Au fil des ans, les entreprises ont bien avancé dans la gestion de leurs risques. Néaumoins, une minorité d'entre elles incluent encore leurs créances-clients dans la gestion des risques. Après la crise financière, les assureurs-crédit ont investi davantage dans la recherche d'information financière. Active au Maroc depuis 8 ans, Coface Maroc a obtenu, au mois de décembre dernier, l'agrément d'assureur crédit pour intervenir directement auprès des entreprises marocaines. Le point avec Frédéric Louat.  Finances News Hebdo : Fraîchement nommé à la tête de Coface Maroc, quels sont les chantiers que vous jugez prioritaires en matière de gestion de risques dans un pays comme le Maroc ? Frédéric Louat :  Les entreprises marocaines ont beaucoup progressé ces dernières années dans la gestion de leurs risques. Elles sont aujourd'hui plus sensibilisées aux risques qui pèsent sur leurs actifs, et s'assurent de plus en plus même en dehors des assurances obligatoires. Au sein des plus grandes entreprises marocaines, la fonction de «Risk management» commence d'ailleurs à être plus largement reconnue et mieux valorisée. Paradoxalement, trop peu d'entreprises marocaines incluent encore leurs créances-clients dans la gestion de leurs risques. C'est d'autant plus frappant que celles-ci peuvent représenter jusqu'à 40 % des actifs totaux des entreprises. La gestion du poste-client est une activité aux multiples facettes (analyse du risque, gestion des créances, recouvrement ...), qui requiert une approche spécifique et professionnelle. Dans cette gestion, les entreprises peuvent s'appuyer sur l'expertise de Coface qui, au-delà de la protection, apporte son conseil dans la mise en oeuvre de bonnes pratiques de crédit management.  F.N.H. : La faillite des entreprises est un phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur ces dernières années sur le plan mondial, à cause de la crise financière. Comment parvenez-vous à être à jour dans la collecte de vos informations ? F. L. : La crise financière mondiale a renforcé l'attention portée aux créances douteuses et aux impayés. La demande d'information financière a été accrue, ce qui a donné l'occasion aux assureurs-crédit d'investir encore davantage dans la collecte et l'analyse de l'information financière. Ces investissements ont permis aux assureurs-crédit tels que Coface de faire face aux défis posés par la crise financière. Coface consolide depuis plus de 20 ans un réseau mondial de partenaire déployé sur 98 pays. Ce puissant réseau permet d'améliorer la précision de la souscription des risques et de rendre les activités de recouvrement de créances plus efficaces. La base de données Coface regroupe plus de 66 millions d'entreprises. Il est certain que ce rôle de leader mondial permet non seulement des économies d'échelle, mais aussi des partages d'expertise et de bonnes pratiques.  F.N.H. : Quelles sont les actions que déploie en général Coface pour prévenir les risques de non paiement dans des secteurs à forte sinistralité ? F. L. : La philosophie de Coface est d'apporter un fort conseil en matière de prévention des risques. Nous partageons avec nos clients nos analyses économiques et sectorielles, et leur fournissons également une assistance dans la sélection de leurs partenaires commerciaux. Dans chaque secteur, quel que soit son niveau général de sinistralité, il y a des partenaires commerciaux plus solides que d'autres. Nous aidons nos clients à les identifier. Ceci requiert une analyse pointue, au niveau de chaque entreprise, d'où l'intérêt de faire appel à des experts dont c'est le métier.  F.N.H. : Comment se positionne Coface sur le marché marocain ? F. L. : Coface est active au Maroc depuis huit ans. La décision a été prise de monter en puissance à la fois comme assureur-crédit pour ses clients marocains et comme «hub» régional pour son activité en Afrique de l'Ouest et Centrale. Une des étapes-clés a été l'obtention de l'agrément de Coface Maroc SA en décembre 2014 pour intervenir directement comme assureur-crédit auprès des entreprises marocaines. Nous sommes aujourd'hui le deuxième assureur-crédit au Maroc, mais notre ambition est de devenir le numéro un d'ici quelques années.  F.N.H. : A l'aune de la configuration mondiale et des nouveaux enjeux politiques et économiques, quels sont les nouveaux risques qui guettent désormais l'économie marocaine et comment comptez-vous y remédier ? F. L. : La vision de Coface sur le Maroc n'a pas fondamentalement changé depuis quelques années, comme en témoigne la stabilité du rating d'évaluation pays (A4) et du rating d'environnement des affaires (A4). Ceci ne veut pas dire qu'il n'existe pas de risques au Maroc. Les fragilités traditionnelles de l'économie marocaine n'ont pas disparu (diversification insuffisante des exportations, déséquilibres des comptes publics et des comptes extérieurs, ...), mais elles ont plutôt tendance à s'atténuer ces dernières années. De façon conjoncturelle, l'environnement international devrait d'ailleurs être plus favorable au Maroc, avec le niveau bas actuel du prix des hydrocarbures et la reprise qui semble se confirmer en Europe.  Dans ce contexte, nous pensons que Coface peut jouer un rôle encore plus important dans l'accompagnement du développement des entreprises marocaines, et notamment dans leur approche de leurs marchés export grâce à une meilleure maîtrise de leurs risques d'impayés. Â