque entre l'Etat et les assureurs-crédit, mais cela reste une piste de réflexion au niveau local pour aider les entreprises à poursuivre leurs échanges commerciaux dans un contexte de crise. Pouvez-vous nous parler de la Maison de la PME de La Société Générale? La Maison de la PME est une structure de la Société Générale qui répond aux problématiques de suivi et de financement des PME. Présente dans plusieurs pays d'Afrique, elle accompagne la croissance des entreprises à travers un suivi de la création à l'accès au financement. Etant partenaires de La Maison de la PME en Côte d'Ivoire et au Sénégal, nous avons pour ambition d'étendre notre partenariat également au Cameroun. Aux côtés de Coface, la Maison de la PME met à la disposition des entreprises des solutions de gestion du poste clients pour sécuriser leur développement aux niveaux local et international et prévenir leurs risques d'impayés (via des formations et des études économiques). Coface dans la dynamique de le ZLECAF Selon M. Lionel PIQUER, Coface couvre 14 pays Afrique et mobilise une équipe de plus de 200 experts sur le continent africain afin d'analyser, évaluer et suivre les risques macroéconomiques (pays et sectoriels) et de crédit (solvabilité des entreprises). En cohérence avec l'objectif d'accélération du business à l'échelle panafricaine de la ZLECAF, la mission de Coface est ainsi d'accompagner l'ambition de croissance des entreprises africaines. Et c'est à juste titre, si Lionel PIQUER, Attaché à Cécile PAILLARD, Directrice Générale de la Région Méditerranée et Afrique et membre du Comité Exécutif du Groupe Coface, aura pour mission principale de poursuivre et d'accélérer la transformation des entités de son périmètre géographique, en ligne avec le plan stratégique « Build to Lead » initié par le Groupe en 2020. Enfin, rappelons que Lionel PIQUER est Diplômé du CESB/CESA Management d'HEC Paris et de l'Ecole Supérieure de la Banque, Lionel PIQUER est également titulaire du Master Finance Audit (DEFC) de l'INTEC - CNAM. Il est basé à Casablanca, au Maroc.